Les restrictions à la navigation en mer Rouge ont un impact décisif sur le commerce international. Les coûts de transport sont en constante augmentation. Le commerce mondial est soumis à d’énormes pressions depuis octobre dernier. Il compte désormais sur des coûts de transport plus élevés et dépense davantage d’argent pour assurer les marchandises.
Les coûts d’assurance plus élevés nuisent également aux armateurs, car le risque de perdre leurs navires à cause des attaques des rebelles Houthis du Yémen a considérablement augmenté. S’ils souhaitent éviter de traverser le canal de Suez et décident plutôt de faire le tour de l’Afrique, ils devront tenir compte de temps de trajet plus longs et, bien sûr, de coûts de carburant plus élevés. La chaîne de télévision américaine Bloomberg a qualifié déjà ce coût de « acquis ».
De son côté, le Drewry World Container Index qui suit le marché des conteneurs a enregistré des hausses de prix exorbitantes. Selon l’indice, le prix moyen du fret pour un grand conteneur standard de 40 pieds a augmenté par rapport à 2023 de 233 %.
Les hausses de prix ne sont qu’indirectement liées aux hostilités
Pour sa part, Simon McAdam, économiste chez Capitol Economics, un cabinet de conseil financier indépendant basé à Londres, a évalué sur la chaine allemande DW la hausse spectaculaire des coûts. Il déclare ainsi : « Après six mois de crise dans la région au sens large, les coûts de transport ont diminué ces derniers mois après une forte hausse en janvier. » Cependant, l’expert ne voit pas de lumière au bout du tunnel : « Maintenant, le pays est à nouveau sur une trajectoire ascendante. »
Il convient toutefois de noter, explique Simon McAdam à DW, que les conflits armés ne sont pas les seuls responsables de la hausse des prix. En effet, précise-t-il, « le déclencheur semble être le fait que les importateurs passent systématiquement des commandes plus importantes que d’habitude pour s’assurer d’avoir suffisamment de stocks pour l’année en cours. Le fait que de nombreux navires naviguent vers le Cap de Bonne-Espérance exerce une pression sur le transport maritime international et rend plus probable de nouvelles hausses de prix ».
Jan Hoffmann, expert commercial à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), donne à DW les causes de l’augmentation des tarifs : « La raison principale est les plus longues distances que doivent parcourir les navires. À niveau égal, le transit de l’Afrique nécessite davantage de navires. La distance moyenne parcourue par un conteneur est 9 % plus longue qu’en 2022. »
« Il est possible que la situation empire »
D’ailleurs, l’expert de la CNUCED estime que l’impact environnemental est important : « Les navires ont augmenté leur vitesse. Les vitesses plus élevées et les distances parcourues plus longues ont entraîné une augmentation de la pollution de 70 % sur la route Singapour-Rotterdam, par exemple. »
En revanche, la situation en mer Rouge reste tendue. Environ 70 % du commerce international évite encore la région au profit de la route africaine, rapporte le réseau Bloomberg. Le déploiement par l’US Navy de nouveaux porte-avions en mer Rouge montre à quel point les forces armées envisagent la situation à long terme.
L’économiste Simon McAdam estime qu’une crise prolongée pèsera davantage sur les armateurs et entraînera de nouvelles augmentations des tarifs. « Il faut de nombreuses années pour construire des navires et 90 % des nouveaux conteneurs sont construits en Chine. Des capacités plus élevées ne peuvent donc pas être obtenues du jour au lendemain », déclare l’expert. Tout en prédisant : « Il est possible que la situation empire. »