Quelque 166 petits entrepreneurs, dont 55 femmes, ont été soutenus par le « Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable », implémenté par l’Association tunisienne pour la gestion et la stabilité sociale (TAMSS).
D’une durée de deux ans, ce programme a été clôturé mardi 25 juin 2024 lors d’un séminaire de capitalisation organisé au Palais des Lettres et des Arts au Bardo.
Le programme a proposé un appui technique couvrant diverses thématiques pertinentes liées aux activités des entrepreneurs, ainsi qu’un support financier pouvant atteindre 5 000 € (16,7 mille dinars) par entrepreneur. Il avait pour objectif de renforcer la compétitivité des régions et de développer l’écosystème du tourisme.
Grâce à ce programme, 42 petites entreprises ont été créées et 200 emplois générés dans différentes régions de la Tunisie, telles que le nord-ouest, le sud-ouest, Nabeul, Zaghouan, Tunis, Mahdia, Sfax et Djerba-Zarzis.
Les projets soutenus ont touché divers domaines, de l’hébergement alternatif (maisons d’hôtes, gîtes ruraux) à la collecte et au recyclage des déchets, en passant par l’organisation d’excursions et de randonnées, la spéléologie, la confection de bijoux, la vente de dessins et aquarelles sur internet, les technologies immersives, la fabrication de couvertures et de tissus traditionnels, la gastronomie traditionnelle, ainsi que la production de fleurs ornementales et comestibles. Ces initiatives permettront de valoriser les ressources locales et de préserver l’héritage naturel et culturel des régions concernées.
Tourisme durable, une nécessité
Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Moez Belhassine, a souligné que la promotion du tourisme durable est non seulement une alternative au tourisme traditionnel, mais aussi une nécessité pour la préservation des ressources naturelles, culturelles et sociales. Il a affirmé que le tourisme durable repose sur le principe fondamental de la conservation des ressources naturelles et culturelles pour les générations futures.
Il a également mentionné que la Tunisie possède une biodiversité remarquable, des paysages variés allant des plages immaculées aux oasis verdoyantes, ainsi que des sites archéologiques riches en histoire, et qu’il est de leur responsabilité de protéger ces trésors tout en les partageant avec les visiteurs du monde entier.
Projet « Promotion du tourisme durable en Tunisie »
M. Belhassine a ajouté que le tourisme durable et responsable implique un engagement envers les communautés locales, en s’assurant que les retombées économiques du tourisme bénéficient à ceux qui en ont le plus besoin, en favorisant le développement des petites entreprises locales, en créant des emplois durables et en respectant les droits et la dignité des habitants. La stratégie de développement du tourisme durable vise à équilibrer les besoins des visiteurs, de l’industrie, de l’environnement et des communautés locales.
Le « Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable » a été mené dans le cadre du projet « Promotion du tourisme durable en Tunisie », mis en œuvre par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat avec le soutien de la GIZ. Ce projet a été financé conjointement par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et l’Union européenne dans le cadre de son programme « Tounes Wijhetouna » (La Tunisie, notre destination).
Diversifier l’offre touristique en Tunisie
De son côté, José Froehling, chef de Promotion du tourisme durable, lors de son intervention, a souligné que le principal objectif de ce projet est de diversifier l’offre touristique en Tunisie, d’améliorer sa compétitivité, de contribuer à la croissance économique et de créer de nouveaux emplois dans le secteur du tourisme. Il a mentionné que des progrès significatifs ont été réalisés au cours des deux dernières années grâce au programme de soutien aux initiatives entrepreneuriales.
Le programme a mis l’accent sur l’émergence d’une offre de tourisme durable dans les régions du nord-est, du nord-ouest, du sud-ouest, à Sfax… Ces régions ont bénéficié de nouvelles inclusions grâce aux efforts déployés. Le programme, capitalisé aujourd’hui, comporte deux volets principaux : un volet technique et un volet financier.
Un soutien financier crucial
Le soutien technique a été essentiel, offrant aux bénéficiaires une valeur ajoutée grâce à des conseils personnalisés. Cet accompagnement individuel a permis aux partenaires de mettre en œuvre leurs idées et de développer leurs activités économiques de manière durable. Parallèlement, le soutien financier a joué un rôle crucial en fournissant les fonds nécessaires, réduisant ainsi les risques d’investissement et permettant aux partenaires de démarrer directement leurs projets. Cela a accéléré et rendu plus efficace la mise en œuvre de nouvelles initiatives dans le tourisme durable.
Froehling a également souligné l’importance des partenariats et de la collaboration étroite pour le succès du programme. La coopération avec les commissaires régionaux et les organisations de gestion de destination a été déterminante. Cette relation a permis de sélectionner des projets ayant un fort impact régional, renforçant ainsi la communauté locale et enrichissant l’offre touristique.
