Les élections françaises du dimanche 7 juillet 2024, avec une possibilité que l’extrême droite l’emporte finalement dans la deuxième économie de la zone euro, ont mis les marchés et la BCE en état d’alerte en cas de réaction violente des marchés obligataires.
La prédominance de l’extrême droite signifiera également la mise en œuvre de son programme électoral, dont l’essentiel est l’augmentation des dépenses et de la dette dans la deuxième économie de la zone euro. Ceci, alors que la France est déjà confrontée à des problèmes budgétaires, avec une dette supérieure à 100 % de son PIB et un déficit qui devrait atteindre 5 à 5,5 % du PIB cette année.
La réaction des marchés devrait être violente non seulement pour la France et l’Allemagne qui récolte le prix de la hausse de l’AfD, mais aussi pour toutes les obligations du sud de l’Europe, les obligations grecques et italiennes en premier, étant donné que les deux pays ont encore une dette très élevée.
Lors de la réunion bancaire de Sintra, au Portugal, mardi 2 courant, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a indiqué qu’elle avait reçu le « message » et que la Banque était déjà en « mode combat ». À propos de cette question, elle a clairement indiqué que la stabilité des prix est une tâche essentielle de la BCE, mais que cette stabilité dépend également de la stabilité financière et que la Banque est prête, après les élections en France, à prendre les bonnes décisions.
La ligne de défense de la BCE
La BCE a déjà mis en place une « ligne de défense » avec un outil qui permet des achats extraordinaires d’obligations au cas par cas, dont les marchés, en raison d’une crise, augmentent fortement les rendements obligataires de la zone euro, créant des écarts entre les pays surendettés et non-endettés.
Appelé Transmission Protection Instrument (TPI), bien qu’il ait été adopté depuis 2022 en raison de la forte hausse de la dette dans la zone euro pendant la pandémie de coronavirus, l’outil n’a en pratique jamais été activé.
Mais au-delà de l’outil d’urgence, la BCE peut gérer une crise légère grâce au portefeuille d’environ 5 500 milliards d’euros qu’elle a accumulé grâce aux achats d’obligations qu’elle a effectués depuis 2014, via l’APP puis le programme d’achat d’obligations d’urgence (PEPP) en raison de la crise de la pandémie de coronavirus, avec pour conséquence que la BCE détient toujours 38,5 milliards de dette grecque.
Dans le cadre d’une politique monétaire stricte, il a été décidé de réduire cet énorme portefeuille en arrêtant le réinvestissement par la banque des obligations arrivant à échéance. Cette situation pourrait s’inverser pendant un certain temps, jusqu’à ce que les marchés trouvent une nouvelle direction et que la situation se normalise.
Ce qui est sûr, c’est que le conseil de politique monétaire, qui se réunira le 18 du mois, n’aura pas pour seul thème la prochaine baisse des taux d’intérêt, dont il y a peu de chances qu’elle ait lieu en septembre.
Les membres du Conseil devraient également se positionner à nouveau sur la question du portefeuille obligataire de la banque, en fonction bien entendu des données qui seront disponibles.