En Tunisie, le secteur industriel a eu une grande influence sur le cycle économique en contribuant à l’augmentation de la production, à la création d’emplois, à la promotion des exportations, au développement régional et à la mise en place de politiques industrielles, entre autres. Aujourd’hui, les questions cruciales sont de savoir ce qu’il faut faire pour restaurer cette souveraineté économique et les points essentiels à traiter.
Rencontré lors d’un événement organisé par l’IACE ayant pour thème: “L’industrie tunisienne : modernisation et relance”, Khalil Labidi, économiste, conseiller en investissement et expert fiscal, United Advisers, a mis l’accent sur le paradoxe de la souveraineté économique, en soulignant l’importance de s’intégrer beaucoup plus dans les chaînes de valeurs mondiales ainsi que dans les chaînes de valeurs locales.
Il précise dans ce contexte : « L’industrie tunisienne est une industrie fragmentée, donc il faut un peu tisser les liens entre les entreprises tunisiennes, d’un côté; et d’un autre être moins dépendant des importations, donc avoir des chaînes de valeurs plus ou moins longues, qui permettent un peu d’approvisionner l’industrie tunisienne. »
Selon Khalil Labidi, les solutions résident dans la réduction de la dépendance aux importations, ainsi que le tissage des liens entre l’entreprise tunisienne et tout ce qui relève de la recherche et du développement. Il déclare : « Aujourd’hui, pour prendre sa place, il faut vraiment renouer avec la recherche et le développement. Le budget de la recherche et développement en Tunisie est d’un peu moins de 1 % du PIB, alors que la moyenne de l’OCDE est de 2,4 % du PIB. Et pour prendre notre place, il faut avoir un produit compétitif, mais il faut aussi maîtriser les coûts. »
Khalil Labidi : « La main d’œuvre qualifiée en Tunisie doit être adaptée à la demande du marché »
Et de poursuivre : « Il y a un problème de maîtrise des coûts, et cela viendra à travers l’innovation. En outre, la main-d’œuvre qualifiée en Tunisie doit être adaptée à la demande du marché. Donc il est nécessaire d’adapter la formation et d’adopter une formation continue et par alternance. Et ce, afin d’avoir une main-d’œuvre qui peut s’adapter rapidement aux changements dans les technologies, les changements climatiques et les chocs exogènes, puisque l’économie tunisienne a beaucoup souffert de chocs exogènes. En 2008, la crise de 2008 a eu pour effet de diminuer les investissements directs étrangers de 25 %. »
Avant d’ajouter : « En 2011, nous avons eu la révolution, et en 2019, nous avons eu le Covid. Aujourd’hui, nous vivons une situation de guerre un peu partout dans la région. En conséquence, à part les problèmes internes que nous avons, nous avons des chocs exogènes. Et l’économie tunisienne doit être renforcée pour faire face à ces problèmes. Qu’est-ce qu’il faut faire, par exemple, en termes de recommandations? Pouvez-vous m’indiquer ce que vous suggérez, par exemple? Comme je l’ai déjà mentionné, il est important de mettre l’accent sur les chaînes de valeurs locales, d’avoir des entreprises tunisiennes qui sont beaucoup plus reliées en termes d’approvisionnement, etc. »
Et de poursuivre : « Ensuite, il est nécessaire de faire un effort important en matière de R&D et de dépôt de brevets. Il est important de moderniser l’industrie tunisienne pour occuper sa place. Il y a également la formation, la politique, la gouvernance et tout ce qui est management de l’entreprise tunisienne.”
Khalil Labidi : « 50 % des entreprises tunisiennes utilisent un ERP et des logiciels de gestion »
Et de conclure : « 50 % des entreprises tunisiennes utilisent un ERP et des logiciels de gestion. Aujourd’hui, il est important de passer vers une deuxième étape axée sur l’innovation et l’adaptation de la main-d’œuvre, ainsi que sur le lien entre les entreprises tunisiennes. C’est en utilisant des chaînes de valeurs locales. »
Les recommandations :
Par ailleurs, le dernier panel s’est terminé par l’annonce des nouvelles recommandations et l’implémentation des plans d’actions en cours:
Les réformes macro-économiques sont souvent transversales et il est nécessaire d’intervenir de multiples acteurs. Ce qui conduit à des blocages dans la mise en place de ces outils.
Il est important d’améliorer le leadership de la Présidence du Gouvernement pour lutter contre les obstacles à la mise en œuvre des réformes industrielles. De même qu’il est crucial que la gouvernance soit centralisée, coordonnée et participative. Le gouvernement doit avoir un rôle de premier plan en établissant un cadre clair, en surveillant de près les progrès et en facilitant la collaboration entre les différents acteurs.
En mettant en place une coordination efficace et un engagement constant des parties prenantes, les réformes peuvent être mises en place. Cela œuvre de manière cohérente et productive, ce qui contribuera à la croissance du secteur industriel.
b. Renforcement de l’écosystème Industriel
Les industriels doivent collaborer davantage pour développer un écosystème robuste et résilient, en soutenant les fournisseurs et prestataires locaux afin de garantir un approvisionnement continu et fiable. Il est crucial de promouvoir la coopération et les partenariats stratégiques entre les industriels, leurs fournisseurs et prestataires.
En créant des plateformes de collaboration, et en investissant dans des programmes de développement et de renforcement des capacités, les entreprises peuvent garantir un approvisionnement fiable et de haute qualité. Cette approche collaborative non seulement améliore la résilience et l’efficacité des chaînes d’approvisionnement mais aussi stimule la croissance dans tout le secteur industriel.
Mise en Place des Groupements
Les entreprises industrielles, en particulier les PME, font face à des défis pour accéder aux matières premières, pour exporter leurs produits et pour rester compétitives. La mutualisation des ressources et des connaissances peut permettre une solution efficace à ces défis. Il est important de collaborer pour les achats de matières premières, l’exportation, la R&D et d’autres aspects critiques. Par conséquent, les entreprises peuvent bénéficier d’économies d’échelle, accéder à de nouveaux marchés, partager des technologies et des compétences, et globalement
renforcer leur position dans le secteur industriel.
Développement des pactes industriels
Le développement de pactes industriels permet de structurer et de formaliser la coopération entre les différents intervenants du secteur industriel. En établissant des accords formels, en engageant les parties prenantes, en fournissant des soutien financiers et en partageant les ressources et les connaissances.