Israël a menacé de révoquer une dérogation pour le maintien de liens avec des institutions financières en Cisjordanie.
Les responsables occidentaux ont mis en garde contre une « catastrophe économique » en Cisjordanie occupée si Israël ne renouvelle pas une dérogation bancaire vitale pour l’Autorité palestinienne (AP), rapporte le Financial Times (FT).
La dérogation, sur laquelle les banques israéliennes s’appuient pour maintenir leurs relations avec leurs homologues palestiniennes, expirera le 1er juillet. Elle autorise le paiement de services vitaux et de salaires liés à l’Autorité palestinienne et facilite l’importation de nourriture, d’eau et d’électricité dans les territoires occupés.
Trois responsables occidentaux ont déclaré au FT que sans cette dérogation, les banques israéliennes cesseraient de traiter avec les institutions financières palestiniennes. Ce qui entraverait gravement la capacité de l’Autorité palestinienne à fonctionner et paralyserait l’activité économique en Cisjordanie occupée, ont-ils affirmé.
Ne pas renouveler la dérogation « serait au détriment non seulement des intérêts palestiniens mais aussi de la sécurité et de la stabilité d’Israël et de la région », a déclaré un responsable américain anonyme.
« Ce que nous voulons dire… c’est qu’il ne faut pas menacer l’accès des gens à la nourriture, à l’électricité et à l’eau à un moment comme celui-ci, en particulier en Cisjordanie », a ajouté cette personne.
La plupart des transactions en Palestine utilisent le shekel israélien. Tandis que les institutions financières de l’enclave sont censées utiliser la Banque d’Israël et les banques de l’État hébreu pour accéder à cette monnaie.
Selon les données du gouvernement américain, citées par FT, près de 8 milliards de dollars de commerce entre Israël et la Cisjordanie transitent chaque année par ces canaux. Cela comprend 2,3 milliards de dollars de paiements pour la nourriture, 540 millions de dollars pour l’électricité et 145 millions de dollars pour les services d’eau et d’égouts.
La dérogation a été renouvelée chaque année en raison d’un accord conclu en 2016, lorsque les responsables du Trésor américain ont commencé à envoyer une lettre annuelle à Israël avec l’assurance que les banques israéliennes ne seraient pas la cible d’allégations de financement du terrorisme concernant leurs relations avec des entités palestiniennes.
Cette année, cependant, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a prolongé de trois mois la dérogation de l’année précédente, qui a expiré le 1er avril.
M. Smotrich a déclaré qu’il ordonnerait l’annulation de la dérogation accordée aux banques israéliennes si l’Autorité palestinienne était reconnue en tant qu’État par le Conseil de sécurité de l’ONU, ou si la Cour pénale internationale (CPI) émettait des mandats d’arrêt contre des dirigeants ou des soldats israéliens.
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A cet égard, cette semaine, le procureur de la CPI a demandé des mandats d’arrêt contre les dirigeants israéliens et du Hamas, notamment le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.
Le renouvellement de la dérogation est « un jeu purement politique, mais ils essaient de le camoufler sous un vernis d’inquiétude concernant les flux financiers terroristes et la promotion de flux financiers vers le Hamas », a déclaré l’un des responsables occidentaux.