L’Italie aura la plus grande dette d’Europe dans trois ans seulement, selon un rapport de l’agence de notation Scope Ratings, qui souligne que Rome a besoin d’un plan pour redresser ses finances publiques.
La dette du pays en pourcentage du produit intérieur brut devrait dépasser celle de la Grèce dans ce laps de temps, a indiqué hier vendredi la société dans un rapport. La période précise est plus courte que celle prévue par le Fonds monétaire international, qui « voit » un tel résultat en 2028, note l’agence Bloomberg.
Les perspectives concernant le profil des finances publiques italiennes accentuent la pression sur la coalition gouvernementale de droite de la Première ministre, Giorgia Meloni, pour qu’elle prenne des mesures correctives. Le taux d’endettement a effectivement diminué bien plus que prévu l’année dernière, à 137,3%, mais cette tendance est désormais en train de s’inverser – une trajectoire reconnue dans les prévisions officielles.
« Le gouvernement italien doit concevoir et mettre en œuvre un plan crédible de consolidation budgétaire à moyen terme pour stabiliser la dette publique, compte tenu des défis liés aux coûts d’intérêt élevés, aux incitations fiscales excessives passées et aux retards dans les dépenses du Fonds de relance destiné à stimuler la croissance », note Eiko Sievert, analyste chez Scope Ratings.
L’agence estime que le pays aura besoin d’économies cumulées de 135 milliards d’euros au cours des cinq prochaines années pour équilibrer les recettes et les dépenses, avant les coûts d’intérêts. Ce calcul suppose une croissance annuelle moyenne de 1% et une inflation moyenne de 2%.
« Il sera essentiel de renforcer l’efficacité et la qualité des dépenses publiques, de renforcer la durabilité du système de retraite et d’améliorer la conformité fiscale », souligne Sievert.
Les investisseurs ont accordé à Meloni le bénéfice du doute, car l’écart entre les obligations italiennes et leurs homologues allemandes – un indicateur clé du risque dans la zone euro – était tombé au début de l’année 2024 à son plus bas niveau depuis deux ans.
Plus tôt cette semaine, l’ancien ministre italien des Finances, Pier Carlo Padoan, a été invité à expliquer le contexte favorable aux marchés. S’exprimant lors d’une table ronde organisée par l’American Enterprise Institute, basé à Washington, il a suggéré que cette question était « largement de nature politique ».
« Une chose doit être reconnue : le gouvernement actuel, qui est un gouvernement de centre-droit, est très stable », a-t-il déclaré. « La stabilité politique est quelque chose dont l’Italie ne jouit pas souvent ».
Lors du même événement, Charles Dallara, ancien directeur de l’Institut de finance internationale (IIF) et négociateur chevronné de la crise de la dette de la zone euro, a estimé que de telles conditions de marché ne pouvaient pas durer éternellement.
« Je pense qu’il est plutôt insensé de la part de pays de croire qu’ils peuvent continuer à enregistrer des déficits budgétaires assez importants et à accumuler d’importants ratios dette/PIB sans conséquences potentielles », a-t-il déclaré.