Les cadres informels tels que les G7 et les BRICS représentent une « diplomatie de clubs », qui offre une alternative partielle aux cadres diplomatiques classiques (ambassades) et au multilatéralisme institutionnalisé des organisations internationales. Ces outils de coopération informels évitent l’institutionnalisation de leur existence (avec l’absence d’administration ou de secrétariat permanent) et se situent au niveau des chefs d’Etats ou de gouvernement (mais aussi au niveau de conférences ministérielles et autres réunions de groupes de travail).
La morosité et l’état de faiblesse des participants au récent Sommet du G7 n’ont fait que renforcer le sentiment de la fin d’un cycle historique, où les rapports de force mondiaux étaient largement dominés par les puissances occidentales. En cela, la montée en puissance du cadre offert par les BRICS est significative du nouvel ordre mondial.
Le déficit de représentativité du G7
Sommets de chefs d’Etat ou de gouvernement, les G7 sont autant de cadres interétatiques multilatéraux non conventionnels/institutionnels. Un caractère informel qui se conjugue avec une capacité de coordination et de valorisation d’enjeux globaux dans l’agenda politique international. Reste que ces Sommets en forme de « directoire économique mondial » exercé par les pays industrialisés sont critiqués (par des Etats et des mouvements « altermondialistes » issus de la société civile) pour leur « déficit démocratique » et pour leur matrice idéologique néolibérale.
La crise financière de 2008-2009 (qui a surtout frappé les économies occidentales) a sapé un peu plus leur légitimité et a justifié la création du G20 (en 1999) relativement plus ouvert et représentatif. Ce cadre de coordination intergouvernementale réunit puissances occidentales et puissances émergentes, d’abord au niveau des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales, puis, pour la première fois, au niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement en 2008, lors du sommet exceptionnel de Washington.
Ce forum intergouvernemental représente les deux tiers de la population de la planète, 85 % de son commerce et 90 % de son PIB.
La recherche d’une meilleure représentativité et légitimité de la gouvernance mondiale est l’une des raisons d’être du G20. Une ouverture qui s’est avérée insuffisante au regard des nouveaux équilibres mondiaux.
Au-delà de leur important écho médiatique, ces Sommets demeurent dominés par des puissances occidentales et sont perçus comme des outils de l’hégémonie occidentale dans la gouvernance mondiale. Une perception à l’origine de la volonté de puissances émergentes d’affirmer un agenda et des ambitions propres au sein de cadres internationaux alternatifs. Une sorte de « contre-pouvoir » non occidental s’organise ainsi.
L’affirmation du contre-pouvoir des BRICS
La stratégie des puissances émergentes a d’abord consisté à tenter de peser ensemble pour réformer le système institutionnel international hérité de la Seconde Guerre mondiale, dans lequel les puissances occidentales dominent.
En 2009, à travers la création des « BRIC »[1], les chefs d’Etat ou de gouvernement du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine ont pris une initiative traduisant la reconfiguration du système international et la redistribution de la puissance en cours.
Réunis dans le cadre d’un Sommet annuel de concertation multilatérale, les BRIC muent en BRICS, avec « l’adhésion » de l’Afrique du Sud en 2011. Depuis le 1er janvier 2024, l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran ont intégré le groupe. Avec cette représentativité renforcée, les « BRICS » répondent à une demande et s’inscrivent dans un mouvement historique : la volonté pour des Etats du Sud de s’affranchir du monopole du dollar et, plus largement, de l’hégémonie des États-Unis.
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[1] Le terme BRIC est apparu dans un rapport d’analyse de l’économie mondiale (publié en 2001) intitulé « le monde a besoin de meilleurs BRICS » signé par Jim O’Neill, économiste en chef au sein de la société d’investissement Goldman Sachs. Il fait alors mention des quatre pays – Brésil, Russie, Inde et Chine, dont l’abréviation forme l’acronyme BRIC.