Les réfugiés et les migrants continuent de faire face à des violences extrêmes, à des violations des droits humains et à l’exploitation, non seulement en mer mais aussi sur les routes terrestres à travers le continent africain, en direction du littoral méditerranéen. C’est ce qui ressort d’un rapport publié vendredi 5 juillet par le HCR (Agence des Nations unies pour les réfugiés), l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) et le CMM (Centre sur la migration mixte), intitulé « Sur ce chemin, personne ne se soucie de savoir si vous vivez ou si vous mourez ».
Alors que l’on estime que le nombre de décès de réfugiés et de migrants dans le désert est le double de ceux qui surviennent en mer, le rapport met en lumière les dangers souvent ignorés auxquels ils sont confrontés sur ces routes terrestres. Ce document, basé sur trois ans de collecte de données, met en garde contre l’augmentation des traversées terrestres périlleuses et les risques croissants de protection qu’elles impliquent.
Cette situation est exacerbée par la détérioration des conditions dans les pays d’origine et d’accueil, notamment en raison de nouveaux conflits au Sahel et au Soudan, des impacts dévastateurs du changement climatique, ainsi que du racisme et de la xénophobie envers les réfugiés et migrants.
Torture, violence physique et détention arbitraire… les principaux abus
Le rapport souligne que dans certaines régions, les réfugiés et migrants traversent des zones contrôlées par des groupes insurgés, des milices et d’autres acteurs criminels. La traite des êtres humains, les enlèvements contre rançon, le travail forcé et l’exploitation sexuelle y sont monnaie courante. Pour éviter les zones de conflit et les contrôles frontaliers, certains itinéraires se déplacent vers des régions plus isolées, exposant encore davantage ces personnes aux dangers.
Parmi les abus signalés figurent la torture, la violence physique, la détention arbitraire, les enlèvements contre rançon, la violence et l’exploitation sexuelle, la réduction en esclavage, le travail forcé, le prélèvement d’organes, les vols et les expulsions collectives.
Les bandes criminelles et les groupes armés sont les principaux auteurs de ces abus, mais les forces de sécurité, la police, l’armée, les agents de l’immigration et les gardes-frontières y participent également.
Actions insuffisantes…
Malgré les engagements internationaux pour sauver des vies et protéger les personnes vulnérables, les trois organisations soulignent que les actions actuelles restent insuffisantes. D’énormes lacunes en matière de protection et d’assistance subsistent le long de la route de la Méditerranée centrale, poussant les réfugiés et migrants à poursuivre leur périple dans des conditions dangereuses. Les survivants de divers abus reçoivent rarement un soutien adéquat et un accès à la justice.
Le HCR, l’OIM, leurs partenaires et plusieurs gouvernements ont renforcé les services de protection et d’assistance, mais l’action humanitaire seule ne suffit pas. Les organisations appellent à des réponses de protection concrètes, basées sur les itinéraires empruntés, afin de sauver des vies et de réduire les souffrances, ainsi qu’à des efforts pour s’attaquer aux causes profondes des déplacements et des migrations irrégulières. Cela inclut la consolidation de la paix, le respect des droits humains, la bonne gouvernance, la réduction des inégalités, la lutte contre le changement climatique et la promotion de la cohésion sociale, ainsi que la création de voies d’accès sûres pour les migrants et réfugiés.
Les organisations espèrent que les conclusions de ce rapport inciteront à combler les lacunes actuelles dans la réponse aux besoins des personnes en déplacement.