Les responsables du Trésor doivent être satisfaits aujourd’hui lorsqu’ils encaisseront 1 000 MTND. A la date du 15 juillet, le solde du compte courant affiche un excédent de 1 294 MTND.
Ce montant a été collecté lors d’une émission de Bons du Trésor à Court Terme (BTCT 52 semaines 15/07/2025) le 10 juillet, au taux pondéré moyen de 8,99 %. Toutefois, il quittera le compte courant du Trésor, aujourd’hui même. Il servira à rembourser les BTC 52 semaines 16/07/2024, pour la même valeur.
Un jeu pas à somme nulle
Le refinancement de la dette publique se poursuit donc. D’ailleurs, les interventions du Trésor sur le marché semblent viser uniquement la couverture des échéanciers de remboursement. Hors ces opérations de refinancement, les émissions de Bons du Trésor sont peu nombreuses et les montants sont faibles. La stratégie est plutôt d’obtenir des ressources à moyen et long termes par le biais des différentes tranches de l’Emprunt obligataire national, qui a remplacé, de facto, les Bons du Trésor Assimilables.
Pour tout ce qui est des autres charges, l’Etat essaie de dépenser au même rythme d’évolution de ses ressources propres. La rigueur est le slogan de cette période et nous le constatons déjà dans l’exécution du budget. Il pourra ainsi limiter, au maximum, la prolifération de l’encours de la dette libellée en dinar, donc son service lors des prochaines années.
Pour tout ce qui est des autres charges, l’Etat essaie de dépenser au même rythme d’évolution de ses ressources propres. La rigueur est le slogan de cette période et nous le constatons déjà dans l’exécution du budget
Cependant, et en dépit des bonnes intentions, la réalité fait que le paiement des Bons du Trésor constitue un vrai défi pour les années à venir. Si nous regardons l’encours à rembourser en 2025, nous trouvons qu’il compte déjà 4 960,4 MTND de Bons à Court Terme et 1 553,9 MTND de Bons Assimilables. Cela sans compter le début de l’amortissement de certaines lignes des obligations souveraines antérieurement émises.
Un défi
Si nous prenons l’hypothèse que le Trésor va refinancer l’intégralité de Bons du Trésor à Court Terme qui restent à payer cette année par de titres de créance du même type et à rembourser en 2025, soit 6 407,6 MTND, nous comprenons que le chiffre de 13 milliards de dinars de paiements dans le budget de 2025 sera le minimum syndical.
L’Etat est donc pris dans une situation délicate. La gestion des comptes n’est pas simple et les choix ne sont pas multiples, contrairement à ce que plusieurs le pensent. Assurer les salaires des fonctionnaires, le fonctionnement des entreprises publiques vitales pour les citoyens, honorer ses engagements externes et jouer son rôle social sont des affaires courantes et récurrentes. Proposer des solutions à long terme, genre intégrer l’économie parallèle, ce n’est pas le bon choix pour traiter des besoins urgents de trésorerie. La vision stratégique doit être menée en parallèle à la gestion des affaires courantes, afin d’améliorer progressivement le processus budgétaire.
Assurer les salaires des fonctionnaires, le fonctionnement des entreprises publiques vitales pour les citoyens, honorer ses engagements externes et jouer son rôle social sont des affaires courantes et récurrentes.
Recourir au marché interne s’avère donc une obligation, jusqu’à ce que l’économie redémarre et génère davantage de ressources ou que le service de la dette baisse significativement de sorte à faire un moindre appel au marché monétaire.
Soulagement partiel sur le front externe
Si nous tenons compte de la physionomie actuelle de l’encours de la dette publique, nous constatons qu’il y a deux vitesses différentes : un désendettement à l’échelle international et un surendettement à celle locale. Le résultat est que, fin mars 2024, la dette locale est valorisée à 62 835 MTND, celle extérieure à 62 925 MTND. Fin 2020, ces chiffres étaient, respectivement, 31 754 MTND et 61 286 MTND.
En d’autres termes, le choix politique de compter sur soi a bien fonctionné vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux, mais il a créé un cercle infernal à l’échelle interne. La croissance n’a pas été au rendez-vous durant ces années pour faciliter les choses, surtout que le contexte mondial demeure fragile.
Jongler avec des dettes en sa monnaie est beaucoup plus facile qu’en devises. Néanmoins, cela a des conséquences économiques dans un petit pays où la sphère financière est petite.
Au vu du calendrier de remboursement, nous pensons que, d’ores et déjà, l’encours de dette libellé en dinar a dépassé celui en devises. Après le paiement de la dette en yen japonais dans moins de trois mois, nous allons même constater que le gap va s’élargir.
Jongler avec des dettes en sa monnaie est beaucoup plus facile qu’en devises. Néanmoins, cela a des conséquences économiques dans un petit pays où la sphère financière est petite. Il faut briser ce cercle par des ressources qui ne soient pas de dettes. D’où l’importance de la réconciliation judiciaire qui permet d’atteindre deux objectifs en un seul coup : injecter de l’argent frais non remboursable dans les caisses de l’Etat, d’une part, et terminer avec le chapitre de la révolution, d’autre part. Financièrement, l’enjeu est de taille.