Le secteur de l’industrie automobile en Tunisie compte plusieurs acteurs dont les principaux sont : le ministère de l’Industrie, les entreprises de composants automobiles, la chambre syndicale des concessionnaires de voitures et la Tunisian Automotive Association (TAA – créée en février 2016).
A la veille de la tenue de la 21ème édition du Tunisia Investment Forum (12 et 13 juin 2024) à Tunis, un regard s’impose sur le secteur automobile en Tunisie, considéré par les experts et autres analystes comme stratégique pour l’économie tunisienne.
En effet, le secteur automobile en Tunisie est dynamique et pourvoyeur de revenus en devises pour le pays. Ainsi, selon les données, la Tunisie se classe comme deuxième producteur de composants automobiles en Afrique et est l’un des principaux fournisseurs de l’Union européenne en pièces de rechange.
Seul bémol : l’importation de véhicules est soumise à un système de quotas. Ce qui, selon certains analystes, a favorisé le développement d’un marché parallèle qualifié de « dommageable » pour les revenus de l’Etat et pour le développement de la filière. Mais cela n’empêche pas le secteur de se développer et d’attirer un certain nombre d’investisseurs.
A noter au passage que les grands groupes français sont parmi les leaders en termes de nombre d’entreprises et d’emplois créés dans ce secteur en Tunisie. Au total, on estime à plus de 10 000 les emplois directs créés par la filière.
Pour sa part, la Chambre nationale des concessionnaires de véhicules agréés compte 45 membres.
Toutes ces structures, même si elles ont des stratégies différentes, ont la même ambition, qui est de faire évoluer le secteur automobile en Tunisie.
En d’autres termes, l’approche stratégique globale du secteur, c’est la création d’emplois et le développement durable dans son sens le plus large…
Pour ce faire, le domaine doit constamment se réinventer, sans cesse innover, suivre la ou les tendances mondiales et ne pas oublier le développement durable, objet de toutes les attentions et de toutes les stratégies.
C’est dans ce cadre que la TAA – pour Tunisian Automotive Association -, s’est engagée, depuis sa création en 2016, dans l’innovation. Et ce, en nouant de partenariats stratégiques avec diverses instances nationales et internationales. Elle a ainsi conclu des accords avec l’Association française « Fiev » et l’Association africaine de l’automobile (Aaam), entre autres.
Que ce soit du côté des décideurs politiques que du secteur privé, tout le monde est d’accord pour souligner que notre vie va de plus en plus reposer sur le développement durable en se focalisant davantage sur l’électro-mobilité, la collectivité et la voiture autonome.
Par conséquent, le secteur n’a pas d’autres choix, étant donné l’impact des réglementations internationales, comme « les accords de Paris » qui imposent des exigences strictes, notamment la neutralité carbone des entreprises d’ici 2050.
D’ailleurs, les principaux constructeurs automobiles ont compris les enjeux et sont déterminées à atteindre la neutralité carbone bien avant les échéances fixées par ces accords de Paris. C’est le cas de Mercedes-Benz qui vise la neutralité carbone d’ici à 2039.
Les entreprises se doivent donc de mettre en place des démarches aussi ambitieuses que nécessaires en matière de durabilité, en s’engageant par exemple vers l’ESG (Environnement, Social et Gouvernance), qui n’est plus une option ou un slogan, mais une obligation pour les entreprises du secteur afin de subsister dans l’écosystème automobile mondial.
Quid des défis et perspectives du secteur automobile en Tunisie?
Ainsi, le secteur automobile dans son ensemble se trouve à la croisée des chemins en matière de transformation. Une transformation confrontée à d’importants défis mais qui a aussi des perspectives prometteuses aussi bien qu’intéressantes. La conjonction de l’évolution technologique, des changements réglementaires et climatiques, d’une part, et des attentes croissantes des consommateurs, d’autre part, redessine les contours présentes et futurs du secteur.
Voici un aperçu des principaux défis et perspectives pour l’industrie automobile.
Quatre défis majeurs du secteur automobile
- Transition vers l’électrique : la transition vers les véhicules électriques (VE) continue de s’accélérer, poussée par des réglementations environnementales strictes et une demande croissante pour des solutions de transport durables. Cependant, cette transition pose plusieurs défis :
- Infrastructure de recharge : le développement des infrastructures de recharge reste insuffisant dans de nombreuses régions, freinant l’adoption massive des véhicules électriques (VE).
- Coût des batteries : bien que les coûts des batteries diminuent, ils restent un obstacle significatif pour rendre les VE accessibles au grand public.
- Approvisionnement en matières premières : la dépendance aux matériaux rares, comme le lithium et le cobalt, utilisés dans les batteries, pose des défis en termes de durabilité et de sécurité d’approvisionnement.
- Chaîne d’approvisionnement et pénurie de semi-conducteurs : la pénurie mondiale de semi-conducteurs a mis en lumière la fragilité de la chaîne d’approvisionnement. En 2024, bien que des améliorations soient attendues, les perturbations pourraient persister, affectant la production et les délais de livraison des véhicules.
- Évolution des attentes des consommateurs : les consommateurs exigent de plus en plus des véhicules connectés, autonomes et personnalisés. Répondre à ces attentes nécessite des investissements massifs en recherche et développement, ainsi qu’en cybersécurité pour protéger les données des utilisateurs.
- Conformité réglementaire : les réglementations sur les émissions de CO2 et les normes de sécurité se durcissent. Les constructeurs doivent non seulement investir dans des technologies propres mais aussi s’assurer de respecter des normes de sécurité de plus en plus strictes. Ce qui peut augmenter les coûts de production.
Quatre perspectives prometteuses
- Innovation technologique : les avancées dans les technologies de l’intelligence artificielle (IA) et de l’apprentissage automatique continuent de transformer le secteur automobile. Les véhicules autonomes, bien que pas encore pleinement déployés, progressent rapidement vers des niveaux de conduite automatisée plus élevés.
- Nouveaux modèles économiques : l’essor des services de mobilité partagée, tels que les services de covoiturage et les abonnements de véhicules, modifie la manière dont les consommateurs interagissent avec les voitures. Ces modèles économiques offrent de nouvelles sources de revenus pour les constructeurs et réduisent la dépendance à la vente traditionnelle de véhicules.
- Investissements dans les énergies renouvelables : les constructeurs automobiles investissent massivement dans les énergies renouvelables et les technologies de stockage d’énergie, contribuant ainsi à la décarbonisation de l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela inclut le développement de solutions de recyclage des batteries et l’intégration de l’énergie solaire dans les infrastructures de recharge.
- Collaboration et partenariats stratégiques : pour faire face aux défis technologiques et financiers, de nombreux constructeurs optent pour des partenariats stratégiques avec des entreprises technologiques, des startups et même des concurrents traditionnels. Ces collaborations permettent de partager les risques et de bénéficier des innovations conjointes.
Avec la tenue de la 21ème édition du Tunisia Investment Forum (TIF), prévue les 12 et 13 juin 2024, il y a fort à parier que d’importants investissements pourraient être annoncés dans le secteur automobile en Tunisie. Car le pays regorge de compétences et occupe une position géographiquement stratégique par rapport à l’Europe et l’Afrique.
Le secteur automobile tunisien devrait enfin saisir l’occasion du TIF pour se montrer agressif en matière de marketing et de savoir-faire.