Pendant quelques jours, le monde entier et surtout le monde occidental, a retenu son souffle, en suivant le second tour des élections législatives françaises. Le pays de voltaire et de Jean Jacques Rousseau va-t-il retomber sous un régime fasciste et xénophobe par la victoire de ce qui est communément désigné par l’Extrême droite et qui n’est qu’une résurgence d’un courant d’idées et de pensée qui risque de faire faire à ce pays, qui a connu l’instauration de la première République, digne de ce nom à la fin du 18ème siècle, un bond de trois siècles en arrière? Ce n’était pas de la science fiction, c’était une réalité politique et sociologique bien révélée par les résultats du premier tour.
Mais par une de ces ruses, dont seule l’histoire des sociétés a le secret, un sursaut républicain a renversé la tendance , sauvant ainsi ce pays européen qui possède la bombe atomique, et qui a un siège au conseil de sécurité de l’ONU et qui est encore une puissance économique et militaire, d’un destin, que touts les sondages jusqu’à qu’au moment où commençaient à tomber les premiers résultats, qu’on peut qualifier de tragique.
La France sauvée, certes, mais pas totalement même si on a évité le pire. Une longue période d’incertitude politique et d’instabilité va s’installer dans ce pays où vivent plus de un million et deux cents milles de nos citoyens et qui est notre principal allié et un de nos plus important partenaire économique. Le destin de ce pays nous concerne à plus d’un titre et non seulement le spectacle politique qu’il offre, d’ailleurs au monde entier.
La fin de la cinquième République?
On peut maintenant, le confirmer, le peuple français en se soulevant, par les urnes et les bulletins de vote a renversé le cours de l’Histoire comme en 1789 lorsqu’il avait aboli la monarchie, institué la République et mis les bases des valeurs universels des droits de l’homme et de la démocratie. Touts les sondages faits par les instituts les plus crédibles ont pronostiqué le contraire, en donnant la majorité relative ou absolu au parti de Le Pen, père et fille, petites filles et cousins et cousines; Rappelons que le fondateur de ce courant fasciste, xénophobe et réellement antisémite n’était que Jean-Marie Le Pen, ancien tortionnaire qui exerçait son terrible savoir-faire sur les militants du Front de libération nationale algérien pendant la guerre d’Algérie, dont il a gardé un œil crevé et a laissé un souvenir ineffaçable par le temps, de tueur des Arabes et des « fels ».
Sa fille, qui l’a d’ailleurs trahi et écarté de la tête de ce parti par un coup de force interne, n’est pas moins raciste et moins antisémite même si elle prétend le contraire. A croire que c’est dans les gênes !
Mais sans la constitution in extremis après les résultats des Européennes du Nouveau Front Populaire, avec un programme de gouvernement précis, le sauvetage de la France n’aurait jamais abouti d’une façon aussi éclatante.
Rappelons que l’objectif du président de la République française, Emmanuel Macron, en prononçant la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale était de sauver son pouvoir et le maintien de sa formation dite « centriste » alors qu’elle glissait inexorablement vers l’extrême droite. Les résultats du scrutin ont fait tomber tous les calculs politiciens et l’on a abouti à une situation qui rend le pays ingouvernable, car aucune force politique, et notamment le NFP, n’a la majorité absolue à l’Assemblée et qu’il est pratiquement impossible de faire une coalition entre au moins deux de ces trois forces politiques aux programmes et aux idéologies aussi divergents.
Ce qui pousse à croire que les institutions de la cinquième République créées par De Gaulle sur mesure, pour un régime présidentiel où le président de la République dispose de tous les pouvoirs, à condition d’avoir une majorité parlementaire qui lui est acquise, et un Premier ministre qui n’est que son ombre, ont bien vécu !
La situation actuelle, en plus d’une instabilité qui devient structurelle, comme d’ailleurs c’était le cas de la Quatrième République, rend le pays ingouvernable, car elle a au moins trois têtes. Ce qui ne fera qu’empirer la situation économique, déjà que la dette française a atteint des records, que l’inflation est loin d’être vaincue et que le pouvoir d’achat de la majorité des citoyens français plonge.
