Cette alerte se penche sur les principaux indicateurs économiques et financiers afin de dresser un tableau de la situation actuelle au 20 juillet 2024.
Croissance Économique
La croissance économique en Tunisie reste modérée, avec un taux de croissance du PIB estimé à 2,1 % pour le deuxième trimestre de 2024. Cette performance est en deçà des attentes et reflète une reprise lente après les turbulences économiques mondiales.
Les secteurs clés, tels que le tourisme et l’agriculture, montrent des signes de reprise, mais à unrythme insuffisant pour impulser une croissance robuste.
Inflation et pouvoir d’achat
L’inflation continue de peser sur le pouvoir d’achat des Tunisiens, avec un taux annuel atteignant 9,2 % en juin 2024. Les prix des produits de première nécessité, notamment les denrées alimentaires et l’énergie, ont connu des augmentations significatives. Cette inflation persistante érode les revenus des ménages et complique la gestion budgétaire pour les autorités.
Taux de change et réserves de change
Le dinar tunisien a subi une dépréciation continue face aux principales devises, avec un taux de change de 1 USD = 3,3 TND en juillet 2024. Cette dépréciation explique par un déséquilibre persistant de la balance des paiements et une demande accrue de devises pour les importations.
Les réserves de change se situent à 6,5 milliards USD, couvrant environ 3,5 mois d’importations, un niveau jugé critique par les analystes financiers.
Balance commerciale
La balance commerciale reste déficitaire, avec un déficit commercial de 5,8 milliards USD pour le premier semestre de 2024. Les exportations, bien que en augmentation, ne suffisent pas à compenser l’augmentation des importations, notamment en produits énergétiques et en biens d’équipement.
Le secteur textile et les phosphates demeurent des piliers des exportations tunisiennes, mais leur performance est inégale.
Endettement et finances publiques
L’endettement public reste une préoccupation majeure, avec un ratio dette/PIB de 88 % en juillet 2024. Le service de la dette absorbe une part importante du budget de l’État, limitant les marges de manœuvre pour les investissements publics et les dépenses sociales. Le gouvernement explore des options de restructuration de la dette et cherche à mobiliser des financements internationaux pour
alléger cette pression.
Perspectives macroéconomiques à court et moyen terme
À court terme, la Tunisie doit faire face à des défis immédiats liés à la stabilité macroéconomique et à la gestion des tensions sociales. La reprise économique dépendra en grande partie de la capacité à stabiliser les prix et à stimuler les investissements.
À moyen terme, la réussite des réformes structurelles sera cruciale pour rétablir la confiance des investisseurs et améliorer la compétitivité de l’économie tunisienne.
Les perspectives de croissance
Restent incertaines, mais un engagement ferme dans les réformes pourrait ouvrir la voie à une reprise plus solide et durable.
La semaine boursière au 20 juillet 2024
La semaine boursière se terminant le 20 juillet 2024 a été marquée par une volatilité accrue sur les marchés financiers mondiaux, influencée par des facteurs économiques et géopolitiques. Cette analyse récapitule les principaux événements et tendances ayant impacté les principales places boursières.
Marchés internationaux
Wall Street :
Les marchés américains ont connu une semaine contrastée. Le Dow Jones a terminé la semaine en légère baisse de 0,4 %, tandis que le Nasdaq a gagné 0,7 %, porté par les performances solides des géants technologiques comme Apple et Microsoft. Les investisseurs sont restés prudents en raison des craintes persistantes concernant l’inflation et la politique monétaire de la Réserve fédérale.
Les chiffres de l’inflation pour juin 2024, publiés en milieu de semaine, ont montré une légère hausse à 3,8 %, alimentant les spéculations sur une possible hausse des taux d’intérêt.
Europe :
Les principales bourses européennes ont affiché des performances mitigées. Le CAC 40 à Paris a progressé de 0,5 %, soutenu par le secteur du luxe, tandis que le DAX à Francfort a reculé de 0,3 % sous la pression des inquiétudes liées à la croissance économique en Allemagne.
La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu ses taux d’intérêt inchangés, mais a indiqué qu’elle surveillait de près l’évolution de l’inflation, laissant entrevoir une possible action future.
Asie :
En Asie, les marchés ont été influencés par les tensions géopolitiques croissantes entre la Chine et les États-Unis.
Le Nikkei 225 au Japon a terminé la semaine en baisse de 1,2 %, impacté par la faiblesse des exportations. En Chine, le Shanghai Composite a gagné 0,6 %, grâce à des données économiques meilleures que prévu, notamment une hausse des ventes au détail et de la production industrielle.
Marché tunisien
Le Tunindex :
En Tunisie, l’indice de référence Tunindex a clôturé la semaine en légère hausse de 0,3 %, soutenu par les performances positives des secteurs bancaire et industriel. Les investisseurs ont réagi positivement aux annonces du gouvernement concernant des mesures de soutien à l’économie, incluant des incitations fiscales pour les entreprises et des projets d’infrastructure.
Performances sectorielles
Secteur bancaire :
Le secteur bancaire a été l’un des principaux moteurs de la hausse du Tunindex. La Banque de Tunisie a enregistré une progression de 1,5 %, tandis que la BIAT (Banque Internationale Arabe deTunisie) a gagné 1,2 %. Ces gains sont attribuables à une amélioration des perspectives économiques et à des résultats financiers trimestriels supérieurs aux attentes.
Secteur industriel :
Le secteur industriel a également bien performé, avec des entreprises comme Carthage Cement affichant une hausse de 2 %.
La reprise de la demande intérieure et l'augmentation des exportations de matériaux de
construction ont contribué à ces gains.
Secteur agroalimentaire :
Le secteur agroalimentaire a connu une semaine plus difficile, avec une baisse de 0,8 % pour des entreprises comme Délice Holding. Les inquiétudes concernant la hausse des coûts des matières premières et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont pesé sur le secteur.
Perspectives financières :
Pour la semaine à venir, les investisseurs seront attentifs à plusieurs indicateurs économiques clés, dont les chiffres de l’emploi aux États-Unis et les données sur la production industrielle en Europe.
En Tunisie, les marchés surveilleront les développements liés aux réformes économiques et aux mesures de soutien gouvernementales.
En conclusion, la semaine boursière au 20 juillet 2024 a été marquée par une volatilité accrue et des performances contrastées à travers le monde.
Les marchés continuent de naviguer entre des perspectives économiques incertaines et des tensions géopolitiques, avec une attention particulière portée aux politiques monétaires des grandes banques centrales.
En Tunisie, le marché boursier a montré des signes de résilience, soutenu par des secteurs clés et des initiatives gouvernementales visant à stimuler la croissance économique.
En définitive, la conjoncture financière en Tunisie au 20 juillet 2024 est marquée par des défis significatifs, mais aussi par des opportunités pour des réformes profondes et structurelles. La gestion efficace de ces défis sera déterminante pour l’avenir économique du pays.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)