L’Union européenne (UE) pourrait enquêter sur la plateforme pour diffusion de « désinformation » auprès des utilisateurs russophones, a déclaré la vice-présidente de la Commission des valeurs et de la transparence du bloc, Vera Jourova.
Telegram sous-déclare ses numéros d’utilisateurs pour éviter d’être ciblé par les régulateurs de l’UE, a affirmé hier la vice-présidente de la Commission des valeurs et de la transparence du bloc, Vera Jourova. Elle a également accusé Moscou d’utiliser la plateforme pour diffuser de la « désinformation » parmi les résidents russophones de l’UE, affirmant que les pays baltes, la Pologne et la Bulgarie sont parmi les plus exposés.
« Je ne fais pas confiance à Telegram, je ne pense pas qu’ils comptent seulement 42 millions d’utilisateurs », a déclaré Jourova dans une interview accordée dimanche 23 juin 2024 à Suddeutsche Zeitung. Elle a ajouté que la Commission européenne est convaincue que l’audience de Telegram s’élève à plus de 45 millions de personnes – le seuil pour un contrôle réglementaire.
La Commission examine actuellement si elle devrait enquêter sur la plateforme, a révélé Jourova.
En mai dernier, Bloomberg citait des sources anonymes affirmant que les législateurs européens envisageaient de classer Telegram, fondée par l’entrepreneur d’origine russe Pavel Durov il y a moins de dix ans, comme une « très grande plateforme en ligne ». Cette décision soumettrait l’application de messagerie axée sur la confidentialité à une réglementation stricte en matière de censure.
En février 2024, Telegram comptait en moyenne 41 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans l’UE au cours des six mois précédents. Ce chiffre est inférieur au seuil requis pour que les plateformes de médias sociaux soient soumises à des obligations plus spécifiques en vertu de la loi européenne sur les services numériques (DSA). Le règlement impose aux entreprises situées en dehors du bloc d’avoir une représentation légale dans l’un de ses États membres.
Le DSA, entré en vigueur en février, permet aux régulateurs du bloc d’infliger des amendes aux plateformes pouvant atteindre 6 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial s’il s’avère qu’elles ont enfreint ses règles. Le règlement donne également à l’organisme de surveillance de l’UE le droit d’interdire aux récidivistes d’opérer dans le bloc.
Bruxelles a déjà ouvert des enquêtes sur X (anciennement Twitter) pour violations présumées des règles de l’UE dans des domaines liés à la gestion des risques, à la modération du contenu, aux dark patterns, à la transparence de la publicité et à l’accès aux données pour les chercheurs. Des enquêtes similaires ont été ouvertes concernant TikTok et Meta, cette dernière étant la société mère de Facebook, Instagram et WhatsApp.