L’Ukraine a conclu un accord de principe avec un groupe d’investisseurs étrangers pour restructurer sa dette de 20 milliards de dollars; alors que Kiev tente de conserver son accès aux marchés internationaux. C’est ce qu’a annoncé, lundi 22 juillet 2024, le gouvernement ukrainien.
Les détenteurs d’obligations – parmi lesquels les géants financiers américains BlackRock et Pimco, ainsi que le gestionnaire d’actifs français Amundi – ont accordé à l’Ukraine un gel de la dette de deux ans en février 2022, lorsque le conflit avec la Russie a éclaté.
Le comité des détenteurs d’obligations, qui contrôle 25 % des obligations, a accepté des pertes de 37 %, soit 8,7 milliards de dollars, sur la valeur nominale de leur dette. C’est ce que relève le communiqué contenant les termes de l’accord publié à la Bourse de Londres.
Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé que l’accord était compatible avec les paramètres d’un plan d’aide de 122 milliards de dollars à Kiev. Le FMI et les créanciers du pays, parmi lesquels les États-Unis et le Club de Paris, ont tous deux approuvé l’accord, selon la même source.
Kiev espère que cette réduction lui permettra d’économiser des dizaines de milliards de dollars en paiements dans les années à venir.
« Il s’agit d’une étape importante dans le processus de restructuration de la dette, qui permettra d’économiser 11,4 milliards de dollars en service de la dette au cours des trois prochaines années et 22,75 milliards de dollars jusqu’en 2033 », a écrit le Premier ministre, Denis Shmigal, sur Telegram. Tout enajoutant que l’accord libérerait des ressources pour la défense.
Kiev dépend déjà de l’aide étrangère pour maintenir ses services publics ouverts et payer ses fonctionnaires. L’armée ukrainienne dépend presque entièrement de financements étrangers et le pays n’a échappé à la faillite qu’après que le Congrès américain a approuvé un programme d’aide de 61 milliards de dollars en avril.
L’annonce de l’Ukraine intervient un peu plus d’une semaine avant l’expiration de l’accord de suspension de la dette et marque la première fois qu’un pays se lance dans une restructuration de sa dette en plein conflit. La semaine dernière, Kiev a adopté une loi lui permettant de ne pas effectuer de paiements et de se déclarer en défaut de paiement, le temps que l’accord de restructuration avec les investisseurs soit finalisé.
Selon la proposition, les créanciers ont accepté de restructurer les créances existantes en deux séries d’obligations. La première série d’obligations standard commencerait à verser un coupon de 1,75 % à partir de 2025 et atteindrait jusqu’à 7,75 %, les paiements en capital commençant en 2029.
Une deuxième série représentant 23 % de la créance impayée offrira des paiements plus élevés si l’économie ukrainienne dépasse les attentes du FMI en 2028, selon les termes de l’accord préliminaire.
Les détenteurs d’obligations voteront sur la proposition dans les semaines à venir.