La Tunisie est l’un des pays du bassin méditerranéen les plus exposés au changement climatique, avec une augmentation des températures d’environ 0,4 degré Celsius au cours des trois dernières décennies. La moyenne des températures entre mai et septembre 2022 était d’environ 27,9 degrés Celsius, et elle est tombée à 27,1 degrés Celsius en été 2023. C’est ce qu’indique un papier analytique réalisé par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE).
Selon ce papier analytique, les principaux risques auxquels la Tunisie est confrontée sont l’augmentation des températures, la diminution des précipitations, ainsi que la rareté de l’eau et la sécheresse. Tous ces facteurs ont entraîné une baisse de la production agricole et une insécurité alimentaire, plaçant le pays au 20ème rang mondial en termes de stress hydrique et au 18ème rang en termes de sécheresse, selon l’indice de l’Institut mondial des ressources en eau.
Le secteur agricole est l’un des secteurs les plus touchés par les changements climatiques, utilisant environ 80 % des ressources en eau du pays. Ce qui représente un défi majeur dans un contexte de pénurie de ressources hydriques. En conséquence, la quantité de céréales récoltées pour la saison 2023 était d’environ 2,9 millions de quintaux, en baisse d’environ 61,3 % par rapport à la saison 2022 où elle était de 7,5 millions de quintaux. Le secteur agricole contribue à environ 10 % du produit intérieur brut du pays.
Le secteur agricole subit de plein fouet ce problème
En ce qui concerne les précipitations, le pays a connu une diminution notable du taux annuel moyen, tombant en dessous de 500 millimètres par an au cours des dix dernières années. Cette baisse des précipitations a entraîné une augmentation de l’indice de consommation, reflétant une pression croissante sur les ressources en eau et les besoins accrus de la population.
Les effets du changement climatique se sont aggravés avec la baisse du taux de remplissage des barrages, atteignant des niveaux sans précédent. L’augmentation des températures a provoqué l’évaporation d’environ un million de mètres cubes d’eau en une seule journée l’année dernière, exerçant une pression supplémentaire sur le secteur agricole qui dépend fortement de ces ressources.
En Tunisie, nos estimations montrent que le changement climatique a contribué à une augmentation d’environ 0,9 point de pourcentage du taux d’inflation global. Cette proportion devrait atteindre environ 1,4 point de pourcentage l’année prochaine si les températures continuent d’augmenter et aucune mesure n’est prise pour en atténuer les effets.
Dans ce contexte, l’Institut arabe des chefs d’entreprise appelle les autorités et les institutions à prendre les mesures nécessaires pour atténuer les répercussions économiques de la prochaine vague de chaleur, notamment :
- Prendre des mesures préventives pour faire face à l’augmentation des températures, qui entraîne un risque accru d’incendies de forêt et une augmentation de la demande d’électricité.
- Assurer la sécurité des travailleurs, en particulier dans les secteurs des services et du tourisme, et leur fournir des conditions de travail appropriées pour les protéger pendant les périodes de pointe, en mettant à leur disposition des zones de repos ombragées, en réduisant les heures de travail pendant les périodes de chaleur intense, et en adoptant le télétravail si les conditions de travail le permettent.
- Revoir l’organisation des congés annuels pour éviter les périodes de pic de chaleur estivale.
- Maintenir les chaînes du froid et protéger les produits tels que les denrées alimentaires et les médicaments pour éviter leur détérioration et garantir la sécurité des consommateurs.