Le vote de ce week-end en France est suivi de près par tous les secteurs de la société française. L’enjeu est de voir si le Rassemblement national (RN), nationaliste et anti-immigration, consolide sa victoire du premier tour, ou si les partis centristes et de gauche ont été en mesure de contrecarrer les chances du parti de former un gouvernement.
Les heures à venir sont très tendues. C’est la première fois que l’extrême droite gagne au premier tour en France. Une grande partie des votants sont très inquiets et essayent de mobiliser le maximum de gens. Néanmoins, il s’avère que ce n’est guère facile de convaincre que l’extrême droite n’est pas la bonne réponse.
Tous défendent des valeurs, mais quelles valeurs ?
Pour se défendre, le RN rejette l’étiquette “extrémiste“, affirmant qu’il défend les valeurs, la culture et les citoyens français à un moment où beaucoup en ont assez de l’establishment politique français dirigé par le président Emmanuel Macron depuis 2017.
Mais les opposants et les critiques du RN avertissent que la France est au bord d’une catastrophe politique si un parti ouvertement anti-immigration, nationaliste et eurosceptique remporte la majorité lors de cette élection anticipée et convoquée par Macron après que son parti a lourdement perdu contre la droite dure lors des élections du Parlement européen en juin. Le Premier ministre Gabriel Attal a déclaré que les électeurs français avaient désormais le « devoir moral » de stopper la progression du parti.
Pour les jeunes électeurs de gauche, la montée en puissance du RN dans les sondages et le fait qu’il ait remporté le plus grand nombre de voix au premier tour de l’élection le 30 juin dernier sont des évolutions inquiétantes qui leur font craindre pour la cohésion sociétale de la France.
Les élections anticipées ont mis en évidence la polarisation politique du pays, les sondages précédant le dernier tour de scrutin de dimanche 7 juillet faisant état d’une nation profondément divisée. Au premier tour, le RN a obtenu 33% des voix, le Nouveau Front populaire (NFP) de gauche 28%, et la coalition des partis soutenant Emanuel Macron (Ensemble) 20%.
Depuis les résultats du premier tour, les partis de centre-droit et de gauche ont tout fait pour empêcher la progression du RN au second tour, visant à empêcher à tout prix une majorité parlementaire pour le parti. Unissant leurs forces au sein d’un front républicain, les centristes et les partis de gauche ont retiré leurs candidats dans de nombreuses circonscriptions où l’un d’entre eux était mieux placé pour battre le RN.
En offrant aux électeurs un choix plus clair et moins d’options, le front anti-extrême droite espère que l’électorat votera pour le candidat qui n’est pas du RN. Reste à savoir si cela fonctionnera, et les analystes soulignent que les électeurs français pourraient ne pas apprécier qu’on leur dise comment voter ou pour qui voter.
Possibles troubles civils
Le résultat final de dimanche soir montrera à quel point il pourrait être difficile de trouver un consensus dans la politique nationale et le gouvernement à l’avenir.
La réaction de la nation à ce résultat est également incertaine. La France n’est pas étrangère aux troubles civils, compte tenu de l’ampleur du mouvement antigouvernemental des gilets jaunes ces dernières années, et des manifestations de rue depuis le premier tour du scrutin le 30 juin.
Le ministère français de l’Intérieur semble se préparer à d’autres troubles après le scrutin de dimanche, puisqu’il serait prêt à déployer environ 30 000 agents dans toute la France dimanche soir, craignant des violences après la fermeture des bureaux de vote.
Les opinions des gens sont de plus en plus divisées et cela se ressent dans la vie de tous les jours. Cette tendance est très inquiétante, mais il faut reconnaître qu’elle est normale compte tenu de la diversité de la société française et sa métamorphose. De plus en plus de personnes ayant des valeurs et une éducation différentes sont forcées de coexister, et cela ne fonctionne manifestement pas. Et c’est là où RN trouve son filon. Les Français sont inquiets pour l’avenir de leur pays, considéré trop généreux avec les personnes qui ne veulent pas s’intégrer et contribuer à leur modèle social.
Les experts politiques s’accordent à dire que l’atmosphère fébrile qui règne actuellement sur la scène politique française et l’antagonisme entre les principaux groupes d’électeurs sont les ingrédients nécessaires à de nouveaux troubles civils.
Si seulement le tiers des gens votent pour l’extrême droite, cela signifie que le reste de la population s’en méfie ou y est complètement opposé, ce qui se traduira à tous les niveaux de la politique (institutionnelle, des partis, Assemblée nationale), mais aussi dans la société. Cette dernière sera très polarisée dans laquelle les jeunes et les minorités ethniques seront très inquiets.
Une entité inconnue
Comme d’autres partis de droite dure en Europe, le RN a puisé dans les insécurités des électeurs concernant la criminalité, l’immigration, l’identité nationale et l’insécurité économique. Jordan Bardella, son leader de 28 ans, a déclaré aux électeurs qu’il allait « rétablir l’ordre, freiner l’immigration et s’attaquer à la délinquance ». Toutefois, lui et la figure de proue du parti, Marine Le Pen, sont revenus sur certaines de leurs promesses et de leur rhétorique les plus stridentes, faisant marche arrière sur la sortie de la France de l’OTAN, par exemple, et modérant la position traditionnellement pro-russe du parti.
Bardella a déclaré qu’il soutiendrait toujours l’envoi d’armes à l’Ukraine, mais pas le déploiement de troupes au sol, comme Macron a laissé entendre qu’il s’agissait d’une possibilité.
Personne ne sait combien de politiques du RN serait mises en œuvre, même si le parti entrait au gouvernement. Le Front républicain semble également confiant de l’efficacité de sa stratégie visant à nuire à la part de voix du parti de l’extrême droite.
Un sondage d’opinion publié par l’Ifop le 3 juillet suggère que les électeurs pourraient se tourner vers un candidat centriste pro-Macron ou de gauche plutôt que vers le candidat du RN si c’est le choix qui leur est proposé sur le bulletin de vote dimanche. En revanche, si le choix se porte sur un candidat d’extrême gauche ou d’extrême droite, la situation est plus nuancée, avec un vote partagé.
Un dimanche à ne pas rater car les retombées seront importantes, même chez nous, en Tunisie. C’est autre volet auquel nous allons revenir en détail après la publication des résultats.