Des origines algériennes dont il ne pipe mot, des études universitaires médiocres, une méconnaissance totale des rouages de l’Etat, telles sont les « qualité » de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN) qui se retrouve aujourd’hui aux portes de Matignon.
Ironie du sort : Jordan Bardella, le président du RN qui se voit déjà à Matignon- si son parti d’extrême droite qui répète ad nauseam que l’immigration représente une « menace pour la France », obtenait une majorité absolue à l’Assemblée nationale le 7 juillet dimanche prochain- est rattrapé par ses origines algériennes. Et ce, bien qu’il ait toujours mis régulièrement en avant ses racines de l’autre côté des Alpes, arguant que ses grands-parents sont « aux trois quart » italiens.
Des origines qui sont un tabou
Ainsi, dans une enquête publiée récemment par le magazine Jeune Afrique sur les racines et l’enfance de celui qui caracole en tête des sondages d’intentions de vote pour le second tour des élections législatives anticipées, il appert que son arrière grand-père, Mohand Séghir Mada, né en 1903 dans le village d’Aït Rizine, dans la wilaya de Béjaïa, était un travailleur immigré algérien. Il s’est installé en France au début des années 1930 pour y travailler et se marier.
Fuyant la misère en Algérie, l’ancêtre de Jordan Bordella s’installe dans la région lyonnaise, travaillant dans une teinturerie à Villeurbanne. A l’époque, l’industrie du textile est très développée dans l’agglomération lyonnaise. Une importante population immigrée européenne ou du Maghreb y travaillait.
Contrairement à son frère Bachir, Mohand Séghir a choisi de rester en France, rompant les liens avec sa famille en Algérie. Il s’est marié à une Française, Denise Annette Jaeck, et a eu quatre enfants, dont Réjane, la grand-mère de Jordan Bardella. Son union civile est enregistrée par un acte de mariage en mairie de Villeurbanne.
Bien entendu, l’information est considérée comme un tabou dans la famille Bardella et au sein du parti. Le jeune président du RN n’en parle en effet jamais, au grand jamais, ni en privé ni en public.
Le cancre de la classe
Mais, les malheurs du président du RN ne s’arrêtent pas là. Ainsi, Le Canard Enchaîné dévoile dans son édition du mercredi 3 juillet que celui qui se retrouve aujourd’hui aux portes de Matignon et du fauteuil de Premier ministre français n’a jamais travaillé en dehors du monde politique et que son cursus universitaire s’arrête à la première année de fac. Révélant encore qu’en trois ans de présence à l’université, l’intéressé n’a réussi qu’à valider sa première année de licence en géographie à Paris – La Sorbonne.
Fouillant dans les archives de la Sorbonne pour évaluer le parcours universitaire de Jordan Bardella, le journal satirique souligne qu’après avoir obtenu une mention « très bien » au bac ES au lycée privé Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Saint-Denis, le jeune bachelier tenta d’intégrer Sciences-Po Paris avec un sujet sur la guerre d’Algérie, mais échoue au concours d’entrée.
Il s’inscrit alors en première année de géographie et en double licence histoire et espagnol. Toutefois, ses premières notes sont très basses : 5/20 de moyenne.
Ses résultats ne s’améliorent pas par la suite, insiste Le Canard enchaîné : 5/20 et 2,6/20 aux semestres ; 4 et 5, avec « une majorité de 0 pointé » et un 5/20 en monde arabe.
En fin de troisième année, il obtient une note globale de 1,8/20, ne se présentant qu’à une seule des dix épreuves nécessaires, sur le thème de l’Union européenne, pour laquelle il obtient 14,5/20.
Il abandonne alors la licence après un semestre, mais valide sa première année de géographie avec des notes de 10,5/20 et 12,75/20 au second semestre. Et ce, grâce à une session de rattrapage en 2014, où il obtient un 17,5/20 en… aïkido, un art martial japonais d’auto-défense!
Ainsi, le président du parti d’extrême droite espère notamment instaurer un « big bang » de l’autorité à l’école, pour notamment contrer « la dégradation éducative de la France ». Et « Jordan Bardella sait de quoi il parle », souligne Le Canard Enchaîné, non sans malice, en mettant en exergue ses piètres notes à l’université
Inexpérience
D’autre part, et pour mieux insister sur son inexpérience, l’article de l’hebdomadaire parisien révèle le fait que le jeune Bardella n’a jamais connu le monde du travail réel en dehors du monde politique.
Selon l’hebdomadaire parisien, il était déjà impliqué dès 2016 au Front national au niveau européen. Il obtient ainsi un contrat d’assistant parlementaire « fantôme de quatre mois et demi » auprès du député européen FN Jean-François Jalkh , « un cacique du Front national accusé en 2000 d’avoir rouvert le débat sur les chambres à gaz », rappelle le média économique Les Échos.
Remarqué par Florian Philippot, numéro 2 du FN, il effectue des « vagues » missions de communication pour ses services; avant de décrocher un poste à mi-temps auprès du trésorier du RN. Il est payé 2,5 fois le Smic de l’époque : 1 200 euros nets pour un poste à mi-temps.
« Bardella, on l’a peut-être sollicité ponctuellement, admettait Florian Philippot dans les colonnes de Libération. Mais il n’a jamais géré ma com, il faisait cela sans qu’on lui demande rien. C’était un militant qui faisait du zèle ». Cinglant.
Poids plume
Avec les révélations sur ses origines maghrébines qu’il prend soin de cacher, ainsi que le déballage très embarrassant de son cursus universitaire, sans parler de sa méconnaissance totale du monde du travail et des rouages de l’Etat, c’est tout ce que l’éventuel Premier ministre a à présenter aux électeurs dimanche prochain, pour le second tour des législatives françaises.
Fera-t-il le poids face à un Emmanuel Macron, diplômé des Sciences Po et connu pour son impressionnante mécanique intellectuelle, en cas de cohabitation? Rien qu’à évoquer cette hypothèse, cela prête à sourire…