Dans son dernier rapport « Perspectives économiques en Afrique 2024 », la Banque africaine de développement présente les perspectives économiques des pays d’Afrique et annonce pour la Tunisie un taux de croissance de 2,1% pour l’année 2024 et des projections à 2,9% pour 2025.
Les projections de croissance pour la Tunisie sont en dessous des taux moyens pour la région d’Afrique du Nord.
Par comparaison avec les pays voisins, elle est loin derrière l’Algérie (4%), le Maroc (3,3%) et la Libye (7,9%).
La Tunisie sombre depuis un certain temps dans une trappe de croissance faible qui est largement expliquée
par la chute de sa croissance potentielle. Rappelons que cette dernière est mesurée par la capacité d’un pays à générer une plus forte production à long terme. Plusieurs difficultés empêchent d’avoir une croissance potentielle plus forte :
La dégradation de la qualité du système éducatif et les inégalités dans l’accès à l’éducation ne cessent de se creuser. Dans un monde qui évolue à un rythme accéléré, il est nécessaire d’investir dans une éducation plus inclusive
et de meilleure qualité, afin de s’adapter plus rapidement aux transformations technologiques et de contribuer au
développement économique.
Des contraintes budgétaires qui pèsent sur l’investissement dans la recherche et l’innovation. En Tunisie, la part de la recherche et développement dans le PIB est très faible, soit à ce jour moins de 1%. Investir dans ce domaine pourrait contribuer au développement de nouvelles technologies pour améliorer la productivité et atténuer l’impact des risques climatiques et environnementaux.Un chômage structurel qui pourrait constituer un frein à la croissance à long terme, car au fil du temps, les individus au chômage perdent leurs compétences et leurs acquis, ce qui complique leur employabilité et la capacité de l’économie à s’adapter aux évolutions.
Le contexte actuel est marqué par la fuite des compétences et un climat des affaires en berne. Deux facteurs fort pénalisants pour la croissance potentielle. Un environnement économique attractif pour les compétences et favorable à l’initiative privée demeure le pilier d’une croissance solide.
Mais comment pourrait-on aujourd’hui rehausser la croissance potentielle dans une économie piégée par le courtermisme, où le site Tunisie peine à retrouver son attractivité et où les finances publiques demeurent sous
pression ?
Par Noura Harboub-Labidi
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 896 du 5 au 19 juin 2024