Les effets préjudiciables du commerce international sur l’environnement sont certes incontestables. La production, la consommation et la distribution des biens échangés contribuent au quart des émissions du dioxyde de carbone environ, selon les dernières estimations de la CNUCED.
L’intensification de la mondialisation, ces dernières années, a largement contribué à la surexploitation et à la raréfaction des ressources naturelles. Mais, d’un autre côté, le commerce mondial, à travers le transfert de la technologie, pourrait être aussi un outil efficace pour réduire la pollution et préserver l’environnement. Les échanges internationaux pourraient faciliter l’accès aux biens économes en énergie et à ceux adaptés aux énergies renouvelables. C’est ainsi que le commerce des biens environnementaux, dont les voitures électriques et les panneaux solaires, a enregistré des records depuis 2022.
La dernière mise à jour sur le commerce mondial publiée par la CNUCED (mars 2024) explique même que les améliorations constatées au niveau du premier trimestre sont largement soutenues par l’accélération de la demande des produits environnementaux.
Malheureusement, la montée des rivalités et les politiques protectionnistes instaurées récemment par les Etats-Unis et l’Union européenne vis-à-vis des exportations chinoises, risquent de saper les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique.
Raisons électorales obligent, Joe Biden a décidé, le 14 mai dernier, d’augmenter les droits de douane sur les voitures électriques de 27,5 % à 102,5 % et de 25 % à 50 % sur les batteries lithium ion et les panneaux solaires. Ces mesures viennent soutenir son vaste programme, l’Inflation Redution Act (IRA), lancé en 2022 pour soutenir l’industrie américaine. Comme son prédécesseur Donald Trump, l’actuel président accuse la Chine d’une concurrence jugée déloyale et menaçante pour la souveraineté des Etats-Unis.
Dans le sillage de la politique américaine, l’Union européenne n’a pas trop tardé à annoncer, le 12 juin dernier, l’instauration de nouveaux droits de douane sur les voitures électriques chinoises, variant de 17 % à 38 %, en plus des 10 % déjà en cours, et entrant en vigueur le 4 juillet de cette année. La réplique chinoise et la guerre commerciale qui s’annoncent dans les prochains mois autour de l’industrie du renouvelable ne peuvent que retarder davantage une transition verte qui peine à retrouver une place au top des agendas politiques des maîtres du monde.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n° 898 du 3 au 17 juillet 2024