Il a tenu à remercier les organisations qui ont promu le programme et aidé à atteindre les bénéficiaires dans différentes régions, notamment celles qui n’avaient pas auparavant accès à de telles initiatives. Ces collaborations ont été essentielles pour le succès du programme.
Des chiffres concrets
Les résultats de ce programme sont impressionnants : 66 000 bénéficiaires ont été soutenus techniquement et 134 bénéficiaires ont reçu un soutien financier, créant près de 200 emplois. M. Froehling a conclu en affirmant que le programme de soutien aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable est un exemple concret de travail et de succès communs, exprimant sa gratitude à tous les partenaires et collaborateurs.
Les chiffres du tourisme durable
Chaima Gargouri, fondatrice et directrice exécutive de l’association TAMSS, est revenue sur le concept de « slow travel », une tendance internationale également appelée « voyage en douceur ». Selon elle, cette approche, qui privilégie la lenteur et la profondeur des expériences de voyage, répond à un besoin actuel de prendre son temps, même dans un contexte d’action locale.
Mme Gargouri a ensuite présenté des chiffres impressionnants pour illustrer l’importance croissante du tourisme durable. En 2023, la taille du marché mondial du tourisme durable était estimée à 2,73 millions de dollars américains et devrait atteindre environ 9,17 millions de dollars d’ici 2032, avec un taux de croissance annuel de 14,40 %.
Elle a souligné que le tourisme durable est stratégique pour le développement, évoquant le concept de « localisation » qui a gagné en importance dans les secteurs humanitaire et de développement depuis une décennie. Cette approche met en avant le leadership local et renforce les systèmes locaux pour répondre aux besoins des communautés. Selon Mme Gargouri, le tourisme durable s’inscrit parfaitement dans cette perspective.
Profil des entrepreneurs du tourisme durable
Chaima Gargouri a également dressé le profil des entrepreneurs du tourisme durable, les distinguant des startups et des investisseurs traditionnels. Pour elle, ces entrepreneurs se caractérisent par une forte composante émotionnelle, axée sur le partage, l’échange et l’humanité. Le voyageur qui opte pour le slow travel recherche une aventure humaine et une connexion avec l’autre, ce qui diffère des motivations touristiques habituelles.
Elle a mis en avant la richesse émotionnelle et culturelle de la Tunisie, soulignant l’importance de trouver un équilibre entre passion et professionnalisme pour les responsables de la mise en œuvre de ce programme.
Elle a également expliqué que les subventions et les dons ne sont pas des fonds perdus, mais un investissement précieux qui inclut l’apport personnel des entrepreneurs. Durant les 18 dernières années, l’association TAMSS a conçu environ 400 projets, dont 100 ont été mis en œuvre, touchant divers domaines comme l’entrepreneuriat féminin et l’accès aux droits pour les personnes vulnérables.
Dans son intervention, la cheffe du projet, Jihen Mzali, a partagé les résultats d’une étude d’impact réalisée récemment, révélant des données significatives concernant les bénéficiaires du projet. Elle a expliqué que sur plus de 1 800 candidats, seuls 166 bénéficiaires ont été sélectionnés, parmi lesquels se trouvent 111 hommes et 55 femmes. La majorité des bénéficiaires se situent dans la tranche d’âge 45 – 60 ans, et 64 % d’entre eux possèdent un diplôme universitaire.
Les activités soutenues incluent principalement des maisons d’hôtes, des tables d’hôtes, des activités de plein air et des projets high-tech.
Elle a souligné que le projet a permis de formaliser 42 initiatives, avec des formes juridiques variées, dont 54 % en tant qu’entreprises individuelles et 31% en SARL. Le capital moyen des activités se situe entre 10 000 et 20 000 euros. De plus, 64 % des bénéficiaires n’avaient jamais eu recours aux crédits bancaires, ce qui démontre le manque de soutien des institutions financières et souligne l’importance de la subvention accordée par le projet.
Amour et passion
L’étude a également révélé que 80% des bénéficiaires sont satisfaits de la subvention, celle-ci étant parfois supérieure ou égale à leur capital initial. Mme Mzali a insisté sur l’impact positif des formations dispensées, lesquelles ont permis aux bénéficiaires de développer des compétences pratiques et d’améliorer leur visibilité, leur part de marché et leur gestion de trésorerie. Plus de 85 % des bénéficiaires ont exprimé leur satisfaction vis-à-vis des formations reçues.
Au-delà des chiffres, Mme Mzali a évoqué l’expérience humaine et les parcours de vie des bénéficiaires, soulignant la passion et la générosité qui les animent. Les différents panélistes dans le panel portant sur le parcours entrepreneurial dans le tourisme durable ont présenté des expériences qui ont fait leurs preuves. La majorité a affirmé avoir commencé leur projet par amour et passion. Ils ont pointé du doigt l’absence de cadre réglementaire et ont souligné l’importance du travail en collaboration. Ils ont indiqué la valeur ajoutée des formations et appuis techniques qu’ils ont reçus.