Une étude détaillée du ‘’Washington Post’’ de « la politique de guerre économique de la Maison Blanche » montre que le gouvernement américain impose actuellement des sanctions à un tiers des nations de la planète. Cette situation « affecte de manière disproportionnée les pays à faible revenu – dont 60% sont sous le coup de sanctions américaines d’une manière ou d’une autre », précise le quotidien américain.
Les sanctions américaines ne sont pas un phénomène nouveau de la politique conçue et mise en œuvre à Washington. Leur utilisation pour forcer les pays récalcitrants à se soumettre à la volonté des Etats-Unis remonte à plus de sept décennies. C’est ainsi que la Corée du Nord est sous sanctions depuis 1950, Cuba depuis 1962, l’Iran et la Syrie depuis 1979, etc.
La politique américaine des sanctions a atteint son pic avec les présidents George W. Bush, Barack Obama et Donald Trump et son paroxysme avec Joe Biden qui, en deux ans, a signé à lui seul 6 000 sanctions, principalement contre la Russie.
Les sanctions les plus dévastatrices sont celles que Bush père et fils ont imposé à l’Irak entre 1990 et 2003, provoquant la mort de plus d’un demi-million d’enfants et de bébés irakiens. On se rappelle la réponse diabolique de Madeleine Albright, la vieille secrétaire d’Etat sous Bill Clinton, à une journaliste qui lui demandait si les sanctions valaient la peine de voir mourir 500 000 enfants irakiens : « Oui, le prix vaut la peine d’être payé »…
Les sanctions imposées hier à l’Irak et à la Libye, comme celles qui continuent d’être imposées à l’Iran et à la Syrie visent intentionnellement à faire le maximum de mal et de dommages non pas aux dirigeants, mais aux populations. Dans la tête des architectes du système, de deux choses l’une : ou les populations dont la vie est rendue infernale par les sanctions se rebellent et renversent le régime abhorré à Washington, ou alors elles méritent leur sort…
Mais que nous enseigne l’histoire ? Que les sanctions en place depuis 1950 contre la Corée du Nord n’ont pas fait vaciller le régime de Kim Il-sung, ni celui de son fils après lui, ni celui de son petit-fils qui règne aujourd’hui ; que 62 ans de sanctions contre Cuba n’ont pas affecté le régime que dirigent toujours les fidèles de Fidel ; que 45 ans de sanctions contre l’Iran n’ont pas déstabilisé la République islamique ; que, plus récemment, les sanctions de Donald Trump contre le Venezuela non seulement n’ont pas renversé Nicolas Maduro, mais celui-ci vient d’être réélu…
Mieux encore, les milliers de sanctions imposées par Joe Biden contre la Russie ont eu un effet boomerang dévastateur contre les alliés européens des Etats-Unis et, à un degré moindre, contre l’économie américaine elle-même. Et comme si le système des sanctions voulait faire un pied de nez à ses inventeurs, l’économie russe, en dépit des efforts de guerre, a continué d’évoluer de performance en performance, jetant consternation et amertume à Washington et Bruxelles…
Malgré ces échecs patents, tant à Washington qu’à Bruxelles, on continue de croire dogmatiquement en l’efficacité de ce système dont les Américains, et dans une moindre mesure les Européens, ont usé et abusé contre le tiers des pays du monde.
Ce système impitoyable de sanctions utilisé principalement contre les pays pauvres et faibles pour les forcer à se soumettre aux injonctions de Washington est en train de contribuer à la défiance de plus en plus prononcée à l’égard des Etats-Unis. Non seulement par leurs ennemis, mais aussi par leurs anciens alliés en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
De plus en plus de pays dans le monde ne cachent plus leur désaffection vis-à-vis du système financier occidental et de son pilier principal, le dollar. De plus en plus de pays expriment chaque jour un peu plus leur intérêt pour les blocs économiques alternatifs tels les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
En Occident, c’est la panique. Washington, qui voit son influence et son attrait se réduire comme une peau de chagrin, n’arrête pas d’entretenir une vraie guerre contre la Russie et une guerre contre la Chine. L’une et l’autre sont accusées de miner le système de domination occidental en place depuis des siècles.