« Sans doute la sphère de la francophonie doit faire face, de nos jours, à des défis majeurs, eu égard à l’avènement sur la scène internationale de très puissants acteurs mondiaux, anglophones et asiatiques, qui semblent s’être emparés du secteur des ICC (industries culturelles et créatives) en profitant du développement rapide des technologies y afférentes ».
C’est ce qu’a déclaré le chargé de la Direction générale de la diplomatie économique et culturelle au sein du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mourad Belhassen, qui intervenait à l’ouverture d’une table ronde sur les industries culturelles et créatives (ICC) dans l’espace francophone organisée, mercredi après-midi, à Gammarth. Mourad Belhassen a présenté les objectifs de cet évènement organisé à l’initiative du ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec l’Agence de promotion des investissements extérieurs (FIPA – Tunisia), le Centre international d’économie culturelle numérique (TICDCE), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’ambassade de France en Tunisie et le Groupe des ambassadeurs francophones (GAF), présidé par l’ambassade du Canada.
Les ICC, un levier incontournable de l’économie moderne
Cette table ronde a eu lieu en marge du « Tunisia Investment Forum » organisé les 12 et 13 juin sur le thème « Tunisie : où la durabilité rencontre l’opportunité ». « La Direction générale de la diplomatie économique et culturelle au ministère des Affaires étrangères a souhaité organiser cette rencontre avant que la présidence tunisienne du 18ème Sommet de l’OIF vienne à terme », a fait savoir le diplomate.
Les ICC étaient au centre de la thématique du 18ème Sommet de la Francophonie à Djerba et le seront aussi à celui de Villers-Cotterêts, prévu les 4 et 5 octobre 2024 en France autour de la thématique « créer, innover, entreprendre en français ». Ce sujet établit, en effet, un lien, voire une corrélation, entre le numérique, la créativité et l’entrepreneuriat », a expliqué le diplomate. Tout enajoutant que l’objectif est d’explorer les perspectives qu’offre ce secteur en matière d’employabilité et l’impact positif qu’il pourrait générer au niveau de la croissance économique ».
A la lumière des grands défis internationaux en matière des ICC, Mourad Belhassen a relevé l’importance, aujourd’hui, pour les pays francophones, non seulement d’être au diapason de cette évolution significative, mais également de réfléchir sur les voies et moyens pour mettre au point une stratégie permettant de procéder à un échange de nos expériences respectives ».
Le diplomate a souligné l’apport de la jeunesse tunisienne, et francophone en général, avide de savoir et demeurant toujours à l’affût de l’innovation et pour laquelle les ICC constituent, cette malle de rêve et d’opportunité à même de répondre à ses aspirations les plus légitimes, à l’établissement d’une vie meilleure ».
Il a relevé l’importance majeure des ICC qui sont devenues aujourd’hui un levier incontournable de l’économie moderne. D’ailleurs il estime que « le produit culturel sert toujours l’image extérieure d’un pays et en constitue son brand national, mais il est une source de rentabilité économique et de revenu indéniable ».
« Nous sommes au seuil d’un nouveau monde »
L’ambassadrice de France en Tunisie, Anne Guéguen, estime que « nous sommes au seuil d’un nouveau monde ». Elle a affirmé que « les ICC sont une dimension clé de ce nouvel univers digitalisé et créatif qui paradoxalement peut permettre de remettre l’humain au Centre dans ce qu’il a de plus spécifique, sa capacité de créer, de jouer, de rêver ».
La diplomate française a expliqué que « dans le nouveau monde de la transformation numérique et dans celui de la révolution de l’Intelligence Artificielle, la compétence clé désormais sera la créativité ».
Evoquant le rôle de la Francophonie dans la valorisation des ICC, elle a parlé de la « Cité internationale de la langue française », lancée fin 2023, au château de Villers-Cotterêts qui sera mise au service de l’espace francophone et de ses membres. « Cet espace de création a vocation à devenir un laboratoire et un levier pour l’attractivité et la promotion de la diversité linguistique dans le monde, à notre service à tous », a-t-elle dit.
La diplomate ne cache la méfiance qui règne dans l’espace francophone en raison de la prééminence de l’anglais comme « lingua franca », tout en mettant en valeur ce qu’elle qualifie de « potentiel considérable de la francophonie économique ».
Elle a souligné l’importance de « réaffirmer ensemble la place de la langue française qui est un lien irremplaçable qui unit quelque 300 millions de femmes et d’hommes à travers les cinq continents », afin de pouvoir bien se positionner dans une mondialisation à la fois numérique et linguistique.
Quid des objectifs du prochain sommet de la Francophonie?
Anne Guéguen a présenté les objectifs du prochain Sommet de la Francophonie et lancé un appel aux entreprises et aux acteurs dans les ICC en Tunisie à se joindre à ce rendez-vous francophone. Elle a annoncé que « la semaine de la francophonie en France va constituer un point de rencontre pour partager nos expériences et nos expertises et poser des bases ensemble, une meilleure harmonisation des normes standards au sein de l’espace francophone et valoriser les opportunités économiques de la francophonie. »
Le Sommet du mois d’octobre sera l’occasion de lancer le « premier francotech forum » qui va permettre de réunir les entreprises francophones autour de l’innovation et des secteurs d’avenir. Ce forum d’une journée va ressembler près de 1600 chefs d’entreprises afin de présenter les innovations des filières d’avenir autour de l’IA, de la transition énergétique, du capital humain, de la logistique et de la souveraineté alimentaire ainsi que leur financement.
Avec TAP