Le secteur textile est en pleine évolution, avec le lancement de la deuxième phase du « Programme global pour le textile et l’habillement » (GTEX – Menatex), orchestré par le Centre du commerce international.
La cérémonie a eu lieu dans l’après midi du vendredi 14 juin 2024 à Tunis en présence de Fatma Thabet Chiboub, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, de l’ambassadeur de Suisse en Tunisie, Josef Renggli, et du président de la fédération tunisienne du textile et habillement.
Une chose est sûre : ce programme constitue un pilier essentiel de l’économie nationale et vise à fournir un soutien technique aux entreprises du secteur pour les aider à adopter des pratiques écologiques, énergétiques et circulaires, améliorant ainsi leur compétitivité sur de nouveaux marchés.
Présente lors de cet événement, Fatma Thabet Chiboub a souligné que la première phase du programme, achevée récemment, avait produit des résultats très favorables. Elle rappelle entre autres que la seconde phase sera différente de la première. Ainsi elle ciblera une nouvelle population d’entreprises et inclura divers aspects tels que la création, l’institution, l’accompagnement des entreprises, l’internationalisation, la protection de l’environnement et l’économie d’énergie.
Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, Mme Fatma Thabet Chiboub met l’accent sur l’importance de l’économie circulaire : « Nous avons beaucoup de réussites. Tout comme il y a des entreprises qui sont en train de recycler le traitement des eaux usées en matière performante de recyclage de déchets, la composante de l’environnement, des entreprises performantes en matière de protection de l’environnement ».
En outre, la ministre a souligné l’importance des femmes tunisiennes, qui représentent 80 % de la main-d’œuvre dans le secteur textile et habillement, et sont le moteur de sa croissance.
Il convient de noter que le projet GTEX – Menatex durera de janvier 2024 à décembre 2027, est cofinancé par la coopération suisse et suédoise et inclut de nombreux partenaires institutionnels, comme les ministères de l’Industrie et du Commerce. Il vise à renforcer les capacités des institutions de soutien aux investissements, au commerce et au secteur industriel, tout en travaillant directement avec des entreprises industrielles, des créateurs de mode et des fournisseurs de technologies vertes.
Pour sa part, l’ambassadeur de Suisse en Tunisie, Josef Renggli, a exprimé sa satisfaction de continuer à travailler avec la Tunisie dans le secteur textile, en soulignant l’importance de ce secteur pour l’économie tunisienne en termes d’emplois et d’exportations. « Le succès de la première phase a été un facteur clé pour le lancement de la seconde phase », a-t-il ajouté.
Et de poursuivre: « Le secteur du textile ajoute une valeur considérable à l’économie tunisienne. La nouveauté de la seconde phase réside dans l’intégration de la durabilité et de la digitalisation, tout en rappelant que le secteur du textile emploie de nombreuses femmes. La question de la durabilité est devenue primordiale ».
Le programme vise à améliorer le cadre économique et son intégration dans les chaînes de valeur mondiales, renforcer la gestion, réduire les coûts, et créer de nouveaux emplois, en particulier pour les jeunes diplômés. Financé par le Secrétariat d’État suisse à l’économie (SECO) et l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA), le programme est mis en œuvre par le Centre du commerce international (ITC) avec un investissement total de 2 millions de dollars pour la Tunisie.
La première phase, réalisée entre 2018 et 2023, a été marquée par 32 sessions de formation profitant à 450 participants des structures d’accompagnement du secteur.
Sur l’économie circulaire, Saber Ben Kilani, directeur général du textile et de l’habillement au ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a abordé le projet GTEX et ses résultats. Pour l’économie circulaire, celui-ci vise à introduire des réformes commerciales, développer les exportations, attirer les investissements étrangers directs, et surtout créer des emplois.
Le secteur du textile et de l’habillement a rencontré plusieurs difficultés, notamment le démantèlement des accords multifibres en 2005, l’adhésion de la chaîne à l’OMC, la crise financière mondiale de 2008-2009, et les récents conflits géopolitiques. Malgré ces obstacles, le secteur textile a maintenu et développé ses emplois, employant actuellement 153 000 personnes. Ce qui représente 29% des emplois industriels avec 1 400 entreprises.
Il rappelle également que le ministère de l’Industrie a réalisé une étude stratégique pour l’industrie et le renouvellement à l’horizon 2035. Cette étude se concentre sur divers aspects tels que l’investissement, l’exportation, la création d’emplois adéquats, et la stabilité environnementale et sociale. Elle vise à créer un environnement attractif pour les investisseurs.
Au niveau des exportations
Il précise dans ce contexte: « En 2023, nous avons atteint des exportations de 9,7 milliards de dinars, soit environ 2,9 milliards d’euros. C’est un montant en euros que nous n’avions jamais atteint auparavant. En termes de croissance, cela représente une augmentation de 6 % en dinars et de 3 % en euros par rapport à 2022. Alors qu’ en 2022, nous avions déjà réalisé un chiffre important, et en 2023, nous avons surpassé ce chiffre, passant de 9,3 milliards de dinars à 9,7 milliards de dinars. »
Et de poursuivre: « L’année 2024 a commencé difficilement pour tous les exportateurs vers l’Union européenne. La légère baisse des exportations au début de 2024 est due aux problèmes de 2022, notamment la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les décideurs européens, confrontés à une inflation croissante et à des prix en hausse, puisent dans leurs stocks de fin 2023 et début 2024 sans les réapprovisionner. Une autre raison est la baisse de la demande. Avec l’inflation en Europe, les consommateurs achètent moins : ceux qui achetaient 4 ou 5 articles n’en achètent plus que 2. Ce sont les deux principales raisons de l’impact observé. Les exportations de l’Union européenne ont diminué de 12 % en 2024, voire plus. »
Et de conclure: « Notre baisse a été moins marquée que celle de l’Union européenne. Heureusement, à partir de mai dernier, il y a eu une reprise : mai 2024 a été meilleur que mai 2023. Il y a un début de redressement. Espérons que nous finirons cette année en atteignant au moins le chiffre de 2023, voire un peu plus. »
Notons que la qualité du produit tunisien est reconnue, et la Tunisie a été classée 9e exportateur de l’Union européenne en 2024.