N’oublions pas que la France dépend financièrement de l’Union européenne et plus particulièrement de sa Banque centrale qui est soutenue essentiellement par la Banque centrale allemande. Un vent de panique a d’ailleurs soufflé sur les créanciers de ce pays, au vu du résultat du premier tour ! La panique sera encore plus grande avec les mesures sociales du programme énoncé par Mélenchon, où il est question d’augmentation substantielle du SMIC, de gel des prix et surtout de l’annulation pure et simple de la loi sur les retraites et le retour au principe de la retraite à 62 ans, ce que les partenaires européens de la France n’accepteront, jamais, car l’âge de la retraite des citoyens européens de l’UE a atteint 70 ans dans certains pays de l’UE.
Quels que soient les compromis qui peuvent êtres présentés, tout gouvernement de coalition risque d’avoir une durée de vie très limitée. Il existe aussi un risque réel qu’aucun compromis ne sera trouvé et que l’actuel Premier ministre risque de rester longtemps pour continuer à gérer les affaires courantes.
Rappelons aussi que la France et Paris accueillent bientôt les Jeux olympiques, et que l’existence d’un gouvernement légitime est un impératif. Quel que soient aussi les subterfuges juridiques auxquels va recourir fatalement Emmanuel Macron pour garder un minimum de pouvoir, il a déjà perdu sa légitimité politique en attendant de perdre sa légitimité juridique tout court.
Même si l’on s’accorde à garder la même Constitution, et donc la même République, la vielle République aura beaucoup de mal à fonctionner, ce qui augure d’une évolution certaine vers une crise majeur.
La politique étrangère de la France changera-t-elle?
On peut l’affirmer que la France avec la victoire, même relative du Nouveau Front Populaire, va renouer avec la tradition gaulliste et avoir une politique arabe. Jean-Luc Mélenchon, traité d’antisémite par ses adversaires y compris par l’extrême droite traditionnellement anti-juive, a certainement gagné son pari en soutenant sans réserve les Palestiniens contre l’Etat d’Israël, car il a compris que devant cet horrible génocide, l’opinion publique française a changé et du bon côté, malgré le matraquage quotidien qu’elle a subi par les médias français acquis au lobby sioniste en France.
D’ailleurs, la diabolisation extrême dont il a été victime l’a plutôt servi. Contentons-nous de rappeler que dans le programme du NFP figure la reconnaissance par la France d’un Etat palestinien. Dans tous les cas, il sera mis fin à la politique anti-palestinienne de Macron qui, comme on l’a vu pendant des mois, était aligné ou presque sur les positions de Netanyahu.
Mais c’est aussi sur l’Ukraine que les lignes de la politique étrangère française vont bouger. Rappelons que toujours Mélenchon avait des positions qui poussaient vers un compromis avec la Russie et contre l’engagement total de la France dans ce bourbier. Avec la probable victoire de Trump, et déjà que les Américains ont arrêté de financer les Ukrainiens et de leur livrer des armes, l’on ne voit plus pourquoi des troupes françaises iraient se battre contre les Russes comme l’avait annoncé d’une façon très cavalière Emmanuel Macron.
Quant à l’Union européenne, la situation devient plus compliquée avec l’Italie où Melonie de l’extrême droite italienne aura beaucoup de mal à imposer sa politique migratoire et faire payer l’Europe d’autant plus que les Travaillistes anglais changent de cap sur cette question et annulent les lois anti-immigrés clandestin et leur envoi au Rwanda.
Reste le Maghreb et l’Afrique où la France a été totalement mise hors-jeu. Ce qui est sûr c’est que le NFP changera, s’il est aux affaires, la politique française à l’égard de l’immigration et œuvrera pour des mesures plus clémentes et plus humaines à l’égard des travailleurs étrangers en France.
A notre avis, la question politique en France est devenue une affaire de politique intérieure pour nous. La victoire de la gauche française peut servir notre cause nationale. Rappelons que c’est Mendès France qui a signé l’indépendance de la Tunisie !