Maintenant que Joe Biden a officiellement jeté l’éponge, tout porte à croire que la vice-présidente Kamala Harris sera la candidate des démocrates à la présidentielle américaine. Déjà, l’équipe de Donald Trump aiguise ses couteaux en travaillant sur une stratégie contre celle qui, à 59 ans donne un sacré coup de vieux à son rival septuagénaire.
Après avoir passé les trois dernières années dans l’ombre pesante du 46ème président américain Joe Biden, qui- cédant aux pressions émanant de son propre camp après son débat calamiteux contre Donald Trump ayant ravivé les doutes persistants sur sa forme physique et son acuité mentale, aura fini par jeter l’éponge- la vice-présidente Kamala Harris, 59 ans, occupe désormais le devant de la scène. Celle qui pourrait succéder à Joe Biden comme candidate démocrate à la présidentielle américaine entend devenir la première femme présidente des États-Unis le 5 novembre prochain.
Bouillon de culture
Née dans la ville d’Oakland, en Californie, Kamala Devi Harris nommée en référence à la déesse hindoue de la prospérité est l’exemple type du melting pot : son père est jamaïquain et sa mère Shyamala Gopalan est indienne.
La très probable future candidate à l’election présidentielle du 5 novembre nait dans un milieu d’intellectuels engagés, « ma mère était déterminée à tout faire pour que ma sœur et moi devenions des femmes afro-américaines confiantes et fières », écrit-elle dans son autobiographie. Son grand-père s’est battu pour l’indépendance de l’Inde et sa grand-mère était une militante qui se battait en faveur de l’accès aux moyens de contraception pour les femmes indiennes.
Avocate de formation, elle rejoint en 1990 le bureau du procureur du comté d’Alameda à Oakland, avec en tête l’envie de changer le système de l’intérieur. Et ce, pour défendre l’idée que les femmes sont des victimes de la prostitution plutôt que des criminelles.
Kamala Harris se présente en 2003 pour la première fois à une élection, en tant que procureure du district, contre son ancien patron, Terence Hallinan. Avec 56,5 % des voix au second tour, elle devient la première femme noire à être élue procureure de district en Californie.
En 2010, Kamala Harris est élue procureure générale de l’État de Californie, après une élection des plus serrées.
Le capitole de Washington l’accueille pour la première fois en 2016, elle qui y entre comme sénatrice. Kamala Harris se fait notamment connaître pour ses questions directes lors des séances d’auditions sénatoriales des enquêtes sur les interférences russes en 2017, puis lors du processus de confirmation de Brett Kavanaugh, désigné par Donald Trump pour la Cour suprême un an plus tard.
Comme sénatrice, Mme Harris a milité pour un contrôle plus serré des armes à feu, pour une reconnaissance des droits des communautés LGBTQ et pour un élargissement de l’assurance maladie aux États-Unis.
En août 2020, Joe Biden la désigne comme colistière. À titre de vice-présidente, Kamala Harris a vivement défendu le droit pour les Américaines de se faire avorter, particulièrement dans la foulée de l’invalidation de l’arrêt Roe contre Wade par la Cour suprême en 2022.
Kamala Harris a-t-elle l’étoffe?
Et maintenant? La vice-présidente, soutenue par Joe Biden, a reçu le ralliement de plusieurs rivaux dans la course à l’investiture démocrate par souci de ne pas créer de division dans un parti à bout de nerfs. Et ce, à l’instar du gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, ou celui de Californie, Gavin Newsom. En revanche, les gouverneurs Gretchen Whitmer (Michigan) et J. B. Pritzker (Illinois), également perçus comme présidentiables, ne se sont pas rangés derrière elle. Pour l’instant.
Modeste, elle a refusé de considérer sa désignation comme acquise, assurant vouloir la « mériter ».
Cela dit, selon les observateurs politiques, Kamala Harris n’aura pas réussi à imposer sa marque lors de son passage en tant que vice-présidente des États-Unis, un poste ingrat qu’on relègue aux tâches les moins gratifiantes et qui consiste à ne pas faire de l’ombre au président.
Par ailleurs, selon le New York Times, l’équipe de campagne de Donald Trump, le candidat républicain, fourbit déjà ses armes et prépare sa campagne contre la démocrate. Selon deux informateurs du quotidien américain, l’équipe de l’ancien président américain aurait déjà préparé des dossiers à son sujet.
Mais, à moins de quatre mois du 5 novembre 2024, Kamala Harris longtemps dans l’ombre de Joe Biden, peine manifestement à imprimer sa marque et à trouver sa voie. Aura-elle assez de temps pour expliquer qui elle est et surtout ce qu’elle défend?