Selon le quotidien italien La Repubblica, Washington s’inquiète des activités militaires russes en Tunisie. Et ce, en se basant sur le renseignement américain qui aurait repéré des mouvements d’avions militaires russes sur le sol tunisien. Explications.
La Tunisie, traditionnellement arrimée au camp occidental, a-t-elle changé de camp ? Faut-il prendre au sérieux les rumeurs qui bruissent dans les chancelleries occidentales suite aux « informations » relayées par le quotidien italien La Repubblica, selon lesquelles le groupe Wagner aurait été impliqué dans la question des migrants irréguliers en Tunisie. De plus, des mouvements suspects d’avions militaires russes auraient été enregistrés à l’aéroport de Djerba. A savoir un haut lieu de tourisme, mais qui revêt également une importance stratégique en raison de sa proximité aussi bien avec la Libye qu’avec le détroit de Sicile, un passage clé entre la Méditerranée occidentale et orientale?
Préoccupations américaines, déni russe
Si pour le moment la Tunisie est restée muette sur la question, par contre, l’administration américaine, par la voix du représentant du département de l’État, s’est dite « préoccupée » par « les activités de Wagner; ainsi que par celles soutenues par la Russie sur le continent africain. Lesquelles alimentent les conflits et favorisent la migration irrégulière, y compris vers la Tunisie ».
La Repubblica a par ailleurs affirmé avoir interrogé le département d’État au sujet de ces vols. « L’administration américaine a demandé au gouvernement tunisien des explications au sujet de rotations régulières d’appareils russes sur l’île tunisienne », affirme le média transalpin.
Pour sa part, l’ambassade de la Russie en Libye a démenti cette information, qualifiant l’article de La Repubblica de « fantasme » et « de tissu de mensonges ».
« Voici maintenant que La Repubblica clairement déterminée à suivre la tâche de créer et de publier des histoires d’horreur sur Wagner, effraie le lecteur avec l’idée d’avions de combat russes à l’aéroport de l’île touristique de Djerba, dans la Tunisie voisine », lit-on dans un communiqué relayé le 20 mai 2024 par l’ambassade de la Russie en Libye.
Mais de quoi s’agit-il au juste?
Dans un article mis en ligne le 19 mai sur le site internet par le grand quotidien italien La Repubblica et intitulé : « Avions militaires russes en Tunisie, les États-Unis alertent : « Moscou se déploie », le correspondant du quotidien à New York affirme que le renseignement américain avait repéré des mouvements d’avions militaires russes sur le sol tunisien.
« Si la nature de cette présence militaire russe en Tunisie n’est pas encore identifiée, les visées de Moscou dans la région sont connues. Elles sont vues comme une menace par le département d’État américain », rapporte le correspondant du quotidien italien.
« Nous demeurons préoccupés par les activités de Wagner et celles soutenues par la Russie sur le continent africain, qui alimentent les conflits et favorisent l’immigration irrégulière, y compris vers la Tunisie », affirme le département d’État américain.
Ainsi, « Washington s’inquiète des activités militaires russes en Tunisie : ces derniers temps, des avions russes auraient ainsi été aperçus à l’aéroport de la petite île de Djerba, proche de la frontière libyenne », affirme la même source relayée par La Repubblica.
Rome redoute le pire
Or, « cet état de fait est aussi de nature à alerter l’Italie, alors que la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, s’est personnellement investie pour renforcer les liens avec la Tunisie et éviter tout risque lié à l’immigration clandestine. Rome avait par ailleurs pesé de tout son poids pour tenter de convaincre le Fonds monétaire international (FMI) d’accorder un prêt de 1,9 milliard de dollars à la Tunisie, empêtrée dans une crise financière. Un prêt qui n’a cependant pas encore été entériné par le conseil d’administration du FMI », écrit le site en ligne.
Et de conclure : « La crainte, c’est que la Tunisie ait changé de camp en s’ouvrant à Poutine. Ou alors elle fait pression sur l’Occident en laissant entendre qu’elle est prêt à rejoindre le Sud global, cette nouvelle coalition que la Russie et la Chine cherchent à créer pour pervertir le système mondial et ébranler le leadership américain », écrit La Repubblica.
Manipulation?
Au final, quel crédit accorder aux « révélations » du grand quotidien italien? Lors de sa visite officielle à la Maison Blanche le 1er mars dernier, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni qui avait évoqué une éventuelle présence russe en Tunisie, aura tenté de convaincre Joe Biden que si le FMI ne se montrait pas plus accommodant avec la Tunisie, celle-ci risquait de passer sous influence russe. Depuis, les services de renseignement italiens s’efforceraient d’obtenir confirmation de ces supposées rotations d’appareils russes à Djerba, devenus, dans certaines versions, des appareils du groupe Wagner. Une manière sournoise de biaiser ces « révélations »?