Quatre jours avant les élections législatives en France, la candidate de la majorité présidentielle, « Ensemble pour la République » de la 9ème circonscription couvrant les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, Samira Djouadi, était de passage à Tunis. Nous l’avons rencontrée, histoire d’en savoir plus sur la femme qui dit être la seule candidate capable de faire front à la montée de l’extrême droite. En tout cas elle compte, entre autres, sur les 20 mille électeurs en Tunisie pour relever le défi.
D’abord, si on commençait par connaître la candidate. Que peut-on savoir sur Samira Djouadi?
Samira Djouadi, 54 ans, une femme engagée en politique depuis 35 ans. Je suis conseillère au Conseil économique et social et environnemental. Je détiens un BTS en gestion, un diplôme d’éducatrice sportive ainsi qu’un diplôme de l’université Dauphine.
Je suis une sportive qui mouille son maillot pour la réussite d’un projet, d’une idée. Une combattante qui ne se laisse pas faire.
La dernière candidate de la 9ème circonscription, Caroline Traverse, qui était à votre place il y a un an, n’a pas pu résister au raz-de-marée de l’extrême droite. Qu’est-ce qui vous fait croire que vous pouvez réussir là où elle a échoué?
Je pense réussir en mobilisant les gens. C’est pour cela que je suis aujourd’hui à Tunis. Il faut savoir que dans cette 9ème circonscription, seulement 10 % ont voté lors de la dernière élection. Où sont les autres 90 %?
En fait, j’ai parlé avec certains d’entre eux et ils me disent qu’ils ne se sentent pas représentés. Ils ne se reconnaissent pas à travers ceux qui veulent les représenter. C’est sur ces gens là qu’il faut travailler. Il faut les convaincre que c’est ensemble qu’on peut combattre les extrêmes.
C’est vrai qu’on a peu de temps, mais je pense pouvoir les convaincre. Les convaincre de voter pour une candidate de la majorité présidentielle. Une candidate qui aura demain l’oreille du président pour faire changer les choses.
Dans votre manifeste vous dites que vous êtes la « seule » à pouvoir vaincre les extrêmes. N’est-ce pas là un excès de confiance?
Effectivement. Je suis la seule parce que je suis une femme de terrain. Les électeurs ont besoin aujourd’hui de quelque chose de concret, ils n’ont pas besoin de promesses politiques.
Lorsqu’on parle de la 9ème circonscription, on parle de plusieurs pays et d’un pays à un autre les besoins et les demandes diffèrent. Aujourd’hui, j’ai discuté avec des parents d’élèves de l’école française à Tunis et j’ai pu constater que les thématiques relevées étaient bien spécifiques, du moins différentes de celles des parents d’élèves de l’école française d’Abidjan, par exemple.
Que proposez-vous exactement aux électeurs en Tunisie?
La priorité c’est l’éducation. Il faut maîtriser les coûts de la scolarité. Sans parler de gratuité, ce serait un mensonge, il faut augmenter les bourses accordées aux parents.
Autre idée, qui n’a pas été soulevé dans les autres pays mais seulement ici à Tunis, la voie professionnelle. Tout le monde n’a pas la chance de faire des études. Pour ceux qui le souhaitent, il n’existe pas de voie professionnelle. Il faut y penser et apporter quelque chose qui puisse répondre à cette attente.
Il y a aussi la problématique des visas pour les membres des familles des « repats ». Il faut penser à une idée de sponsoring. Comment demain un Français d’origine tunisienne, par exemple, pourra sponsoriser des membres de sa famille. Et ce, pour les faciliter l’obtention d’un visa, qu’il puisse devenir un garant en quelque sorte.
Je pense aussi à la question de l’entrepreneuriat. Je connais beaucoup de binationaux qui sont revenus dans en Tunisie pour créer leurs propres entreprises. Sur ce point, il faut travailler sur les moyens de faciliter les démarches administratives entre la France et le pays d’origine. Il y a l’aspect administratif, mais il y aussi l’aspect financier. Il faut trouver les mécanismes pour que ces binationaux puissent profiter des financements offerts par la France. Ils existent, mais il faut pousser pour aller plus loin.
Certains diront que c’est un paradoxe. Comment expliquez-vous que dans des pays du Maghreb arabe l’extrême droite puisse gagner les élections? C’était le cas lors des dernières législatives.
C’est mon crève-cœur. D’ailleurs, c’est ce qui m’a fait prendre la décision de me présenter à cette élection. Mobiliser les gens et dire qu’on ne choisit pas les extrêmes, on les combat.
Pourtant, du moins sur la plan national, tous les sondages disent que c’est le RN qui va gagner les législatives.
Je n’y crois pas du tout. Les sondages peuvent raconter ce qu’ils veulent, je ne peux pas imaginer que la France puisse choisir le RN. Ce n’est pas possible.
Les Français sont en colère, ils l’ont dit lors des élections européennes. Le message est passé et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre la décision du président Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Il aurait pu attendre et finir son mandat tranquille. Le faire, c’est dire aux Français que c’est désormais à eux de choisir. De choisir ce que les Français veulent de la France. Et je suis persuadée que les Français ne veulent pas d’une France gouvernée par les extrêmes.