La question des migrations et de la diaspora est cruciale pour la Banque mondiale, car elle est étroitement liée aux enjeux de développement. C’est ce qui ressort de la première édition du Tunisia Global Forum, un grand événement business organisé par l’Association des Tunisiens des Grandes Écoles (ATUGE).
Lors de cet événement, Asma Bouraoui Khouja, Senior Operations Officer World Bank Tunisia, a relayé les propos d’Alexandre Arrobbio, représentant de la Banque mondiale en Tunisie. Elle a souligné que les flux migratoires et la diaspora sont d’une importance capitale pour la BM, en raison de leur impact direct sur le développement.
« La Banque mondiale a publié plusieurs travaux et rapports sur ce sujet. Notre World Development Report de 2023 était dédié aux phénomènes migratoires, proposant un cadre pour guider les politiques migratoires. Il encourage les pays d’origine à intégrer la migration de main-d’œuvre dans leur stratégie de développement, facilitant les transferts de fonds, le partage des connaissances de la diaspora et le renforcement des compétences mondialement demandées », a-t-elle ajouté.
Et de noter : « Malgré une progression modeste de seulement +0.7%, les transferts de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint 656 milliards de dollars, surpassant les IDE et l’aide officielle au développement vers ces pays. En Tunisie, la Banque mondiale soutient les efforts du gouvernement pour le développement, en accord avec notre cadre de partenariat CPF 2023-2027, axé sur la création d’emplois de qualité par le secteur privé, le renforcement du capital humain et la résilience face au changement climatique ».
Toujours selon Mme Bouraoui Khouja, « un environnement propice à l’investissement est nécessaire pour la dynamisation du secteur privé et de son écosystème, ainsi que l’attraction des investissements de la diaspora dans les secteurs porteurs (y compris en lien avec la transition énergétique et le verdissement de l’économie, à considérer comme des opportunités économiques aussi bien pour le secteur privé national que pour la diaspora). Ceci est fondamental pour capitaliser sur le potentiel de la diaspora en matière de développement ».
Il convient de noter qu’à ce titre, la BM appuie les PME tunisiennes à travers une ligne de crédit dédiée de 120 millions de dollars, et le Projet d’appui aux start-up et PME innovantes de 75 millions de dollars avec la Caisse des Dépôts et Consignations et Smart Capital, en soutien au Programme SMART Tunisia, avec un objectif double : d’une part, accroître l’accès des PME innovantes aux financements, et, d’autre part, favoriser leur croissance.
« Ce projet est destiné non seulement aux startups et PME innovantes à fort potentiel de croissance, mais également aux acteurs de l’écosystème de l’entrepreneuriat tels que les fonds de capital-risque, les incubateurs, les accélérateurs, les espaces de coworking, etc., à travers notamment le Fonds de fonds ANAVA, le Fonds INNOVATECH et le Programme FLYWHEEL qui constituent les composantes du projet », dit-elle.
« Ce projet est également un levier pour mobiliser des financements privés supplémentaires, et c’est là que la diaspora peut jouer un rôle clé et décupler cet effet de levier en investissant dans les startups tunisiennes. Comme mentionné tout à l’heure, les transferts de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont dépassé les IDE et l’aide officielle au développement vers ces pays en 2023. La diaspora peut donc être un véritable partenaire du gouvernement, du secteur privé, de la société civile, du monde académique et de la recherche, pour transformer ce potentiel en un véritable catalyseur du développement économique et social », conclut Mme Bouraoui Khouja.