Des émeutes violentes ont éclaté le week-end du 14 juin 2024 dans la ville de Tiaret, au centre de l’Algérie, à la suite d’une pénurie d’eau qui dure depuis plusieurs mois. Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant les habitants de cette ville désertique (moins de 200 000 habitants) et se situe à 250 km au sud-ouest d’Alger, exprimer leur frustration face à des robinets à sec en érigeant des barricades et en brûlant des pneus sur les routes.
Réaction du gouvernement
Les troubles surviennent alors que le président Abdelmadjid Tebboune, qui prévoit de briguer un second mandat, a demandé à son cabinet de mettre en place des « mesures d’urgence » pour résoudre la crise de l’eau à Tiaret. C’est ainsi que plusieurs ministres ont été dépêchés sur place pour s’excuser auprès de la population et promettre la restauration de l’accès à l’eau potable, selon Africa News. Malgré ces promesses, la situation reste critique.
La région, caractérisée par un haut plateau désertique semi-aride, est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Les sécheresses pluriannuelles ont asséché les réservoirs d’eau, réduisant leur capacité à seulement 20%. Selon l’ingénieur agronome Said Ouarad cité par Africa News, les nappes phréatiques n’ont pas pu se recharger depuis des années en raison du manque de pluie.
Le gouvernement envisage de résoudre le problème en acheminant de l’eau des grands barrages situés plus au nord et au sud de Tiaret, ainsi qu’en utilisant des usines de dessalement dans lesquelles le pays a massivement investi.
À court terme, l’entreprise publique Cosider espère achever d’ici juillet la construction de nouvelles canalisations pour acheminer l’eau souterraine vers Tiaret à partir de puits situés à 32 km de là. En attendant, des camions citernes apportent de l’eau dans la ville.
Impact et réactions
Malgré les efforts des autorités, les manifestations ont continué, marquées par des barricades et des routes bloquées. À Rahouia, à environ 40 km de Tiaret, des citoyens ont empêché le préfet de quitter le siège du district avant d’écouter leurs préoccupations, selon TF1. La situation a été exacerbée par le fait que les promesses faites avant la fête musulmane de l’Aïd al-Adha n’ont pas été tenues, augmentant ainsi la colère des habitants.
Les manifestations, rares depuis l’élection de M. Tebboune en décembre 2019, surviennent à quelques mois de l’élection présidentielle anticipée prévue pour le 7 septembre. Bien qu’il n’ait pas encore annoncé sa candidature, M. Tebboune reste très actif dans les médias.
Les tensions à Tiaret illustrent les défis auxquels l’Algérie est confrontée en matière de gestion des ressources en eau dans un contexte de changement climatique. La réponse gouvernementale sera cruciale non seulement pour apaiser les manifestations actuelles, mais aussi pour garantir une stabilité à long terme dans cette région vulnérable.
Karim Chaabane