Le Maroc a décidé d’imposer des droits de douane sur les fours électriques importés de Turquie, suite à l’inondation du marché local et aux pertes subies par les producteurs locaux.
Le ministère de l’Industrie et du Commerce a pris cette décision, publiée avant mercredi 15 mai 2024 sur son site Internet. Des droits de douane antidumping temporaires de 34 % ont donc été imposés sur le produit turc « Itmat » et de 62 % sur les autres importations turques au Maroc.
Cette mesure fait suite à une plainte déposée par une entreprise marocaine représentant 100 % de la production locale. Laquelle dénonçait l’importation massive de fours électriques après l’activation de l’accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie. La plainte indique que les prix des fours électriques turcs sur le marché marocain sont inférieurs à ceux pratiqués en Turquie, causant un préjudice à la production locale.
Les coûts de fabrication élevés des produits marocains, dus aux droits de douane sur les composants importés, ont conduit l’entreprise marocaine à réduire ses jours de travail à trois par semaine et à diminuer son personnel. Une enquête du ministère a confirmé une augmentation des exportations turques de fours électriques, influençant négativement les prix des produits locaux et détériorant les indicateurs économiques et financiers de la production marocaine.
Avant l’accord de libre-échange, des droits de douane allant jusqu’à 82,5 % étaient imposés. Leur suppression a conduit à une augmentation des importations de 500 000 dollars à 12 millions de dollars l’année dernière. L’entreprise marocaine, qui exporte également vers les pays européens malgré des normes strictes, a constaté que les marges de dumping atteignent 34,05 % pour la société « Itmat » et 71,43 % pour les autres producteurs et exportateurs turcs. Les droits de douane de 62,07 % visent à limiter l’impact sur les consommateurs.
Bouazza El Kharati, président de la Ligue marocaine des droits des consommateurs, a confirmé que cette décision est conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, celles-ci permettent aux pays de protéger leur marché local contre le dumping. Il souligne la nécessité de développer des industries locales pour répondre à la demande intérieure à des prix compétitifs. Ce qui est particulièrement important en cas de perturbation des importations, comme observé lors de la crise sanitaire.
Les relations commerciales entre le Maroc et la Turquie, régies par un accord de libre-échange, ont été déséquilibrées selon les producteurs locaux, notamment dans le secteur textile, qui demandent depuis 2018 la mise en œuvre de mesures préventives. Ainsi, il y a cinq ans, le Maroc et la Turquie ont convenu de reconsidérer cet accord pour résoudre les points controversés. L’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, Hafid Elalamy, avait confirmé que les pertes commerciales avec la Turquie atteignaient deux milliards de dollars par an.