Le président de la République vient de recevoir une invitation de son homologue chinois pour participer au forum sur la coopération entre la Chine et les pays africains qui se tiendra en septembre prochain. Mais aussi, auparavant, une invitation pour une visite du 28 mai au 1er juin. Ce serait l’occasion pour Kaïs Saïed de rencontrer une deuxième et troisième fois en deux ans le Président de la seconde puissance économique mondiale. Nous savons que la Chine et la Russie œuvrent à créer une nouvelle coalition mondiale appelée « Le Sud Global » pour faire émerger un nouvel équilibre du monde. Qu’en penserait la Tunisie? Rappelons à l’occasion que notre pays a été « choisi » par les USA comme allié stratégique non membre de l’OTAN. Y a t-il contradiction? Certainement pas!
Nous savons que la Tunisie est officiellement pour un monde multipolaire. Ce qui est l’objectif principal de l’alliance actuelle russo-chinoise, pour contrebalancer le poids militaire et économique de la première puissance mondiale les USA. Beaucoup de pays, alliés des USA et des pays européens, ont depuis un certain temps, commencé à réajuster leurs politiques étrangères dans ce sens, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Et ce, en s’approchant davantage de la Chine et de la Russie.
Pour un monde multipolaire
Cela s’est révélé clairement au début de la guerre d’Ukraine, lorsque le Royaume saoudite avait refusé la demande de J. Biden, le Président américain d’ augmenter sa production de pétrole pour faire baisser le prix du baril, au même moment où l’Occident décrétait un embargo total sur la Russie notamment sur son pétrole, (mais pas sur son gaz qui fournit toujours, toute l’Europe en particulier l’Allemagne, en énergie).
L’embargo, comme nous le savons, a été un lamentable fiasco, puisque la Chine et l’Inde (pourtant allié des USA) ont acheté le pétrole russe. Les pays arabes qui ont osé pour la seconde fois dans l’histoire, après l’embargo décrété cette fois-ci par les pays arabes, après la guerre contre Israël en 1973, ont donc eu raison. Car les intérêts nationaux de leurs pays successifs entraient en contradiction avec leurs alliances militaires. L’Arabie saoudite est allée même jusqu’à normaliser ses relations avec l’Iran, sous la houlette de la Chine, et aussi avec la Syrie. Ces deux pays étant considérés par Washington comme faisant partie de « l’axe du mal ». C’est la preuve que le monde bouge et qu’il bougera davantage avec la défaite militaire occidentale dans seulement quelques mois en Ukraine au cœur de l’Europe.
Mais c’est en Afrique que le centre de gravité de la confrontation Occident/ Russie-Chine va se déplacer et atteindra nos frontières sud, et peut être ouest. Déjà, le Mali, le Niger, le Burkina-Faso et le Tchad ont sommé les forces militaires françaises et ensuite américaines de quitter leurs territoires. Qui aurait osé imaginer cela, il y a seulement quelques années? Et la puissante Amérique, précédée par la France ont obtempéré sans trop tergiverser. La défaite militaire d’Israël, face à la résistance palestinienne et le génocide perpétré par l’État sioniste soutenu militairement et financièrement par les USA et leurs alliés vont encore accélérer cette défaite historique sur tous les plans, du monde occidental. Pour cela, la Tunisie doit renégocier ses choix même avec ses alliés historiques, car son intérêt national l’y oblige; loin des idéologies, avec prudence et modération. Car de par notre histoire et notre position géographique, nous occupons une position stratégique, au cœur de la Méditerranée et comme portail de l’Europe pour l’Afrique et vice-versa. Une véritable diplomatie agressive pourra remettre les pendules à l’heure.
Dans l’œil du cyclone?
Nous savons que depuis 2011 notre pays avait servi comme « souris de laboratoire » aux pays occidentaux pour asseoir totalement leur hégémonie sur un pays qui a payé le prix du sang dans sa lutte contre le colonialisme et pour asseoir son indépendance et sa souveraineté. Tout en optant pour une alliance durable avec les USA et l’Europe et ceci sur le plan militaire et surtout économique. Notre modèle de société fût bâti selon les valeurs de la modernité et notamment concernant l’émancipation de la femme, modèle dont tous les Tunisiens sont fiers.
L’instauration d’une « démocratie » où les islamistes ont été imposés au pouvoir servait surtout les intérêts de l’Occident. Car, après nous avoir noyé avec des prêts dont on sait maintenant qui en a réellement profité, ils nous ont soudainement coupé les vannes, en soufflant au FMI de nous pousser vers une banqueroute certaine. Dieu merci, notre tourisme, notre agriculture et nos citoyens à l’étranger ont pu jusqu’à maintenant nous éviter cette catastrophe. Il y a aussi l’élimination de l’islam politique qui a été la cause principale de cette descente aux enfers économique, pendant une décennie.
Depuis le tournant du 25 juillet 2021, responsables américains et européens ne cessent de nous faire du chantage : si vous voulez des prêts, laissez les islamistes revenir au pouvoir! Excepté, il faut le dire, l’Italie notre voisine. L’UE qui nous a promis monts et merveilles à condition de garder ses frontières contre la déferlante de l’immigration subsaharienne, dont l’Europe particulièrement est responsable de l’aggravation de la misère dans leurs pays, se déclare aux abonnés absents quant il s’agit de débourser ce qu’elle a promis. Et ce n’est pas grand chose, vu ce qu’elle nous demande.
Les médias et les ONG européens dits des droits de l’Homme tirent à boulets rouges sur notre police, pour « violations » des droits des « immigrés ». Ces mêmes immigrés que les pays européens refusent d’accueillir et qui sont traités comme des « criminels » quand ils forcent leurs frontières! Rappelons que ces mêmes médias et ces ONG sont payés par les contribuables européens pour jouer ce rôle.
