Aux yeux de la majorité des démocrates, une évidence s’impose : la forme physique et l’acuité mentale de Joe Biden, leur candidat naturel à la prochaine élection présidentielle, ne lui permettent guère d’occuper la fonction présidentielle quatre années supplémentaires. Dont acte.
Les chiffres ne trompent pas. Selon un sondage CBS News/YouGov réalisé dans les 48 heures qui ont suivi le premier débat présidentiel entre le président sortant, Joe Biden et son rival républicain, 72 % des électeurs américains pensent que le premier ne possède pas la santé mentale et cognitive requise pour exercer la fonction de président, après sa performance décevante lors du débat de la semaine dernière avec Donald Trump. Et que, par conséquent, il ne devrait pas solliciter un deuxième mandat. Pis, dans le camp démocrate, plus de quatre électeurs sur dix croient que l’actuel locataire de la Maison Blanche ne devrait pas être le candidat officiel du parti aux élections de novembre.
Vent de panique
« Désastre, catastrophe, débâcle »… Tels étaient les premiers commentaires des analystes politiques aux Etats-Unis qui qualifient la prestation de Joe Biden de « catastrophique ». Au point que Kate Bedingfield, l’ex-directrice de la communication du président candidat à sa propre succession a prévenu, glaciale, que « les démocrates ont commis un suicide collectif » !
Pour sa part, le prestigieux magazine Time a consacré sa couverture à l’effroi qui a saisi le parti de Joe Biden, après son débat télévisé raté face à Donald Trump, le 27 juin sur CNN. « Panique, le mot n’est pas trop fort pour décrire le sentiment qui a traversé le Parti démocrate, du sommet à la base, au fil du débat », écrit le bimensuel. Lequel ajoute : « A la fin du débat, les démocrates ont commencé presque immédiatement à se demander si et comment Biden pouvait être convaincu de se mettre en retrait, dans l’intérêt du parti, pour le pays et pour le candidat lui-même. »
C’est dire le vent de panique chez les démocrates américains, après le naufrage de Biden lors du débat télévisé sur CNN entre les deux candidats à la présidentielle américaine, qui a largement tourné en faveur de Donald Trump.
En effet, devant des millions de téléspectateurs qui suivaient ce débat, jeudi 27 juin, le président a été perçu comme un vieillard à la démarche raide et au phrasé incohérent et inaudible, l’air parfois désorienté, regard dans le vide, réponses parfois imprécises, voire incohérentes. Alors qu’en face de lui, son adversaire tel un taureau, en dépit de ses 78 ans, pétait la santé en assénant, comme à l’accoutumée et avec la même énergie, le vrai comme les pires contrevérités.
Bref, au lieu de convaincre un électorat qui se pose des questions, d’ailleurs légitimes, sur sa forme physique et son acuité mentale, la prestation désastreuse du président démocrate lors des 90 minutes du débat télévisé dans les studios de CNN a plutôt confirmé la question lancinante : le président a-t-il les capacités d’occuper la fonction présidentielle quatre années supplémentaires?
« Un mauvais débat, ça arrive »
A noter à ce propos que depuis ce fameux débat, les conseillers de la Maison Blanche se sont employés avec les moyens de bord à sauver ce qui restent de meubles, pour calmer la panique, notamment chez les donateurs. Ainsi, plusieurs figures démocrates sont venues à sa rescousse, à l’instar du très respecté ancien président Barack Obama. Ce dernier est aussi monté au créneau pour défendre son ancien binôme, minimisant sa désastreuse performance en prenant pour exemple son propre échec oratoire en 2012 face au républicain Mitt Romney. Il a tweeté : « Un mauvais débat, ça arrive ». Maigre consolation!
A la recherche de l’oiseau rare
Pour les démocrates, il s’agit de lui trouver un remplaçant pour éviter d’essuyer une éventuelle défaite monumentale début novembre. Mais, par qui le remplacer à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en novembre prochain?
Dans un éditorial très remarqué publié vendredi 28 juin, le New York Times, a appelé le président à se retirer de la course. « C’est le plus grand service qu’il puisse rendre à son pays », pour espérer « sauver la démocratie », écrit le quotidien, soutien historique des démocrates. Mais qui prendra la relève?
Il y a bien Kamala Harris, actuelle numéro deux du pays. Le magazine économique Fortune rappelle à ce propos que l’attelage Biden-Harris disposait de près de 212 millions de dollars de dons fin mai. Ainsi, il faudrait que cette dernière reste sur le ticket pour que les démocrates puissent injecter l’argent dans une potentielle nouvelle campagne.
Dans l’attente de la convention démocrate du 19 au 22 août à Chicago qui avalisera son champion, des noms circulent déjà, notamment celui de l’étoile montante du parti démocrate, Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan, qui se verrait bien candidat en 2028. Ou encore, Josh Shapiro, gouverneur de la Pennsylvanie, un autre État clé, fait aussi office de favori. Et pourquoi pas Hillary Clinton, une revenante d’outre-tombe, candidate malheureuse en 2020 contre Trump?