En Tunisie, le secteur industriel a durablement influencé le cycle économique en contribuant à l’augmentation de la production, à la création d’emplois, à la promotion des exportations, au développement régional et à la mise en place de politiques industrielles, entre autres. Aujourd’hui, les questions essentielles est de savoir quels sont aujourd’hui les points clés pour restaurer cette souveraineté économique et quels sont les principaux défis auxquels fait face l’industrie tunisienne ? Autant de questions qui nécessitent des réponses. C’est ce qui ressort de l’événement organisé par l’IACE sous le thème : « L’industrie tunisienne : modernisation et relance », qui se tient le lundi 3 juin 2024.
Amine Ben Ayed, président de l’IACE Tunisie, a souligné qu’historiquement, l’industrie a joué un rôle crucial dans la création d’emplois. Cependant, depuis la révolution, l’industrie stagne malgré son poids significatif dans l’économie. Il a insisté sur la nécessité de moderniser ce secteur, notant le manque de nouveaux projets dans de nombreux domaines. Il a également mentionné que, malgré les difficultés depuis 2011, la Tunisie continue d’attirer des investisseurs, grâce notamment à sa proximité géographique avec l’Europe, un atout majeur.
Fatma Thabet Chiboub, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a présenté des chiffres clés du secteur industriel. Selon elle, le pays compte 4702 entreprises industrielles, dont 2111 très petites entreprises, employant environ 534 000 personnes. Le secteur industriel représente environ 15 % du PIB avec un taux de croissance moyen de 5,3 %.
L’industrie manufacturière emploie environ 20 % de la population active, et ses exportations constituent 90 % du total des exportations, dont environ 80 % sont destinées à l’Europe. Le secteur du cuir et des chaussures compte le plus grand nombre d’entreprises (2700, dont 2000 artisans).
Elle a révélé qu’un pacte de partenariat public-privé (PPP) visant à promouvoir la compétitivité du secteur à l’horizon 2030 est en cours d’élaboration.
Elle a également souligné que les Tunisiens sont appréciés dans les pays développés pour leurs compétences professionnelles, et que la Tunisie se positionne comme un pays très compétitif dans l’industrie, bien qu’il reste des marges d’amélioration. De plus, elle a expliqué que le sentiment anti-immigration en Europe pourrait être un atout pour la Tunisie, car cela aiderait à retenir les talents au lieu de les voir partir à l’étranger.
Lors de cet événement, Nafaa Ennaifer, membre de l’IACE, a mis en avant l’importance de nouveaux paradigmes dans le développement de l’industrie tunisienne. Historiquement, le développement industriel était axé sur la création de richesses, d’emplois et la contribution aux exportations et aux ressources fiscales. Cependant, les récentes crises, telles que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, ont révélé la nécessité d’assurer la souveraineté et la sécurité économique.
Il a déclaré : « Les crises récentes ont montré l’importance de certaines activités industrielles cruciales pour la sécurité nationale, comme la production de masques, de médicaments de base comme le paracétamol, et de semi-conducteurs. »
Et pour finir les différents intervenants ont souligné l’importance de Créer un environnement propice au développement des investissements et des activités économiques, encourager l’innovation ainsi que les transitions numérique, énergétique et écologique de l’industrie, impulser une nouvelle dynamique à l’internationalisation des entreprises, développer de nouvelles spécialisations verticales, redorer l’image du pays et augmenter son attractivité.