La semaine économique et financière à Tunis, au 31 mai 2024, a été marquée par plusieurs faits stylisés.
Contexte général :
La Tunisie continue de traverser une période économique difficile, marquée par des défis tant au niveau national qu’international. L’inflation reste élevée, tandis que la dette publique et le déficit budgétaire posent des préoccupations croissantes.
Inflation et coût de la vie :
L’inflation en Tunisie a légèrement augmenté, atteignant 9,3 % en rythme annuel, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants. La dépréciation du dinar tunisien face aux principales devises a également contribué à cette tendance inflationniste.
Taux de chômage :
Le dinar tunisien continue de se déprécier face à l’euro et au dollar américain. Cette semaine, le taux de change du dinar par rapport à l’euro est passé de 3,30 à 3,35 TND/EUR, tandis que le taux de change par rapport au dollar est passé de 3,05 à 3,10 TND/USD. Cette dépréciation est due à une demande accrue de devises étrangères pour les importations, ainsi qu’à une baisse des réserves de change.
Marché du travail :
Le taux de chômage reste élevé, autour de 16 %, avec une forte proportion de jeunes diplômés sans emploi. Le secteur informel continue d’absorber une grande partie de la main-d’œuvre, mais offre des conditions de travail précaires et peu de sécurité sociale.
Secteur bancaire :
Les banques tunisiennes sont confrontées à une augmentation des créances douteuses, ce qui met sous pression leur rentabilité et leur capacité à prêter. Les autorités financières envisagent des mesures pour renforcer la résilience du secteur bancaire, notamment par des réformes structurelles et une meilleure gestion des risques.
Investissements et Réformes :
Le gouvernement tunisien a annoncé de nouvelles mesures pour attirer les investissements étrangers, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, du tourisme et des technologies de l’information. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes reste lente, en partie en raison des obstacles bureaucratiques et des incertitudes politiques.
Marchés des matières premières :
Les prix des matières premières comme le pétrole et les céréales, essentiels pour l’économie tunisienne, ont montré une volatilité accrue. Le prix du baril de pétrole Brent a oscillé entre 75 et 80 dollars cette semaine, impactant le coût des importations énergétiques. Les prix des céréales ont également augmenté, augmentant la pression sur les prix alimentaires domestiques.
Commerce extérieur :
Le déficit commercial de la Tunisie continue de se creuser, principalement en raison de l’augmentation des importations de produits énergétiques et alimentaires. Les exportations, notamment de produits agricoles et manufacturiers, n’ont pas suffisamment augmenté pour compenser cette tendance.
La semaine boursière en Tunisie au vendredi 31 Mai 2024
Performance générale du marché :
La Bourse de Tunis a connu une semaine mitigée avec l’indice principal, le Tunindex, enregistrant une légère baisse de 0,8 %. Cette performance reflète une combinaison de facteurs internes et externes influençant le sentiment des investisseurs.
Volumes de Transactions :
Les volumes de transactions ont légèrement diminué par rapport à la semaine précédente, avec une moyenne quotidienne de 5 millions de dinars tunisiens (TND). Cette baisse est attribuée à une prudence accrue des investisseurs face aux incertitudes économiques et politiques.
Secteurs Performants :
– Secteur Bancaire : Les actions bancaires ont montré une certaine résilience, avec une légère hausse moyenne de 0,5 %. Les investisseurs restent optimistes quant aux perspectives de réformes dans le secteur bancaire, malgré les défis actuels liés aux créances douteuses.
– Secteur des Télécommunications : Les actions des entreprises de télécommunications ont enregistré une hausse de 1,2 %, soutenues par des perspectives positives liées à l’expansion des services numériques et à l’amélioration de la couverture réseau.
Secteurs en Difficulté :
– Secteur de l’Énergie : Les actions des entreprises énergétiques ont chuté en moyenne de 2,3 % en raison de la volatilité des prix du pétrole et des préoccupations liées à l’approvisionnement en énergie.
– Secteur de l’Industrie : Les entreprises industrielles ont vu leurs actions baisser de 1,5 % en moyenne, reflétant des inquiétudes sur la demande intérieure et les coûts élevés des matières premières.
Actions Individuelles Notables :
– STB Bank : Les actions de STB Bank ont progressé de 1,8 % cette semaine, soutenues par des annonces de nouveaux plans de digitalisation des services bancaires.
– Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz (STEG) : Les actions de la STEG ont reculé de 3 % en raison des préoccupations concernant l’impact de la hausse des prix du pétrole sur les coûts de production et de distribution.
Facteurs Externes :
Les tensions géopolitiques et la volatilité des marchés internationaux ont également pesé sur la Bourse de Tunis. Les fluctuations des prix des matières premières et les incertitudes concernant la politique monétaire des principales économies mondiales ont contribué à la prudence des investisseurs.
Perspectives boursières :
La semaine prochaine pourrait voir une volatilité continue, avec les investisseurs, restant attentifs aux développements économiques et politiques. Les annonces potentielles de réformes gouvernementales et les résultats financiers des entreprises pour le deuxième trimestre seront scrutés de près. Une amélioration des conditions économiques internes, couplée à une stabilisation des marchés internationaux, pourrait offrir un soutien au marché boursier tunisien.
La BVMT a montré des signes de faiblesse cette semaine, principalement en raison de l’incertitude économique et politique.
Cependant, certains secteurs, comme les télécommunications et les banques, continuent de montrer des performances résilientes, offrant un certain optimisme pour l’avenir.
Perspectives macroéconomiques et macrofinancière :
Les perspectives macroéconomiques pour la Tunisie restent incertaines. Une amélioration substantielle dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des réformes structurelles et à attirer des investissements étrangers.
La situation économique mondiale, y compris les fluctuations des prix des matières premières et les tensions géopolitiques, jouera également un rôle crucial.
La Tunisie continue de faire face à des défis économiques importants, nécessitant des mesures politiques et économiques concertées pour stabiliser l’économie et promouvoir une croissance durable.