La conférence annuelle des chefs de missions diplomatiques et consulaires s’est tenue cette année après trois ans d’interruption. Le thème de cette conférence est : « Le rôle de la diplomatie face aux divers défis ».
Lors de l’ouverture de cet événement, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, a souligné dans son discours l’importance de préserver la souveraineté nationale dans la conduite des relations internationales. Il a insisté sur la nécessité de gérer ces relations sur la base du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de tous les partenaires. Cette position est en accord avec la conviction du président de la République, Kaïs Saïed, qui attache une grande importance à cette dimension de la politique étrangère tunisienne.
Le ministre a également affirmé que la diplomatie tunisienne doit être en parfaite symbiose avec les aspirations légitimes des Tunisiens, en œuvrant pour leur bien-être et en contribuant à la réalisation de leurs objectifs. Il a souligné que la question de la souveraineté, à laquelle le président Saïed est fermement attaché, bénéficie d’un large soutien parmi les Tunisiens et constitue un fondement essentiel que tous les partenaires doivent respecter.
Et de poursuivre : “Notre destin collectif est d’orienter notre coopération et nos partenariats vers la création des meilleures conditions possibles pour relever les divers défis auxquels notre monde et la société humaine sont confrontés. Cependant, la réflexion sur les résultats de l’agenda des Objectifs de développement durable des Nations unies à l’horizon 2030 nous amène à croire qu’ils demeurent en deçà des objectifs que nous nous sommes fixés.
Lire aussi : La Tunisie défend les ODD à l’ONU
Il est donc crucial que nous nous attachions à développer une coopération internationale qui réponde directement aux besoins de la société humaine, en priorisant la lutte contre la pauvreté, la famine, le crime organisé, ainsi que la mise en place d’une éducation adéquate, la fourniture de soins de santé appropriés et l’octroi de tous les droits fondamentaux à chacun.
Les guerres, la logique de la force, l’arrogance et les souffrances humaines qu’elles engendrent ne sont pas le destin inéluctable des peuples, mais le résultat de politiques erronées, d’agendas étroits, d’interventions flagrantes dans les affaires intérieures des nations et de graves dysfonctionnements dans les relations internationales. Il est donc grand temps d’y remédier pour le bien de l’humanité tout entière”.
Selon lui, l’objectif principal à court et moyen terme serait de parachever l’œuvre complète de réformes en s’appuyant d’abord sur nos capacités internes, en traitant les causes de nos faiblesses et en renforçant nos points forts. Cela doit se faire en faisant preuve d’excellence dans nos efforts de développement dans tous les domaines, tout en tirant les leçons et conclusions nécessaires des périodes passées.
Au cœur de cette trajectoire, la diplomatie tunisienne fonctionne selon une vision globale qui tend à réaliser un équilibre entre les principes qui guident notre politique étrangère et les impératifs d’une réaction rapide et efficace à l’effet de servir les intérêts nationaux supérieurs.
La Tunisie se joint ainsi aux autres nations pour appeler à une réforme du système des relations internationales, afin de l’orienter vers une nouvelle voie plus juste et équitable, capable de répondre aux besoins de la société humaine dans un monde marqué par des changements profonds et rapides. Cela implique l’humanisation des relations internationales, car nous sommes conscients que les graves défis auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée ne peuvent être surmontés sans se défaire des résidus du passé et corriger ses errements.
« La Tunisie, en tant que pays arabo-africain aux racines culturelles et ancestrales diversifiées, est restée ouverte à son voisinage immédiat. Dans ce cadre, nos relations bilatérales avec de nombreux pays frères et amis ont connu une dynamique notable ces derniers mois, tant sur le plan politique qu’économique. Nous avons en effet observé un intérêt sérieux de la part de ces pays à renforcer et développer leur coopération avec la Tunisie. Nous renouvelons notre engagement à travailler ensemble pour renforcer cette coopération, tout en tirant les enseignements des expériences antérieures », a ajouté le chef de la diplomatie tunisienne.
« Un tel système révèle au grand jour les tendances néocoloniales et racistes qui maintiennent la domination, l’arrogance et l’exploitation économique brutale ».
