Le réalisateur et scénariste italien Paolo Genovese a présenté à Tunis son film « Il primo giorno della mia vita » (Le premier jour de ma vie) qui aborde plusieurs thématiques d’actualité.
Projeté, jeudi 5 juillet, au cinema Madart à Carthage au démarrage de la manifestation « Italian Screens« , ce film sorti en 2023 est l’adaptation cinématographique du roman éponyme écrit par Paolo Genovese, publié chez Einaudi en 2018.
Paolo Genovese est revenu sur les coulisses d’une œuvre littéraire adaptée au cinéma au cours d’un débat animé par le réalisateur tunisien Mourad Bechikh, un grand habitué des plateaux de tournage en Italie, qui assurait en même temps la traduction des propos du cinéaste italien vers le français.
Pour Mourad Bechikh, ce film n’est pas facile à présenter tellement riche avec plein de strates de signification qui se superposent dans sa construction ».
D’une durée de deux heures le long métrage retrace l’histoire de quatre personnages d’âges et d’expériences différentes qui veulent tous quitter la vie. Arianna est une policière en deuil ; Napoléon est un coach en bout de course ; Emilia est une ancienne gymnaste, en fauteuil roulant ; Daniele est un très jeune influenceur en surpoids et victime d’harcèlement.
Par une nuit pluvieuse, un homme mystérieux les embarque tous dans sa voiture et leur donne une semaine pour se donner une seconde chance et reprendre goût à la vie.
Le réalisateur et scénariste auteur de films comme Perfetti sconosciuti, Incantesimo napoletano et I Leoni di Sicilia-, mentionne que l’histoire est écrite en se référant à des évènements qui se sont déroulés à New York avec un tournage à Rome mais qui pourrait avoir lieu dans n’importe qu’elle métropole, Paris Londres ou Tunis… « .
Cette fiction à esprit philosophique dessine les contours d’une histoire « sur les êtres humains mais pas sur les villes » a déclaré Genovese. Elle est portée par un casting composé de Toni Servillo, Valerio Mastandrea et Margherita Buy.
La notion de « l’empathie » est au cœur de ce drame abordant des thèmes délicats tels que la réflexion sur l’existence et les relations humaines et s’inscrivant dans la même orientation du réalisateur pour les questions profondes.
Paolo Genovese est né le 20 août 1966 à Rome. Il est auteur de plusieurs films comme « Immaturi » (The Immature, 2011), Una famiglia perfetta (2012), Tutta colpa di Freud (2014), « Perfect strangers » (Perfetti sconosciuti, 2016), une comédie qui a fait l’objet de 23 remakes dans le monde, le film à succès « The place » (Café Rome, 2017), Le jeu (Fred Cavayé, 2018) et Supereroi (Amants super-héroïques, 2021).
« Il primo giorno della mia vita » est une fiction réalisée et coécrite par Paolo Genovese avec trois autres scénaristes. Genovese a expliqué ce choix disant qu’ en tant que réalisateur, « passer du roman à un film est une action assez naturelle: une fois on a écrit une histoire dans les moindres détails et situations, littérairement, tout est prêt pour être transformé en un film. »
Le recours à d’autres coscénaristes, avec lesquels il travaille depuis longtemps, s’explique par le fait que « le passage du roman à un film n’est pas aussi simple, notamment au niveau du dialogue ».
La scénographie a été adaptée aux besoins du film dont le tournage devait avoir lieu à New York en harmonie avec le lieu où se déroulent les évènements dans le roman. Le repérage des lieux du tournage avait coïncidé avec le début de la crise sanitaire du Covid 19 et la période du confinement.
Le tournage avait finalement eu lieu à Rome de telle sorte que la scénographie soit un lieu universel qui n’est ni Rome ni New York mais qui ressemble à n’importe qu’elle autre grande métropole », affirme Genovese.
S’exprimant sur la fin du film, le réalisateur estime que l’interprétation dépend du spectateur. Son choix était que l’un des personnages décide de passer à l’acte en se suicidant. Cette fin dramatique est un choix du réalisateur qui voulait traduire la complexité du phénomène du suicide.
Opter pour une fin heureuse aurait été, selon lui, un manque de respect par rapport à la thématique dramatique du film abordant l’histoire de quatre personnages vivant un malheur intérieur. Le mal être du Siècle « .
Pour les besoins du film le réalisateur a effectué un travail de recherche approfondie. Il a fallu « étudier la thématique du suicide, rencontrer des spécialistes et consulter des statistiques ».
Evoquant des études sur le suicide, le réalisateur dit avoir été surpris par les chiffres très élevés autour de ce phénomène. « Des statistiques au niveau mondial montrent que 30 pc de la population ont pensé au suicide au moins une fois dans leur vie.
Ceux qui arrivent à franchir le pas du suicide sont généralement des personnes n’ayant pas eu l’occasion d’être écoutées. Pour cela, Genovese croit en « la nécessité de recourir à l’écoute ».
Avec TAP