Le risque d’un embrasement au Moyen-Orient est réel. Et ce après le tir de roquette attribué au Hezbollah libanais qui a tué douze enfants et adolescents et fait vingt-neuf blessés sur un terrain de football situé à dans une petite ville du plateau du Golan syrien, annexé par Israël en 1981.
La question n’est plus de savoir si une guerre ouverte entre Tsahal et le Hezbollah va avoir lieu mais quand. Ainsi, après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, le Hezbollah libanais avait ouvert un front contre Israël à leur frontière commune et échange depuis quotidiennement des tirs avec l’armée israélienne, la tension est montée le week-end du 27 juillet d’un cran entre les deux belligérants suite à un tir de roquette imputé aux combattants chiites sur le Golan syrien annexé par Israël.
Sachant que cette frappe meurtrière a été vécue par Tel-Aviv comme la provocation de trop. « Le massacre de samedi constitue le franchissement de toutes les lignes rouges par le Hezbollah. Il ne s’agit pas d’une armée qui combat une autre armée, mais d’une organisation terroriste qui tire délibérément sur des civils », dixit le ministère israélien des Affaires étrangères.
Pour sa part, le Premier ministre israélien, qui a décidé d’écourter sa visite aux États-Unis, a averti qu’« Israël ne laisserait pas cette attaque meurtrière sans réponse » ; une attaque pour laquelle l’Iran paiera « le prix fort », a-t-il promis.
Pour rappel, Israël a accusé samedi 27 juillet le Hezbollah libanais d’avoir tiré une ogive de 50 kg qui est tombée sur un terrain de football à Majdal Shams, provoquant la mort de douze enfants et adolescents, âgés de 10 à 16 ans et en blessant 18 jeunes, alors qu’ils jouaient au football. Dimanche matin, un nouveau décompte des victimes faisait état de 30 blessés encore hospitalisés en Israël.
Qui est responsable du tir ?
Toutefois, le Hezbollah soutenu par le Liban nia rapidement être à l’origine du tir de la roquette.
Pour sa part, le Liban a appelé dimanche à une « enquête internationale » sur la frappe meurtrière qui a frappé samedi le Golan « pour connaître la vérité » sur cette attaque.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habiba, a par ailleurs écarté l’éventualité que le Hezbollah ait sciemment visé des civils, assurant qu’il ciblait uniquement des positions « militaires », depuis le début de la guerre à Gaza en octobre dernier. Il a estimé que l’attaque pourrait « avoir été menée par d’autres organisations » ou qu’il pouvait s’agir « d’une erreur israélienne ou encore d’une erreur du Hezbollah ». Le chiite libanais quant à lui a suggéré, sur les réseaux sociaux, que l’incident a été causé « par un dysfonctionnement du Dôme de fer », le dispositif israélien destiné à intercepter les roquettes lancées sur son territoire.
Même l’armée israélienne le reconnaît : il y a peu de chance que le Hezbollah ait intentionnellement frappé cette ville de la partie du Golan conquise par Israël sur la Syrie en 1967, dont nombre d’habitants refusent la nationalité israélienne. Mais l’Etat hébreu affirme avoir identifié le missile de fabrication iranienne, un Falaq-1.
A noter que Majdad Shams est une petite ville de 11 000 habitants sur le plateau du Golan. Une région hautement stratégique du fait de sa situation géographique au carrefour de trois pays (Syrie, Liban, Israël). Elle fut annexée par Israël lors de la Guerre de six jours en 1967.
Pour rappel, le même jour, une frappe israélienne sur une école dans la bande de Gaza a fait 30 morts, d’après le Hamas. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a également annoncé dimanche dernier un nouveau bilan de 39 324 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre il y a près de dix mois avec Israël.
Crainte d’une « catastrophe inimaginable »
Et c’est sans surprise que Washington a immédiatement apporté son « soutien indéfectible » à Israël et a assuré « soutenir les efforts visant à mettre fin à ces terribles attaques… Toutes les indications montrent que la roquette tombée sur le plateau du Golan a été tirée par le Hezbollah », a déclaré dimanche le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.
Préoccupées par la menace d’une réponse d’Israël au tir supposé du Hezbollah qui « pourrait déclencher une conflagration plus large qui engloutirait toute la région dans une catastrophe inimaginable », les Nations unies ont cherché à apaiser les tensions en invitant les « parties à faire preuve de la plus grande retenue ».
Le SG (secrétaire général) de l’ONU, Antonio Guterres, a également condamné dimanche l’attaque. « Les civils, et les enfants en particulier, ne doivent pas continuer à porter le fardeau de l’horrible violence qui sévit dans la région », a-t-il déploré.
En Europe, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a condamné « ce bain de sang » et a surtout réclamé une « enquête internationale indépendante ». Le ministère français des Affaires étrangères a pour sa part condamné « avec la plus grande fermeté » l’attaque, appelant à « éviter une nouvelle escalade militaire ».
Rappelons enfin que Téhéran a mis en garde Israël dimanche contre les « conséquences imprévisibles » de nouvelles aventures au Liban. «Toute action du régime sioniste peut conduire à l’aggravation de l’instabilité, de l’insécurité et de la guerre dans la région », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, ajoutant qu’Israël serait responsable des « conséquences et des réactions imprévisibles à un tel comportement stupide ».