A l’occasion de la 21ème édition de Tunisia Investment Forum (TIF), nous avons rencontré M. Jalel Tebib, directeur général de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA). L’occasion de parler du Forum, mais surtout des IDE en Tunisie, de l’ouverture de la Tunisie, outre à ses partenaires traditionnels européens, à d’autres destinations, notamment l’Asie de l’Est. Il sera aussi question de discrimination positive, celle que la Tunisie doit accorder aux investisseurs étrangers. Tout un travail à faire pour redonner à la Tunisie l’attrait qu’elle mérite.
Bientôt la 21ème édition du Forum tunisien de l’investissement. Que peut-on savoir sur cette nouvelle édition ?
Cette 21ème édition, on la veut spéciale. Elle se tiendra en partenariat avec la Commission européenne à Tunis. Ce
sera une occasion de faire le point sur les IDE, sur le soutien financier et technique que l’Europe octroie à la Tunisie.
Ce sera donc une édition spéciale Europe. Faut-il rappeler, à ce propos, que 80% des investissements étrangers sont
d’origine européenne ? Aujourd’hui, pratiquement tout est prêt. Le Forum aura lieu le 12 juin. La cérémonie d’ouverture se fera à 17h en présence de M. le chef du gouvernement qui prononcera le mot de bienvenue. Son
discours portera sur l’investissement étranger qui constitue un pilier du développement de l’économie tunisienne. Il
y aura Mme la ministre de l’Economie pour parler réformes afin d’améliorer le climat des affaires. Il y aura aussi une
présentation du team Europe, qui est là pour financer l’entreprise.
Au niveau des participants, il y aura aussi bien les bailleurs de fonds que les opérateurs économiques
Il y aura aussi un côté festif, avec une cérémonie de remise de prix, des awards, des récompenses pour les sociétés qui ont réussi leur implantation en Tunisie. Il s’agit de huit prix qui seront remis essentiellement à des sociétés euro
péennes en Tunisie, mais aussi à des sociétés tunisiennes et américaines. Des sociétés qui ont vraiment fait la différence en matière d’investissement en Tunisie. Le lendemain, le 13 juin, un débat sera tenu autour de deux thématiques essentielles. La première se fera autour de la réforme du climat des affaires, où il sera question essentiellement de la révision de la loi sur l’investissement. C’est Mme la ministre de l’Economie et de la Planification qui présidera ce panel. Avec le gouverneur de la Banque centrale, il sera question de l’état d’avancement de la réforme du code des changes. On essayera aussi de voir de l’autre côté, du côté des utilisateurs, avec M. Adel Chaabane président de la Chambre mixte.
Le deuxième panel, très intéressant aussi, tournera autour de la responsabilité sociétale de l’entreprise. Il sera présidé par Mme la ministre de l’Environnement. L’idée que la Tunisie encourage l’investissement étranger sera mise en exergue. Mais il sera surtout question de l’investissement qui prend en compte l’environnement, de l’investissement responsable. Cela nous mènera à parler des énergies renouvelables et essentiellement du projet ELMED et de son état d’avancement. Ce sera notamment en présence de Mme la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie.
L’après-midi du 13, il y aura d’autres panels, dont un autour des composants automobiles en Tunisie. Nous présente
rons des cas de sociétés qui ont réussi. Un autre panel se penchera sur la question de l’industrie pharmaceutique et
sur le développement de ce secteur en Tunisie, en coordination avec l’OCDE. Il sera présidé, on l’espère, par M. le ministre de la Santé. Un troisième panel portera sur l’énergie renouvelable. La diaspora tunisienne aura également sa place dans ce forum. On veut associer les Tunisiens résidents à l’étranger dans l’effort de développement
pement du pays. Un panel sera, à cet effet, consacré aux start-up et au rôle de la diaspora dans notre économie,
en collaboration avec les associations tunisiennes présentes à l’étranger. Ce sera aussi l’occasion de récompenser les sociétés tunisiennes qui ont excellé à l’étranger.
