Les hausses de droits de douane sur les exportations de la Chine créent des frictions, selon le ministère chinois du Commerce.
L’Union européenne pourrait déclencher une « guerre commerciale » si elle continue d’intensifier les tensions, a averti hier le ministère chinois du Commerce, accusant le bloc de pratiques déloyales au cours de son enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois qui a duré huit mois.
Cet avertissement fait suite à l’annonce par l’UE de nouveaux droits de douane élevés allant jusqu’à 38 % sur les fabricants chinois de véhicules électriques, auxquels Pékin a répondu en lançant une enquête antidumping visant certains produits à base de porc du bloc. Pékin avait précédemment averti qu’il ciblerait les secteurs de l’aviation et de l’agriculture de l’UE en réponse à cette taxe.
« La partie européenne continue d’intensifier les frictions commerciales et pourrait déclencher une ‘guerre commerciale’ », a déclaré vendredi le porte-parole du ministère chinois du Commerce, cité par les médias locaux. « La responsabilité incombe entièrement à la partie européenne », a souligné le porte-parole.
Le communiqué dénonce l’enquête anti-subventions menée par l’UE, affirmant que le bloc a ignoré l’important consensus atteint par les dirigeants des deux parties. « Cela a prédéterminé les résultats de l’enquête, imposé des taux de droits de douane inappropriés, porté atteinte aux intérêts des entreprises des deux côtés, sapé la coopération économique et commerciale globale entre la Chine et l’UE… », aurait déclaré le porte-parole, ajoutant que « l’approche de l’UE est typique du protectionnisme ».
En septembre 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé la soi-disant enquête anti-subventions lors de son discours annuel sur l’état de l’UE, sans en informer la partie chinoise au préalable.
Selon Reuters, la déclaration du ministère chinois du Commerce a été publiée environ une heure avant l’arrivée du ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, à Pékin. Le voyage de trois jours de Habeck en Chine est le premier d’un haut responsable d’un pays de l’UE depuis que Bruxelles a proposé des taxes qui pourraient nuire aux entreprises allemandes.
Parallèlement, les constructeurs automobiles chinois ont exhorté mardi dernier Pékin à augmenter les droits de douane sur les voitures à essence dotées de moteurs plus gros et importées d’Europe.
Les statistiques officielles montrent que les exportations de voitures de l’UE vers la Chine représentaient 19,4 milliards d’euros (20,8 milliards de dollars) en 2023, tandis que le bloc a acheté pour 9,7 milliards d’euros de véhicules électriques à la Chine.
Les constructeurs automobiles allemands seraient les plus exposés à toute contre-mesure de Pékin étant donné que le marché chinois est un marché majeur pour les exportations automobiles du pays, préviennent les experts du secteur.
La décision de l’UE fait suite aux États-Unis qui ont quadruplé les droits de douane sur les véhicules électriques chinois pour les porter à plus de 100 % au début du mois, affectant 18 milliards de dollars de produits chinois importés.
Pékin a averti que de telles mesures violaient les principes de concurrence loyale et nuisaient à la stabilité du commerce mondial.