L’émission par la Cour Pénale Internationale (CPI) d’un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et des dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël pourrait provoquer des bouleversements géopolitiques profonds et complexes et à plusieurs niveaux.
Des tensions diplomatiques…
Les relations entre Israël et certains pays occidentaux, notamment les États-Unis et plusieurs pays européens, pourraient se tendre considérablement. Israël pourrait percevoir ces actions comme une atteinte à sa souveraineté et une démonstration de partialité contre son gouvernement.
Ces mandats pourraient renforcer les liens entre Israël et certains pays arabes qui considèrent le Hamas comme un ennemi commun. Toutefois, ils pourraient aussi susciter des critiques de la part d’autres nations qui voient Israël comme un oppresseur.
Des relations avec la CPI exacerbées
Israël pourrait intensifier ses critiques à l’encontre de la CPI, l’accusant de partialité et de politisation. Un refus de coopération de la part d’Israël est probable, compliquant ainsi la mise en œuvre des mandats d’arrêt.
De même, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par plusieurs pays, pourrait également refuser de coopérer avec la CPI, en accusant l’institution de manquer de légitimité.
Et la stabilité régionale?
Les mandats d’arrêt pourraient exacerber les tensions dans le conflit israélo-palestinien. Les partisans des deux camps pourraient voir ces mandats comme une validation de leurs griefs respectifs. Ce qui pourrait conduire à une intensification des violences.
Les efforts de paix seraient probablement compliqués, les dirigeants concernés étant susceptibles de refuser de participer aux négociations de peur d’être arrêtés.
En Israël, l’opinion publique pourrait se rallier autour de Netanyahu, le percevant comme une victime d’une justice internationale biaisée.
Cependant, les mandats pourraient renforcer le soutien au Hamas parmi ceux qui voient l’organisation comme un défenseur contre l’occupation israélienne.
Pour autant, la décision de la CPI pourrait être vue comme une affirmation du principe de la responsabilité internationale pour les crimes graves, renforçant ainsi les normes internationales contre l’impunité.
Toutefois, la CPI pourrait faire face à des critiques significatives, l’accusant de partialité ou de cibler injustement certains pays ou groupes. Cela pourrait affaiblir la perception de son impartialité et de son efficacité.
Si la communauté internationale soutient les mandats d’arrêt et coopère avec la CPI, cela pourrait renforcer la crédibilité et l’autorité de la cour.
En revanche, un manque de coopération et des critiques généralisées pourraient affaiblir la CPI, remettant en question son rôle dans la justice internationale.
En somme, les répercussions les plus significatives sur les relations internationales, la stabilité régionale, l’opinion publique, et les normes de la justice internationale, se traduiraient par une intensification des tensions existantes et compliquer les efforts de paix, tout en mettant à l’épreuve la crédibilité et l’efficacité de la CPI.
La presse internationale : un pas vers la justice internationale, mais…
Au Royaume-Uni
* The Guardian : Le journal a salué la décision de la CPI comme un pas nécessaire vers la justice et la responsabilité pour les atrocités présumées commises. Il a mis en avant l’importance de l’impartialité de la CPI et son rôle dans la protection des droits de l’Homme, indépendamment des pressions politiques.
* The Times : Bien que reconnaissant la gravité des accusations, ce journal a exprimé des préoccupations concernant l’impact de cette décision sur le processus de paix israélo-palestinien. Il a souligné que cela pourrait compliquer davantage les efforts diplomatiques en cours.
En France :
* Le Monde : Le journal a présenté une analyse équilibrée, détaillant les accusations portées contre les deux parties. Il a souligné l’importance de la CPI dans la lutte contre l’impunité, mais a également noté les critiques formulées par Israël concernant la partialité présumée de la Cour.
* Le Figaro : Ce journal a davantage mis en avant les réactions politiques en Israël, soulignant les dénonciations par les autorités israéliennes de ce qu’elles considèrent comme une attaque injuste contre leur souveraineté et un biais anti-israélien.
Aux USA :
* The New York Times :
Il a fourni une couverture approfondie, explorant les aspects juridiques des accusations et le contexte historique du conflit israélo-palestinien. Il a également abordé les réactions internationales, y compris le soutien de certaines ONG et la critique de certains gouvernements occidentaux.
* The Washington Post :
L’accent a été mis sur les implications politiques de la décision de la CPI, en particulier en ce qui concerne les relations américano-israéliennes. Le journal a noté que cette décision pourrait renforcer les tensions entre Washington et la CPI, étant donné le soutien historique des États-Unis à Israël.
Au Moyen-Orient
* Al Jazeera :
Elle a largement couvert les réactions dans le monde arabe, où la décision a été largement accueillie comme une victoire pour la justice et une reconnaissance des souffrances des Palestiniens. Le journal a également donné la parole aux victimes et aux défenseurs des droits de l’Homme qui ont salué cette initiative.
* Haaretz :
Ce journal israélien a critiqué la décision de la CPI, la qualifiant d’injuste et politiquement motivée. Il a mis en avant les arguments du gouvernement israélien et des experts juridiques israéliens qui contestent la compétence de la CPI dans cette affaire.
Globalement, les réactions de la presse internationale à l’émission du mandat d’arrêt par la CPI reflètent une diversité d’opinions qui mettent en lumière les complexités juridiques, politiques et éthiques de cette décision.
Tandis que certains médias voient cette action comme un pas vers la justice internationale, d’autres s’inquiètent de ses implications pour la paix et la stabilité dans la région.
