La deuxième phase du projet « BIODEV2030 Tunisie » a été lancée jeudi 23 mai 2024, à Tunis. Cette phase sera axée sur la « mise en œuvre de l’accord de Kunming-Montréal en favorisant des changements de pratiques productives conciliant biodiversité et développement ». Elle se mettra en place jusqu’à fin 2026.
La Tunisie fait partie des 16 pays pilotes ciblés par ce projet, dont la première phase a été lancée en 2020. La phase II de BIODEV2030 ambitionne de contribuer à la mise en œuvre de l’accord de Kunming-Montréal dans 15 pays (à l’exception du Burkina Faso), y compris la Tunisie, en favorisant des changements de pratiques productives réconciliant biodiversité et développement.
« Cette phase II engagera les acteurs à s’accorder sur les instruments de politiques publiques sectorielles à adopter pour préserver la biodiversité, mais aussi sur les pratiques productives et approches transformatrices à mettre en place à l’échelle d’un territoire pilote, pour contribuer à la mise en œuvre de l’accord de Kunming-Montréal », indique le WWF-Afrique du Nord.
À l’échelle des territoires identifiés, les parties prenantes vont développer un ensemble de projets de transition vers des pratiques « nature-positive », voire des solutions fondées sur la nature, qui seront présentées à des financeurs potentiels.
Une panoplie d’actions
D’autres actions prévues dans le cadre de BIODEV2030 visent à accompagner la réforme des instruments de politiques publiques sectorielles pour favoriser le changement. Il s’agit également d’accompagner, au niveau de territoires pilotes, les acteurs à définir les changements de pratiques nécessaires et des projets associés, et au niveau international, de développer les capacités des acteurs en matière de financement des projets de biodiversité.
Durant la première phase, qui s’est étalée sur la période 2020-2022, le projet a débouché en Tunisie sur trois engagements volontaires pour la préservation de la biodiversité. A savoir : le secteur du conditionnement de l’eau; le secteur cimentier; et le secteur bancaire. Et ce, à travers la signature d’une charte et de conventions, le 29 novembre 2022, avec le Fonds mondial pour la nature (WWF) Afrique du Nord, l’acteur chargé de la mise en œuvre du projet.
Il s’agit de la première initiative impliquant directement le secteur économique privé dans des démarches de préservation de la biodiversité et du patrimoine naturel.
En effet, le secteur bancaire s’est engagé à intégrer des critères environnementaux en faveur de la biodiversité dans les décisions d’investissement et d’évaluation des risques.
Partenariat stratégique
Le plus récent engagement est un partenariat stratégique signé mercredi 22 mai 2024 entre une banque privée de la place et le WWF. Et ce, dans l’objectif de protéger l’environnement, de lutter contre le changement climatique et de préserver la biodiversité.
Pour le secteur cimentier (la Tunisie compte six cimenteries), perçu comme un secteur pollueur, l’engagement a pris la forme d’une promesse de développement et de diffusion des connaissances sur la biodiversité au niveau des zones d’exploitation; ainsi que de la restauration des écosystèmes et des paysages après l’exploitation des carrières.
Pour le secteur hydraulique, l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH) et la Chambre des producteurs des eaux conditionnées s’engagent à mettre en place des politiques de protection des sites naturels abritant des sources, avec la définition des périmètres de protection immédiats, rapprochés et éloignés autour des sources d’eau.
Zoom sur le projet
BIODEV2030 est un projet financé par l’Agence française de développement, coordonné par Expertise France et mis en œuvre en Tunisie par le WWF.
Le nouveau Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal est en effet un programme d’action pour la nature à l’échelle internationale qui succède aux objectifs d’Aichi de la décennie 2010. Il a été adopté lors de la 15ème réunion des parties à la Convention sur la diversité biologique en décembre 2022 (COP 15).
Il comporte quatre objectifs globaux à l’horizon 2050 axés sur la santé des écosystèmes et des espèces et vise essentiellement à mettre fin à l’extinction d’origine anthropique des espèces, à l’utilisation durable de la biodiversité, au partage équitable des avantages, ainsi qu’au financement.
Ce cadre prévoit également la conservation de 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés, la réduction de moitié de l’introduction d’espèces envahissantes, et la réduction des subventions préjudiciables à hauteur de 500 milliards de dollars par an.
Avec TAP