Les autorités françaises doivent rassurer les investisseurs étrangers sur le fait que les finances du pays sont en ordre, sous peine de risquer une nouvelle explosion des spreads des obligations d’État françaises, selon le responsable des investissements multi-actifs chez Allianz Global Investors.
Les investisseurs étrangers détiennent une part bien plus importante de la dette publique française que d’autres pays, et certains craignent que les troubles politiques actuels ne déclenchent une crise de la dette européenne similaire à celle connue il y a dix ans, a déclaré, mardi 25 juin, Gregor Hirt, dont la division dispose de 156 milliards d’euros d’actifs sous gestion.
« Tout rappel de la crise de la dette souveraine européenne est un signal d’alarme pour de nombreux investisseurs internationaux », a-t-il déclaré.
Les craintes qu’une victoire de l’extrême droite ou de la gauche n’aggrave les finances publiques françaises gonflées ont effrayé les marchés et provoqué une vente massive de la dette française. La prime que les investisseurs demandent pour détenir les obligations françaises à 10 ans par rapport aux obligations allemandes a atteint vendredi dernier son plus haut niveau depuis que la zone euro était au plus profond de la dernière crise de la dette.
Hirt était en Asie lorsque le président français Emmanuel Macron a choqué les marchés en annonçant des élections législatives anticipées et a pu constater par lui-même la réaction de ses clients.
« Nous avons besoin d’une action du gouvernement français, d’une certaine stabilisation, pour que ces grands investisseurs se sentent rassurés », a-t-il déclaré.
En 2023, les investisseurs étrangers représentaient environ 50 % du marché de la dette française, selon le Fonds monétaire international. Cela se compare à une part d’environ 30 % en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
A l’approche du premier tour des élections législatives de dimanche, Hirt maintient une surpondération du dollar américain par rapport à l’euro, malgré la récente reprise des données économiques de la zone euro. Il considère l’or comme un bouclier contre les troubles géopolitiques.
Contrairement aux élections françaises, Hirt affirme que les élections générales britanniques du 4 juillet seront un « non-événement » pour les marchés, car on s’attend généralement à ce que les travaillistes remportent le pouvoir. Il est optimiste quant aux actions britanniques et estime que les travaillistes pourraient nouer des liens plus étroits avec l’UE s’ils gagnent.
Allianz continue de détenir une position longue sur les bons du Trésor américain à 10 ans. L’élargissement des spreads de la zone euro dans un contexte de liquidation française n’offre pas suffisamment de rendement supplémentaire pour faire de la dette française une opportunité d’achat, a-t-il souligné.
« Le risque pour la France est que le spread de sa dette continue de s’élargir. », a conclu Allianz.