Analyse – Commentaires et implications pour les pays maghrébins
L’encre coule à flot pour disserter sur la déviance chaotique des marchés. Nous faisons le point pour la semaine en cours.
La BCE maintient les taux inchangés en juillet, mais des doutes subsistent quant à une baisse future. L’inflation a ralenti en juin, mais reste élevée dans les services en raison du plein emploi en Europe (taux de chômage de 6,4%).
La croissance des salaires (+4,7% au premier trimestre) stimule la consommation domestique mais alimente aussi l’inflation des services.
Quelques signes de ralentissement émergent, notamment une diminution des ouvertures de postes et des entreprises absorbant l’inflation salariale dans leurs marges. La BCE aborde le deuxième semestre avec prudence, surveillant les données économiques et les actions de la FED.
Aux Etats-Unis, Trump, politiquement ressuscité, galvanise sa base électorale et renforce la doctrine du « conservatisme national » du parti républicain, menaçant le parti démocrate affaibli.
Aux States, des données économiques contradictoires émergent : détérioration de l’emploi mais des indicateurs positifs comme les mises en chantier et la production industrielle. Les investisseurs anticipent majoritairement un atterrissage en douceur et une baisse des taux de la FED en septembre, bien que la tension reste palpable.
Les États-Unis intensifient la confrontation commerciale avec la Chine sous Biden, maintenant les mesures protectionnistes de Trump et ciblant les groupes de semi-conducteurs. Si Trump est réélu, il pourrait augmenter les barrières douanières contre la Chine, affectant davantage l’économie chinoise.
Entre ralentissement économique et « trumpflation », les taux américains fluctuent, influençant les indices boursiers. Le S&P500 enregistre deux séances consécutives de baisse de plus de 1%, et le VIX remonte à 16.
La demande pour le crédit reste supérieure à l’offre, comprimant les spreads des obligations à haut rendement, signe potentiellement négatif pour les actions. L’incertitude croît parmi les investisseurs qui pourraient aborder l’été avec plus de prudence.
COMMENTAIRES
Les dynamiques économiques et politiques actuelles en Europe et aux États-Unis, mettant en lumière les réactions des marchés financiers face aux décisions des Banques centrales et aux événements politiques majeurs.
Sur le plan économique européen :
La BCE adopte une position prudente face à l’évolution de l’inflation et des taux d’intérêt. La mise en évidence de l’inflation persistante dans les services et des effets du plein emploi est pertinente dans la mesure où la mention de la croissance des salaires et de ses implications sur la consommation et l’inflation des services est un point crucial, soulignant les défis économiques actuels.
Au niveau économique américain :
La complexité des données économiques américaines, notamment la contradiction entre la détérioration de l’emploi et les indicateurs positifs comme la production industrielle et les ventes au détail ; et la discussion sur les tensions commerciales et les mesures protectionnistes de Biden, ainsi que l’impact potentiel d’une réélection de Trump, est bien énoncée.
La fluctuation des indices boursiers, la remontée du VIX, et la demande pour le crédit sont des éléments essentiels qui reflètent l’incertitude et la nervosité des marchés.
Pour autant, l’alerte se concentre principalement sur les économies européenne et américaine, sans aborder suffisamment les implications globales, notamment pour les économies émergentes et en développement.
Implications sur les pays maghrébins.
Les économies des pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie) sont étroitement liées aux évolutions économiques mondiales, notamment en Europe et aux États-Unis.
La première implication, les décisions de la BCE sur les taux d’intérêt influencent directement le coût du financement et les flux d’investissements vers les pays du Maghreb.
Une politique monétaire européenne prudente pourrait maintenir une stabilité relative, mais toute hausse des taux pourrait augmenter les coûts d’emprunt pour ces pays.
La deuxième implication : l’inflation persistante en Europe, notamment dans les services, pourrait se répercuter sur les pays du Maghreb par le biais des échanges commerciaux.
Les pays du Maghreb importent une grande partie de leurs biens de consommation et services de l’Europe.
La troisième implication, : les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, exacerbées par une éventuelle réélection de Trump, pourraient affecter les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les pays du Maghreb, intégrés dans ces chaînes via des exportations de matières premières et des produits manufacturés, pourraient subir des perturbations.
La quatrième implication, : la nervosité des marchés financiers et la fluctuation des taux américains influencent les flux de capitaux et les investissements directs étrangers.
Une augmentation de la volatilité pourrait rendre ces flux plus imprévisibles, affectant la stabilité économique des pays maghrébins.
La cinquième implication, : les prix des matières premières industrielles, qui souffrent en raison des incertitudes économiques, impactent les économies maghrébines, particulièrement l’Algérie et la Libye, dépendantes des exportations de pétrole et de gaz.
En définitive, l’alerte met en lumière des dynamiques économiques et politiques importantes qui ont des répercussions mondiales.
Pour les pays du Maghreb, il est crucial de suivre de près les décisions des banques centrales et les évolutions politiques aux États-Unis et en Europe.
Ils doivent également développer des stratégies pour atténuer les impacts négatifs potentiels, notamment en diversifiant leurs économies et en renforçant leur résilience face aux chocs externes.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)