Reconnu coupable, hier jeudi 30 mai, des 34 chefs d’accusation à son procès pénal à New York, l’ancien président américain Donald Trump- candidat républicain à la présidentielle contre le démocrate Joe Biden- a été jugé coupable à l’unanimité par 12 jurés dans un tribunal de Manhattan. Et ce, pour des paiements dissimulés à une star de films porno. La peine sera prononcée le 11 juillet prochain.
C’est un séisme politique aux Etats-Unis : jusqu’à présent, aucun président des Etats-Unis n’avait été reconnu coupable de crime. En effet, en pleine course à la Maison Blanche, douze jurés ont rendu leur verdict à l’unanimité, hier jeudi après-midi, dans un tribunal de Manhattan, après deux jours de délibération : Donald Trump est coupable des 34 actes d’accusation formulés contre lui.
Cette reconnaissance de culpabilité sera suivie d’une condamnation le 11 juillet, trois jours avant l’ouverture de la convention républicaine qui devrait l’officialiser comme candidat à la présidentielle.
Un verdict historique
Toutefois, ce verdict historique, sans précédent dans la brève histoire des Etats-Unis, dont les conséquences politiques sont incertaines, n’empêchera pas le magnat de l’immobilier d’être candidat à la présidentielle du 5 novembre. Et ce, même au cas où il se retrouverait derrière les barreaux suite à une condamnation à une peine privative de liberté.
En effet, le candidat républicain encourt en théorie jusqu’à quatre ans de prison ferme. Mais, vu que son casier judiciaire est vierge, le juge du tribunal de Manhattan, Juan Merchan- que Donald Trump a traité de « corrompu » hors du tribunal pendant tout le procès- fixera la peine le 11 juillet prochain, quatre jours avant la convention du Parti républicain. Il pourra opter soit pour une peine de prison assortie d’une amende, soit pour un sursis: à moins de lui infliger des travaux d’intérêt général.
Sexe et falsifications comptables
Rappelons qu’au terme de deux jours de délibérations, les 12 jurés ont déclaré à l’unanimité Donald Trump coupable de l’ensemble des 34 délits de falsification de documents comptables, destinée à cacher un paiement de 130 000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels pour éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016.
En effet, la star du porno affirme avoir reçu cette somme en contrepartie de son silence sur une relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006, alors qu’il était déjà marié à son épouse Melania.
Selon les actes de l’accusation, les 130 000 dollars avaient été versés à l’actrice par l’avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen. Or, ce dernier s’était fait rembourser en 2017, par plusieurs chèques signés de la main de Donald Trump, devenu entre temps président des Etats-Unis. Les dépenses furent maquillées en « frais juridiques » dans les comptes de la Trump Organization. Pour les procureurs, derrière ces falsifications comptables, se cachait un « complot » et une « dissimulation » pour gagner l’élection contre Hillary Clinton en 2016.
Incertitudes
À cinq mois du scrutin présidentiel prévu pour le 5 novembre prochain, le verdict tombe en pleine campagne présidentielle, juste avant le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden, le 27 juin et à deux mois de la convention républicaine à Milwaukee (15-18 juillet), où le milliardaire est censé recevoir officiellement l’investiture de l’Old Party. Avec le risque qu’une partie des électeurs qui lui sont favorables pourrait renoncer à voter pour lui.
Cela dit, en dépit des casseroles judiciaires qu’il traîne depuis 2023, en l’occurrence ses inculpations dans quatre affaires pénales distinctes et ses trois condamnations au civil, il a réussi à remporter haut la main la primaire de son parti.
En clair, même condamné, même emprisonné, il demeure éligible car ce verdict de culpabilité ne met pas fin à la candidature de Donald Trump. Sa réputation est gravement écornée mais la plupart de ses fidèles considèrent qu’il est la victime d’une machination politico-judiciaire.
D’ailleurs, comme à l’accoutumée, l’ancien locataire de la Maison Blanche est resté de marbre, le visage figé dans un rictus menaçant, les épaules affaissées en écoutant le verdict dans la salle d’audience. En sortant de cette pièce, il a proclamé son innocence, fustigeant un procès « truqué » et assurant que le « vrai verdict aura lieu le 5 novembre et c’est le peuple qui le rendra ».
Plus tard, il écrira sur sa plateforme Truth Social : « Je suis un prisonnier politique. Je viens d’être condamné dans un procès politique truqué de chasse aux sorcières : JE N’AI RIEN FAIT DE MAL! Ils ont fait une descente chez moi, m’ont arrêté, ont pris ma photo d’identité, et maintenant ils viennent de me condamner. Je vous demande donc humblement de bien vouloir vous joindre à moi en cette heure sombre », a-t-il imploré en faisant à nouveau appel aux donations pour lever des fonds. Pitoyable.