Dans l’hexagone, tous les sondages sans exception réalisés avant le second tour des élections législatives anticipées confirment que l’écart entre les différentes formations se resserre avec une poussée de la gauche et du camp présidentiel. En revanche, l’avance du Rassemblement national se rétrécit comme une peau de chagrin. Au grand bonheur d’Emmanuel Macron.
Tout indique qu’Emmanuel Macron semble, à première vue, avoir lamentablement raté sa dissolution. Après le résultat spectaculaire du RN aux élections européennes, il a pris la décision, comme la Constitution le lui permet, de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer de nouvelles élections législatives anticipée, le 30 juin et le 7 juillet 2024. Avec l’éventualité de propulser Jordan Bardella au poste de Premier ministre et de partager ainsi le pouvoir alors qu’il n’y était pas obligé.
Coup de poker
Le pari de l’actuel locataire de l’Elysée est-il si fou ? En redonnant ainsi la voix au peuple, Emmanuel Macron rêve de marcher dans les pas de Charles de Gaulle qui, alors qu’il était contesté dans la rue en mai 68, avait dissous le 30 mai l’Assemblée dans l’espoir de gagner l’adhésion populaire. Un mois plus tard, le général gagnera son pari en remportant près de 50 % des sièges. Ce n’est pas le cas pour le président actuel qui risque de laisser des plumes à l’issue de ce scrutin législatif de tous les dangers.
En effet, alors que la campagne de l’entre-deux-tours des élections législatives touche à sa fin, trois derniers sondages publiés vendredi 5 juillet révèlent que les écarts entre les différentes formations se resserrent avec une poussée inattendue aussi bien de la gauche que du camp présidentiel et un rétrécissement de l’avance du Rassemblement national.
Avec 33,22% des voix, le Rassemblement national a fait le meilleur score de son histoire lors d’un premier tour d’élections législatives. Mais, le risque que le Parti Le Pen puisse obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale a fait resserrer les rangs au sein d’un front républicain de tous les électeurs qui craignent l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, engendrant de nombreux désistements de candidats en vue du second tour.
Ainsi, grâce au mécanisme des triangulaires, l’obtention d’une majorité absolue pour le parti de l’extrême droite est de facto très improbable.
Sondages quasi unanimes
D’après le dernier sondage Odoxa publié vendredi 5 juillet et réalisé pour Mascaret, Public Sénat et le Nouvel Obs auprès de 1 000 électeurs, les désistements républicains devraient priver le RN d’une majorité absolue dimanche 7 juillet.
Ainsi, le parti de Marine Le Pen arriverait comme prévu en tête et pourrait obtenir de 210 à 250 sièges au Palais Bourbon, loin de la majorité absolue fixée à 289 députés.
De son côté, le Nouveau Front populaire pourrait grignoter de 140 à 180 sièges et devrait s’imposer comme «la deuxième force politique du pays». En troisième position, le camp présidentiel disposerait de 115 à 155 sièges.
Un deuxième sondage commandité par Toluna Harris Interactive pour RTL, M6 et Challenges sur un échantillon de 3 335 électeurs, et paru également vendredi 5 juillet, indique que le parti mené par Jordan Bardella obtiendrait entre 185 et 215 sièges au Palais-Bourbon.
Le bloc de gauche pourrait quant à lui disposer de 168 à 198 sièges. Ainsi, le Nouveau Front populaire pourrait alors être en mesure de dépasser le nombre de sièges obtenus par l’extrême droite et s’imposer comme le premier parti à l’Assemblée nationale. En troisième position, le camp présidentiel obtiendrait de 115 à 145 sièges le soir du 7 juillet.
Toujours vendredi 5 juillet, un troisième sondage IFOP – Fiducial 2024 réalisé entre le 3 et le 5 juillet auprès d’un échantillon de 2 859 électeurs pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, indique que le RN remporterait entre 170 à 210 sièges au Palais-Bourbon, tandis que la gauche pourrait disposer de 155 à 185 sièges. Les députés du camp présidentiel arriveraient quant à eux en troisième position, disposant de 120 à 150 sièges.
Reste la question : combien d’électeurs se déplaceront dimanche 7 juillet ? Si la participation du premier tour avait atteint 64,98%, on s’attend à ce que la participation au second tour s’établisse dans une fourchette de 64 à 66%. Pour sa part, l‘Ifop–Fiducial table sur 69% et Ipsos entre 66 et 70%.
Machiavel à la rescousse
Enfin, à la lumière de ces sondages, presque unanimes, tout porte à croire que sans majorité claire, la future Assemblée nationale – divisée de manière presque égale entre trois blocs antagonistes – sera quasiment ingouvernable. N’était-ce le souhait secret de Macron qui tablait au fond de lui-même sur la division dans les rangs de ses adversaires politiques pour mieux régner; appliquant ainsi à la lettre la devise chère à Machiavel : Divide et impera ?