Pas de surprise ! Riadh Hajjej vient d’être désigné directeur général de l’ATB à l’issue du conseil d’administration qui s’est tenu le jeudi 11 juillet après qu’il a assuré l’intérim de la direction générale pendant deux années. L’attente aura été longue ? Pas pour lui en tout cas qui avait tous les attributs pour assumer une telle charge qui ne lui est pas étrangère, bien au contraire. L’essentiel, diront ses proches collaborateurs, pour ce soldat de l’ombre de la première heure est ailleurs, il se résume en un nom écrit en lettres d’or gravées dans la mémoire de l’ATB.
L’ATB d’abord, first pour reprendre une expression bien en vogue. La raison en est qu’il aura été, dès la naissance de la banque, de toutes les avancées, de tous les tournants et de toutes les épreuves qui ont fait de l’ATB ce qu’elle était devenue dans le paysage bancaire national. Il était sur la ligne de départ de la longue marche d’une banque née grande par la qualité des compétences humaines qu’elle sut s’attirer. Quand, dans l’urgence, les regards se sont tournés vers lui, il s’est peu soucié du titre, fût-ce par intérim, qui l’honore certes mais qui ne l’engage pas plus qu’il l’était, aussi déterminé et résolu à restaurer la sérénité, reconstruire la confiance et booster le moral d’un effectif si attaché à sa banque, le remobiliser, lui donner une perspective et de nouvelles raisons de se surpasser. On lui avait confié les rênes de la banque -mission qui fut acceptée par devoir et loyauté envers cette institution – au moment où celle-ci était en proie au doute, en perte de vitesse, quelque peu déboussolée, aux repères et valeurs chahutés.
L’ATB, connue pour être un havre de management apaisé, d’une disponibilité à toute épreuve, a longtemps fait office d’école, d’académie et de fabricant de talents. Elle a fait émerger des cadres de renom qui ont écumé les directions générales de banques publiques et privées. Ici et dans le monde.
Mais l’ATB n’était pas à l’abri des secousses, qu’elle n’a pas su anticiper ou qu’elle a eu du mal à gérer. Elle n’était pas immunisée contre les crises de croissance. Elle a connu la sienne avec les conséquences qu’on redoutait. D’autres que Riadh Hajjej s’y seraient excusés ou, à tout le moins, auraient sollicité un temps de réflexion avant d’aller au front. Pas lui, malgré son apparence calme et posée. À l’appel du devoir, il était déjà sur le pont, à la manœuvre, défiant houle et tempête pour ramener la banque à bon port en s’assurant du dévouement et de l’engagement de l’ensemble de l’équipage. Et en multipliant les signes de reconquête de sympathie de la clientèle. À pas rassurés tout en se hâtant lentement, elle a fini par réintégrer au plus vite le peloton des banques de la place. L’ATB, quoique malmenée mais toujours debout, était vite de retour. Elle a remonté la pente, repris des couleurs et respire de nouveau la santé. Tous ses indicateurs sont au vert et certains au vert vif.
Un pur produit de l’ATB
Riadh Hajjej est un pur produit de l’ATB. Il a gagné depuis fort longtemps ses galons au sein du staff managérial, déjà du temps des pères fondateurs. Il a été très tôt aux responsabilités dans les principaux centres névralgiques de la banque. Il était dans son rôle à la direction de l’inspection générale et prit part à la création du département de l’audit interne au sein de la même direction, avant d’être nommé, entre autres fonctions, à la tête de la direction centrale chargée de l’audit interne et de l’inspection. Pour finir à la DG en sa qualité de conseiller auprès du DG en sus de sa fonction comme secrétaire du Conseil d’administration et sans oublier son passage à la direction de la conformité pendant une dizaine d’années. La boucle est bouclée à l’ultime étape en s’ouvrant sur l’horizon extérieur de la banque. L’opportunité pour lui de s’investir dans l’univers contrasté des fonctions commerciales, des stratégies marketing et des relations client, de se frotter aux subtilités du marché où il montre autant d’intuition, de psychologie humaine que de compétences techniques. Sa nomination par intérim a été fort bien accueillie par le personnel de la banque. Il en mesurait, nous confiait-il, la complexité du moment et la gravité du geste. Sa seule préoccupation, sa principale inquiétude étaient qu’il ne voulait pas décevoir les attentes et les espoirs que sa désignation laissait entrevoir. Il était clair qu’il ne s’agissait pas d’une mise à l’essai ou à l’épreuve voulue par les principaux actionnaires. Il était aussi évident qu’il fallait s’imposer une période de décantation, le temps que se dissipent brouillard et inquiétude.
Le nouveau directeur général Riadh Hajjej a vite fait la démonstration de sa capacité à redresser la barre, à mouiller le maillot pour ce féru de foot. Au regard de la gravité des défis et de l’importance des enjeux, il percevait la banque plus qu’un métier, une vraie mission. Il n’avait pas à forcer son talent et sa nature pour asseoir son leadership tranquille, fédérer le personnel autour des valeurs de la banque, de ses objectifs et de son ambition renouvelée. Et donner plus de chair et tout son sens à la vertu du collectif. Unique crédo : une vision partagée, une volonté et un désir communs de revenir au premier plan des banques de la place.
Sa fidélité, la reconnaissance qu’il devait à la banque à laquelle il s’identifiait depuis le début de sa longue marche portaient au plus haut niveau l’obligation de résultats convaincants. Sa compétence, ses qualités humaines et professionnelles, sa lucidité, sa patience, son humilité et son courage sous des apparences très tranquilles ont fait le reste. Juste retour des choses qu’il ait été consacré à la tête de la banque, à la satisfaction générale. Les chiffres, l’attitude conquérante de tout le personnel qui le soutient et accompagne dans sa difficile traversée ont parlé pour lui. La raison aussi.
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 899 du 17 au 31 juillet 2024