Les troubles politiques provoqués par la décision du président français Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées devraient s’étendre bien au-delà du second tour de ce dimanche 7 juillet, incitant certains dirigeants réunis lors d’une conférence dans le sud de la France à exprimer leurs inquiétudes sur le climat des affaires du pays, selon l’agence Bloomberg.
Quel que soit le parti arrivé en tête des élections législatives françaises, beaucoup ont déclaré qu’ils considéraient ces élections comme le début d’une période plus tumultueuse. Même si une majorité autonome pour l’Alarme nationale d’extrême droite de Marine Le Pen est empêchée, l’alternative est une impasse, ce qui rendra difficile pour la France de lutter contre son déficit budgétaire croissant et de mettre en œuvre les réformes favorables aux entreprises françaises.
Cette situation nuit à l’image de la France, première destination européenne des investissements directs étrangers, a déclaré Matthieu Courtecuisse, directeur général du cabinet de conseil en gestion SIA Partners. « Pendant deux ans, l’ambiance était ‘Choisissez la France’ et maintenant c’est ‘Pourquoi la France’ ? », a-t-il ajouté.
Courtecuisse faisait partie d’un petit groupe de PDG, de politologues et d’économistes réunis lors d’une conférence annuelle d’été. Des représentants du gouvernement et certains cadres ont annulé leur comparution. Les participants ont discuté des effets de l’incertitude économique dans laquelle le pays entre.
« Le principal problème n’est pas ce qui se passera dimanche, mais la manière dont nous gérons notre dette et notre déficit public, car en fin de compte, c’est la trajectoire budgétaire qui compte », a déclaré vendredi Marie-Pierre de Bailliencourt, directrice générale de l’Institut Montaigne, dans une interview sur Bloomberg TV. Le véritable « moment de vérité » viendra plus tard cette année, lorsque le nouveau gouvernement tentera d’adopter un budget, a-t-elle déclaré.
Le groupe de réflexion estime que les engagements préélectoraux du Nouveau Front populaire de gauche nécessiteraient près de 179 milliards d’euros de fonds supplémentaires par an. Les projets du parti d’extrême droite Alarme nationale coûteraient environ 71 milliards d’euros, tandis que le parti de Macron et ses alliés supporterait des coûts supplémentaires de près de 21 milliards d’euros.
Le Medef, principal lobby des affaires en France, qui évite traditionnellement de prendre position publiquement sur la politique, a qualifié les plateformes d’extrême droite et de gauche de « dangereuses » pour l’économie.
La situation budgétaire pesait déjà sur l’ambiance en France avant l’annonce des élections anticipées, l’actuel gouvernement Macron ayant été contraint de réviser ses plans à long terme pour combler les trous budgétaires plus tôt cette année. Par ailleurs, S&P Global Ratings a dégradé la note de la France le mois dernier.