Le port d’Eilat, en Israël, est au bord de l’effondrement en raison des attaques du groupe armé Houthi, qui bloque la mer Rouge et cible les navires traversant vers le port ou le canal de Suez. La réduction du trafic maritime causée par l’agression israélienne sur la bande de Gaza aggrave la situation.
Avec plus de huit mois de paralysie du trafic maritime et des activités commerciales, la direction du port menace de licencier entre 50 et 60 employés sur 120. Et ce, si le gouvernement israélien n’intervient pas rapidement. En effet, la guerre contre Gaza pourrait entraîner la fermeture totale du port, selon les derniers rapports des médias israéliens.
Au cours de la dernière décennie, le port d’Eilat a vu son volume de navires augmenter considérablement, passant de navires contenant 2 000 à 3 500 conteneurs à des navires en transportant de 14 à 20 000 conteneurs. Un plan d’agrandissement incluant un quai de 400 mètres et un tirant d’eau de 16 mètres, ainsi qu’une connexion ferroviaire vers le centre et le nord, ont été suspendus à cause de la guerre contre Gaza, selon le journal économique De Marker.
A cet égard, notons que le port d’Eilat, le seul port israélien non situé sur la mer Méditerranée, évite le passage par le canal de Suez pour les navires venant du sud et de l’est. Ce qui en fait un atout stratégique unique pour Israël. Cependant, le volume de marchandises y transitant est inférieur à celui de nombreux autres ports. Principalement utilisé par les importateurs de voitures en provenance d’Asie de l’Est et pour les exportations de potasse vers l’Extrême-Orient, le port reçoit également des navires transportant des biens essentiels pour l’économie de l’État hébreu.
Privatisé en 2013 par des hommes d’affaires juifs via la compagnie maritime « Babo » pour 122 milliards de shekels (33 milliards de dollars), le port emploie actuellement environ 120 travailleurs sous convention collective et environ 70 travailleurs de sécurité sous contrat direct.
Les deux années précédant la guerre contre Gaza ont été prospères pour le port. Avec une augmentation significative du volume de marchandises transitant et une position de principal point d’entrée des véhicules en Israël. En 2022, 166 000 véhicules ont été déchargés, 150 000 en 2023, mais aucun en 2024, selon les données officielles.
Face à cette crise, Avi Hormero, président du conseil d’administration et propriétaire du port, a adressé cette semaine une lettre urgente à la ministre israélienne des Transports, Miri Regev, demandant une séance d’urgence pour éviter l’effondrement du port, comme rapporté par Calcalist. M. Hormero souligne que le port est fermé à cause de la guerre et du blocage de Bab al-Mandab par les Houthis. Mais que lui et ses copropriétaires continuent de financer les coûts d’entretien et les salaires des employés depuis huit mois.
Au bord de l’effondrement
Sans budget ni soutien financier du gouvernement, M. Hormero envisage donc de licencier entre 50 et 60 employés en vertu de l’article 9.2 de la convention collective avec le gouvernement de 2002. Il demande l’intervention du ministre des Transports avant le début des licenciements.
En mars dernier, l’administration portuaire avait annoncé le licenciement de tous les travailleurs; mais un accord avec le syndicat Histadrut a empêché cela. La commission économique de la Knesset menaçant de nationaliser le port si des licenciements avaient lieu.
Le PDG du port, Gideon Golber, a déclaré que le port est devenu vide et que ses travailleurs sont menacés d’expulsion. Le gouvernement israélien menace de le nationaliser à nouveau. M. Golber indique que le port perd entre 6 et 10 millions de shekels (2,5 millions de dollars) par mois en raison de la guerre contre Gaza et des attaques des Houthis.
De plus, il souligne l’importance stratégique d’Eilat comme infrastructure nationale d’Israël pour le transport de marchandises dans les échanges commerciaux avec l’Europe et l’Asie de l’Est. En cas de guerre sur le front nord, avec des missiles atteignant les ports de Haïfa et d’Ashdod, Israël serait assiégé, rendant crucial l’accès à Eilat.
Enfin, il remet en question l’efficacité des forces de la coalition internationale en mer Rouge. Tout en soulignant que les compagnies maritimes ne font pas confiance aux pays de la coalition en raison des risques élevés et des coûts d’assurance. M. Golber appelle à une solution israélienne pour éviter que des organisations armées limitent l’économie mondiale.