Ils veulent aussi détourner l’opinion publique sur ce qui se passe à Gaza avec la complicité de leurs États. En suivant les informations sur les chaînes européennes sur ce qui se passe dans la guerre palestino-israélienne, et la guerre en Ukraine, nous réalisons l’étendue du grand mensonge occidental sur les droits de l’Homme, la liberté et la démocratie.
Une chaîne française d’information continue, LCI pour ne pas la nommer, vient de consacrer une émission, à la Tunisie en lançant une information dont la seule source est un journal italien, La Répubblica. Lequel prétend, que des avions militaires russes transportant des membres de l’Africa Corp (Les Wagner) ont transité par Djerba, pour aller au Tchad. Nos ambassades en France et en Italie ont démenti formellement cette info. Idem pour l’ambassade russe en Libye. Mais quand bien même cette information s’avère fondée, nous sommes un pays indépendant et souverain.
Rappelons à ces Messieurs que la Tunisie avait établi avec l’URSS des relations diplomatique depuis le 11 juillet 1956, en pleine guerre froide et a reconnu la Fédération de Russie le 25 décembre 1991 avec laquelle nous avons eu d’excellents rapports sous Bourguiba, Ben Ali et durant la supposé « transition démocratique ». Et nous continuons de plus belle maintenant, parce que la Russie a multiplié par quatre ses exportations de blé vers notre pays en 2023 et par trois son exportation d’énergie, surtout depuis la guerre d’Ukraine. Sachant que notre pays avait condamné l’attaque russe aux Nations unies. Ceci au moment où le pays était confronté à une grave crise financière et économique. Pourquoi devrions-nous boycotter ce pays comme le veulent les coalisés contre la Russie en Ukraine. Est-ce que les Allemands ont cessé d’importer le gaz russe? Cette guerre n’est pas la nôtre, contrairement à celle qui se déroule à Gaza.
Les médias français s’acharnent contre la Tunisie
Le journal français Le Monde, proche du quai d’Orsay, multiplie les attaques, à travers des articles peu flatteurs pour notre pays. Le dernier reproche cible même le voyage de Kaïs Saïed en Iran, pour présenter ses condoléances, après la mort de son président dans un accident d’avion. Pour l’auteur de l’article qui s’intitule, « La tentation iranienne », ce voyage a une signification politique qui prouve que notre pays est en cours de sceller une alliance avec ce pays. L’auteur, rappelons le, est un ancien correspondant du Monde à Tunis et actuel patron d’un service de ce journal. Pour corroborer, sa thèse, il cherche ses preuves dans les secrets d’alcôve. Ce qu’il ne sait pas c’est que la Tunisie entretien des bonnes relations avec ce pays et que feu le Président Ben Ali avait même défendu publiquement le droit de cet État de créer son complexe nucléaire à but non militaire.
Rappelons également au Monde que c’est la France qui avait fourni à l’Iran sa première usine nucléaire, ainsi d’ailleurs qu’à Saddam Hussein. Il est vrai aussi qu’elle a aidé Israël à se munir de l’arme nucléaire. L’auteur invente même une information inédite que Kaïs Saïed a été formé à l’école du Nationalisme Arabe (sic!). Ce qu’il ne sait pas c’est que KS avant 2011 n’était affilié à aucun courant idéologique ou politique. Ce qu’il ne sait pas encore c’est qu’un nationaliste arabe ne peut en aucune manière soutenir ou avoir des relations avec l’ennemi « farsi », persan.
Sans défendre KS, il a ses farouches défenseurs dont nous ne faisons pas partie, nous trouvons que la méthode utilisée par les médias français consistant à diaboliser et invoquer les droits de l’homme et la liberté d’expression, à tout bout de champ, pour servir des desseins politiques inavoués ne sert en rien les intérêts du peuple tunisien, ni encore moins l’amitié tuniso-française dont nous sommes des défenseurs acharnés. Un proverbe arabe dit : « Ce n’est pas comme cela qu’on peut faire avancer les dromadaires! » Déjà que selon certains sondage la côte de popularité de la France et des USA a chuté de 30 % ces derniers mois! Certains médias français servent d’autres causes que celles de leur pays. On sait lesquelles!
Mais c’est l’émission de Pujadas sur LCI qui remporte la palme d’or des insultes et contre vérités à l’égard de notre pays, surtout venant de pseudo-chroniqueurs qui s’affabulent de titres militaires et autres experts. Nous ne comprenons pas toujours pourquoi le communiqué de notre ambassade en France s’est contenté de traiter la seule information sur l’avion qui aurait transité par Djerba. Nos services ont-t-ils vu toute l’émission? Il y a de quoi descendre ces pseudos journalistes en flamme. Mais bon!!! Ce n’est pas notre propos dans cette article.
Ce que les amis occidentaux ne comprennent pas, c’est que les Tunisiens sont des patriotes et ne peuvent quelles que soient les conditions acceptées que leur pays soit malmené par quelques énergumènes se présentant comme analystes politiques. Feu Michel Deuré correspondant du Monde avait passé trente ans en Tunisie et vérifiait ses informations à la source chez les décideurs et il n’était pas tendre avec Bourguiba et Ben Ali. Mais il était extrêmement respecté et surtout lu. Le Monde était une référence aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition. Mais Le Monde n’est plus ce qu’il était et les médias français touchent le bas avec la guerre d’Ukraine et celle de Gaza. Des outils de basse propagande! Dommage pour la France!