La Russie aurait découvert un énorme gisement de pétrole en Antarctique, mais cette trouvaille fait craindre que Moscou n’ait des velléités plus ambitieuses contraires au traité de l’Antarctique qui stipule qu’aucun pays ne possède le territoire et désigne la région comme un continent consacré à la paix et à la science.
L’Antarctique– un continent d’une superficie de 14 millions de kilomètres carrés situé autour du pôle Sud et dont 98 % de sa surface sont recouverts d’une couche de glace d’une épaisseur moyenne de 1,6 km- est supposé être un bien commun de l’humanité. Mais la crainte est forte que la découverte d’un énorme gisement de pétrole dans ce désert de glace ne se transforme en une catastrophe climatique et un enjeu géopolitique majeur entre les grandes puissances.
Le plus grand gisement de pétrole au monde
En effet, après plusieurs années de recherches scientifiques effectuées par RosGeo, l’organisme public russe chargé des études géologiques, une méga-réserve estimée à environ 511 milliards de barils de pétrole a été découverte en Antarctique. Soit l’équivalent de 10 fois la production de la mer du Nord au cours des cinquante dernières années ou le double des réserves connues de l’Arabie saoudite, le géant mondial du secteur.
Un jackpot qui pourrait bouleverser les équilibres énergétiques mondiaux, qui fait déjà tourner les têtes du côté du Kremlin mais qui donne également des cauchemars aux principales chancelleries occidentales, notamment Londres, dont ces importantes réserves de pétrole se trouvent justement sur le territoire britannique du continent blanc.
Soupçons
Or, selon le magazine américain Newsweek, le gisement de pétrole n’a jamais eu de revendication territoriale en Antarctique, à l’instar des Etats-Unis et encore de la Chine. Or, la Russie a « progressivement renforcé sa présence dans la région ces dernières années, à travers diverses campagnes scientifiques, établissant cinq stations de recherche sur le territoire depuis 1957».
A Par conséquent, « les activités de la Russie dans la région doivent être examinées avec soin, afin de s’assurer qu’elles sont conformes aux normes internationales », assure un expert de l’Antarctique et professeur de géopolitique au Royal Holloway College du Royaume-Uni, cité par Newsweek. « On craint que la Russie ne collecte des données sismiques qui pourraient être interprétées comme de la prospection plutôt que comme de la recherche scientifique », a-t-il argué.
Il convient de rappeler à cet égard que la découverte en Antarctique trouve toute son ampleur à un moment critique où les prix du pétrole et du gaz en Europe restent élevés à cause des tensions géopolitiques. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a profondément modifié le paysage énergétique en Europe. Les pays occidentaux cherchent activement à réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Alors que cette dernière a réduit drastiquement ses approvisionnements en gaz vers l’Europe, provoquant des pénuries et une hausse des prix de l’énergie.
En effet, la Russie de Poutine étant en guerre contre l’Ukraine, pourrait être tentée de violer le Traité de l’Antarctique afin d’exploiter cette énorme réserve de pétrole et de relancer son économie. Ainsi, des experts occidentaux affirment que Moscou pourrait prospecter certaines parties de l’Antarctique à la recherche de pétrole et de gaz et effectuer des relevés du continent à des fins militaires.
A noter également qu’un tel pactole pourrait raviver les convoitises des uns et des autres et encourager également d’autres puissances à suivre l’exemple russe : déjà, la Chine, énorme consommatrice d’hydrocarbures, cherche également à se placer comme une nation majeure de l’Antarctique. Et ce, en annonçant ouvrir sa cinquième base scientifique sur le Continent blanc.
Un bien commun de l’humanité
Rappelons que depuis la signature à Washington du Traité sur l’Antarctique en 1959 par sept pays (en l’occurrence l’Argentine, Australie, Chili, France, Norvège, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni alors que les États-Unis et la Russie maintiennent une « base de revendication » ); le vaste Continent blanc est une terre intouchable excepté pour les scientifiques qui y effectuent de nombreuses recherches, notamment sur l’accélération du changement climatique ou encore sur de gigantesques volcans encore inconnus.
Cela-dit, les signataires reconnaissent « qu’il est de l’intérêt de l’humanité tout entière que l’Antarctique soit à jamais réservée aux seules activités pacifiques et ne devienne ni le théâtre, ni l’enjeu de différends internationaux ». De facto, au terme de ce Traité, toute exploitation pétrolière et minière est interdite. Et ce, pour préserver l’environnement unique de cette région. Mais pour combien de temps? D’abord, car ce fameux Traité arrivera à échéance en 2048. Ensuite, parce que les tensions géopolitiques risquent de le rendre caduc.