La polarisation des réactions souligne également les tensions persistantes et les défis auxquels est confrontée la communauté internationale dans la gestion des conflits prolongés et des violations des droits de l’homme.
Economie internationale : tensions sur les marchés…
L’initiative de la CPI pourrait exacerber les tensions au Moyen-Orient, une région déjà marquée par des conflits prolongés. Une instabilité accrue pourrait perturber les flux commerciaux, en particulier ceux liés aux ressources énergétiques, comme le pétrole et le gaz naturel. Cela pourrait entraîner une volatilité accrue des prix de l’énergie, affectant ainsi les marchés mondiaux.
Des réactions diplomatiques fortes
- Israël pourrait renforcer ses alliances avec certains pays tout en en détériorant ses relations avec d’autres.
- Des sanctions ou des mesures de rétorsion économique, en particulier si elles sont imposées par des blocs économiques majeurs, pourraient affecter le commerce international et les investissements dans la région.
Les Marchés Financiers
Ils réagissent souvent rapidement aux développements géopolitiques majeurs.
L’annonce de mandats d’arrêt pour des personnalités politiques de haut niveau pourrait entraîner une volatilité accrue sur les marchés boursiers, en particulier dans les secteurs exposés aux risques géopolitiques, comme l’énergie et la défense.
Au niveau des Investissements Directs Étrangers (IDE), les incertitudes politiques et juridiques pourraient dissuader les investissements directs étrangers en Israël et dans les territoires palestiniens. Les investisseurs pourraient chercher des environnements plus stables, redirigeant ainsi les flux de capitaux vers d’autres régions moins risquées.
Le Secteur de l’Énergie
* Prix du Pétrole et du Gaz, toute instabilité supplémentaire au Moyen-Orient pourrait affecter la production et l’exportation de pétrole et de gaz naturel.
* Les craintes de perturbations dans les approvisionnements énergétiques pourraient faire monter les prix, impactant ainsi les économies dépendantes des importations d’énergie et augmentant les coûts de production dans divers secteurs.
Commerce et Logistique
* La sécurité des routes commerciales dans et autour du Moyen-Orient pourrait être compromise.
* Le transport maritime, en particulier par le canal de Suez, pourrait être affecté par des tensions accrues, entraînant des retards et des coûts supplémentaires pour le commerce international.
Les Réactions des Entreprises Multinationales et mouvements des capitaux directs
Les entreprises multinationales opérant en Israël et dans les territoires palestiniens pourraient réévaluer leurs risques opérationnels. Cela pourrait conduire à des décisions de désinvestissement ou à la suspension de projets en cours, affectant ainsi l’économie locale et régionale.
Le biais de l’instabilité géopolitique accrue et de la volatilité des marchés financiers inclue une augmentation des prix de l’énergie, des perturbations des routes commerciales, une réduction des investissements directs étrangers, et une réévaluation des risques par les entreprises multinationales. La situation nécessitera une surveillance étroite et des mesures d’atténuation de la part des acteurs économiques et des gouvernements pour minimiser les impacts négatifs sur l’économie mondiale.
Répercussions mitigées sur l’économie tunisienne
La Tunisie n’a pas de relations diplomatiques officielles avec Israël, et cette décision pourrait renforcer cette position. La condamnation par la CPI pourrait solidifier le soutien populaire en Tunisie contre Israël et augmenter la pression pour adopter des positions plus fermes sur la scène internationale.
Au niveau des Pays arabes, la Tunisie pourrait renforcer ses liens avec d’autres pays arabes et musulmans qui soutiennent la cause palestinienne. Ce qui pourrait entraîner une augmentation de la coopération économique et des investissements provenant de ces pays.
La décision de la CPI pourrait générer des manifestations et des mouvements de solidarité en Tunisie. Ce qui pourrait influencer la stabilité politique interne, avec des impacts potentiels sur l’économie en termes de perturbations possibles des activités économiques.
Sur le plan du Commerce et Investissement avec l’Occident
Les relations commerciales avec les pays occidentaux, notamment les États-Unis et les pays de l’Union européenne, pourraient être affectées en fonction de leur réaction à la décision de la CPI. Si ces pays occidentaux prennent des mesures en réponse à la décision, cela pourrait influencer les flux commerciaux et d’investissement.
* Les incertitudes politiques et les tensions accrues pourraient décourager les investisseurs étrangers, particulièrement ceux venant de pays occidentaux.
* À l’inverse, la solidarité renforcée avec certains pays arabes pourrait potentiellement compenser ces pertes par des investissements accrus de ces pays.
Sur le plan du Secteur Touristique
Les tensions accrues dans la région pourraient dissuader les touristes de visiter la Tunisie, affectant un secteur crucial de l’économie tunisienne. Une perception d’instabilité pourrait réduire le nombre de visiteurs et les revenus touristiques.
Sur le plan des Marchés Financier
Les incertitudes politiques et les tensions accrues pourraient entraîner une volatilité sur les marchés financiers tunisiens. Les investisseurs locaux et étrangers pourraient adopter une approche plus prudente, impactant les valeurs des actions et des obligations.
En définitive, les impacts potentiels prévisibles incluent des changements dans les relations diplomatiques, des perturbations économiques dues à l’instabilité politique, des variations dans les flux commerciaux et d’investissement, ainsi que des effets sur le secteur touristique et les marchés financiers.
La réaction globale à cette décision, tant au niveau national qu’international, déterminera en grande partie l’ampleur de ces impacts.
* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)