Les déficits publics en forte hausse, la menace d’un défaut de paiement ou la restructuration de la dette souveraine ne sont pas des phénomènes uniques à la crise actuelle que traversent de nombreux pays.
Récemment, les crises liées à l’endettement durent en moyenne deux décennies. Comme au Japon avec sa « décennie perdue » ou aux États-Unis avec leurs énormes déficits précédant des changements structurels. La crise des pays émergents a également été résolue par une combinaison de restructurations et d’hyperinflation, permettant de purger les dettes et les bulles spéculatives. Les dettes sont ainsi intrinsèques au fonctionnement, au mode de vie d’un État et influencent notre quotidien.
Cependant, pour la Tunisie, les opérateurs et les investisseurs semblent délibérément ignorer des faits potentiellement catastrophiques. Ces faits incluent une dette publique incroyable, presque inhumaine, dans un pays en transition politique difficile, avec une population vieillissante et une paralysie politique des dirigeants.
L’économie globale et la société entière subiraient une secousse sans précédent si les analystes et décideurs analysaient froidement les données. Cette ignorance des fondamentaux pourrait être volontaire pour éviter ou retarder une crise de la dette tunisienne.
Pourquoi alors les opérateurs et les marchés (des produits, du travail, financiers) n’ont-ils pas intérêt à voir réussir l’expérience tunisienne de « TRANSITION GLOBALE » ? Selon les observateurs, 2024 est « la dernière chance pour l’économie tunisienne ».
L’argument contre un « défaut de paiement tunisien », ou « l’effondrement de l’économie tunisienne », est que la fuite massive des capitaux ne mettrait pas le pays en danger grâce aux « garde-fous règlementaires » bien établis. La Banque centrale de Tunisie (BCT) a brillamment maintenu sa politique monétaire et le remboursement de la dette souveraine, même après la volatilité de 2011-2013.
Néanmoins, l’arsenal de répression financière de la BCT se déploie sous les yeux des 12 millions de Tunisiens, qui continuent leurs activités quotidiennes, ainsi que de l’administration qui fait semblant d’ignorer la situation. Les responsables tunisiens cherchent à donner au gouvernement le temps de mettre en œuvre des mesures fondamentales pour ajuster l’économie.
Mais le temps passe et plus d’endettement signifie que les ménages et les entreprises croulent sous les dettes. Tandis que l’État doit se restreindre pour apaiser les créanciers, principaux pourvoyeurs de liquidités et autres investisseurs directs étrangers, qui trouvent le délai trop long.