Concernant la cause palestinienne, Nabil Ammar souligne que “cette épreuve dramatique que les Palestiniens endurent, ainsi que la subjectivité démontrée par certains médias à travers le monde mettent clairement en lumière la politique de « deux poids, deux mesures ». Ce malaise qui gangrène le système des relations internationales se manifeste par la condamnation des victimes, la défense des oppresseurs et le soutien à ceux qui commettent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Un tel système révèle au grand jour les tendances néocoloniales et racistes qui maintiennent la domination, l’arrogance et l’exploitation économique brutale ».
Et de poursuivre : « Nous réaffirmons ainsi notre position constante de soutien au peuple palestinien dans son droit légitime et inaliénable à récupérer ses droits nationaux, notamment son droit à établir un État indépendant et complètement souverain sur tout son territoire, avec Jérusalem comme capitale. Nous appelons tous les pays amis à accélérer la reconnaissance officielle de l’État de Palestine et à soutenir son adhésion en tant qu’État à part entière à l’Organisation des Nations unies”.
Il rappelle qu’en décembre 2018, l’Organisation des Nations unies a adopté la Convention mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, affirmant le droit souverain des États à définir leurs politiques nationales en matière de migration conformément au droit international. Cette convention consacre également la responsabilité partagée dans la gestion des migrations irrégulières. La Tunisie a signé cette convention et la considère comme une référence essentielle pour initier un véritable processus de coopération internationale, visant à traiter de manière globale les causes profondes de la migration irrégulière, tant sur le plan du développement que sur le plan juridique. L’objectif est d’atténuer l’ampleur de ce type de migration et de lutter contre les phénomènes graves qui y sont associés, notamment le trafic de personnes.
Sur cette base, la Tunisie poursuit ses efforts pour sécuriser ses frontières terrestres et maritimes dans le respect des règles du droit international. Elle renouvelle également son engagement à refuser d’être une plateforme de transit ou un lieu de résidence temporaire ou permanente pour les migrants irréguliers.
« Nous souhaitons souligner que la Tunisie ne se reconnaît aucunement dans les démocraties auto-proclamées qui ont soutenu et applaudi les crimes de guerre et leurs auteurs jusqu’à une période récente ».
Nabil Ammar ajoute : “Nous souhaitons souligner que la Tunisie ne se reconnaît aucunement dans les démocraties auto-proclamées qui ont soutenu et applaudi les crimes de guerre et leurs auteurs jusqu’à une période récente. Il convient également de rappeler qu’encore en 1931, dans certaines des plus grandes villes du monde, des foires et des jardins zoologiques tenaient des expositions d’êtres humains, majoritairement africains, soumis à des expérimentations médicales par les institutions scientifiques de l’époque.
Nous nous employons, par ailleurs, à améliorer nos efforts, approches et méthodes de travail afin de nous rapprocher de nos citoyens résidant à l’étranger. Nous sommes engagés à leur fournir le soutien requis partout où ils se trouvent, à approfondir nos liens et notre communication avec eux, et à les encourager à participer à toute action collective organisée. Nous cherchons à tirer profit de leurs expériences, ainsi que de leurs réseaux professionnels et personnels, pour transmettre le message de la Tunisie, renforcer son image et soutenir ses efforts pour atteindre les objectifs nationaux.
Face au phénomène de la migration des compétences et de la main-d’œuvre qualifiée, le ministre des Affaires étrangères estime important de faire une évaluation objective des relations avec nos partenaires. Il est impératif de prendre en considération l’impact de la migration de nos ressources humaines à l’étranger sur notre économie et ses retombées sur l’effort de développement national, ainsi que les avantages comparatifs qu’elle génère pour les pays hôtes.
Il conclut : “Le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger s’attelle activement, sous la direction du président Kaïs Saïed, à revitaliser la diplomatie tunisienne afin qu’elle soit proactive, efficace et respectée dans son environnement régional et international. Notre département accorde une importance cruciale aux dimensions culturelle, nationale, économique et de développement de notre politique étrangère, œuvrant pour qu’elle soit en parfaite harmonie avec nos principes fondamentaux, tout en tenant compte de la situation difficile que traverse le monde”.