Parallèlement au TIF, d’autres évènements seront tenus, notamment au cours de la matinée de la première journée. Nous allons organiser, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, un évènement sur la francophonie. C’est pour clôturer la présidence de la Tunisie au Sommet mondial de la francophonie. Un évènement qui sera chapeauté par le ministre des Affaires étrangères. Un autre évènement très important sera organisé avec l’IFC, autour du thème de « l’after care », à savoir le support et le soutien des opérateurs et des entreprises étrangères implantés en Tunisie. C’est important surtout lorsqu’on sait que pratiquement 80% des IDE proviennent d’activités
d’extension d’unités déjà implantées en Tunisie.
80% des IDE proviennent d’activités d’extension d’unités déjà implantées en Tunisie. Comment interprétez-vous ce chiffre ?
Ce n’est pas forcément un mauvais signe. Cela témoigne de la fidélité des entrepreneurs étrangers au site tunisien. Nous allons, d’ailleurs, à l’occasion, mettre en évidence le travail de la FIPA en termes de support à ces entreprises. Et pas seulement la FIPA, mais tout l’écosystème présent en Tunisie, qui est très attentif aux aspirations et aux contraintes des entreprises qui travaillent en Tunisie. Pour revenir au Forum, il y aura un autre évènement que je considère très important. C’est le rapport qui sera présenté, en collaboration avec l’OCDE, sur la qualité des IDE en Tunisie.
Tout cela pour dire que le TIF est un Forum de très haute qualité. On table sur quelque 800 participants, avec
plus de 300 représentants d’entreprises étrangères. Nous avons, pour cela, en collaboration avec la ministre
de l’Economie, effectué un « road show » en Europe, notamment en Espagne, en Allemagne, en France,
en Italie et en Belgique. Nous avons été bien accueillis. Mme la ministre a rencontré beaucoup d’investisseurs
qui seraient intéressés par la Tunisie et qui ont confirmé leur participation au TIF.
C’est vrai que plus des deux tiers des investissements étrangers en Tunisie viennent d’Europe. Il n’empêche qu’on est en train d’assister à un phénomène de bascule géopolitique. La Chine, à titre d’exemple, est devenue un très grand investisseur. Les Chinois viennent d’investir plus de 10 milliards de dollars au Maroc, rien que parce qu’ils sont un pays connecteur. La Tunisie peut-elle, aujourd’hui, aspirer à jouer ce rôle ?
D’abord, comme vous venez de le dire, notre partenaire stratégique, c’est l’Union européenne. Les chiffres, les statistiques le prouvent. Mais on ne va pas se croiser les bras pour promouvoir la Tunisie partout dans le monde. L’année dernière, j’étais à Tokyo avec notre ambassadeur au Japon. D’ailleurs, le Japon, au titre de l’année 2023, devient le 5ème investisseur étranger en Tunisie. Les premiers investisseurs, ce sont les Français, les deuxièmes, les Qataris. Viennent ensuite les Italiens et les Allemands. Cela démontre que la nature des pays partenaires n’est plus uniquement concentrée en UE. Nous avons de nouveaux partenaires. Les Sud-coréens, par exemple, s’intéressent
à la Tunisie. Malheureusement, les Chinois beaucoup moins. Les investissements chinois en Tunisie, c’est une vingtaine de sociétés. C’est dérisoire.
Maintenant, pour revenir aux Japonais, le fait que le Japon est le 5ème investisseur, malgré la distance, la différence de cultures, c’est qu’il y a vraiment des opportunités en Tunisie. Cela se confirme au vu des activités d’extension des unités japonaises en Tunisie, à l’image de la société Sumitomo, avec un investissement de 90 millions de dinars à Jendouba. On peut aussi parler de la société Yazaki, qui a une unité modèle à Bizerte. Et il n’y a pas que les Japonais. Il y a aussi Yura corporation, une société sud-coréenne qui va doubler ses capacités de production.
Il y a, en général, un intérêt particulier des entreprises asiatiques pour le site tunisien. En tout cas, la FIPA entreprend beaucoup d’actions de promotion pour sensibiliser tous nos partenaires asiatiques. D’ailleurs, le chef du gouvernement vient de participer à Séoul au Sommet Corée-Afrique. Nous travaillons aussi pour sensibiliser nos amis chinois.