À l’occasion d’une rencontre avec des journalistes noirs à Chicago, Donald Trump aura moqué l’identité raciale de sa probable adversaire démocrate pour l’élection présidentielle de 2024. Commentaire du New York Times : Si la remarque du candidat républicain a pu choquer, elle n’était « guère surprenante », étant donné « le discours clivant de Donald Trump qui se sert souvent des questions raciales pour monter des groupes de population les uns contre les autres ». Pertinent.
Habitué aux coups bas sous la ceinture, le candidat républicain dans la course à la Maison Blanche, Donald Trump, n’est pas à un dérapage près.
Déjà en 2016, et alors qu’il était au coude-à-coude dans les sondages avec Hillary Clinton et en pleine opération de séduction de l’électorat noir, il aura fini par reconnaître, la mort dans l’âme, que le président Barack Obama était bel et bien né aux Etats-Unis. Et ce, après avoir longtemps nourri les théories du complot à ce sujet jusqu’à ce que le 44e président des Etats-Unis eût publié son acte de naissance pour prouver qu’il était né à Hawaï en 1961.
Récemment, il n’avait pas hésité à renvoyer Nikki Haley, sa concurrente lors de la primaire républicaine, à son héritage familial, elle dont les parents sont originaires d’Inde.
Noire pour des raisons « électoralistes »
Rebelote. Coutumier des attaques racistes ciblant les origines de ses rivaux, cette fois, c’est « l’identité » de sa nouvelle rivale Kamala Harris qui est mise au devant de la scène.
Ainsi, lors d’un entretien accordé mercredi 31 juillet à l’Association nationale des journalistes noirs à Chicago, le milliardaire républicain accusa la vice-présidente, tenez-vous bien, d’être « devenue noire » par opportunisme et pour des raisons électoralistes ! « Elle était indienne à fond et tout d’un coup, elle a changé et elle est devenue une personne noire », a-t-il déclaré, hilare, devant ce panel.
Il y a alors eu une « réaction instantanée », une sorte de « grondement sourd qui s’est transformé en un rugissement de désapprobation », commente un article du New York Times qui poursuit : « Par ses mots, Trump a laissé entendre que Mme Harris trompait les électeurs et choisissait une identité à des fins politiques, tout en suggérant à une assemblée majoritairement noire qu’elle n’était pas l’une des leurs ».
Réplique cinglante
Balayant d’un revers de main méprisant ce « manque de respect » caractéristique d’un candidat républicain abonné au « même numéro usé » à son égard, Kamala Harris – la première femme noire et originaire d’Asie du Sud à prétendre au bureau ovale et qui se définit elle-même comme une « femme noire » – a rétorqué avec calme quelques heures plus tard lors d’un meeting à Houston au Texas que les États-Unis « méritaient mieux » que cela.
« Nous méritons un dirigeant qui comprenne que nos différences ne nous divisent pas, elles sont une source essentielle de notre force », a lancé l’ancienne procureure lors de son meeting mercredi dernier. « Le peuple américain mérite un dirigeant qui dit la vérité ; un dirigeant qui ne réagit pas avec hostilité et colère lorsqu’il est confronté aux faits », a-t-elle ajouté lors de cet événement de campagne.
«L’Amérique vaut mieux que la peur, la haine et les insultes méprisables de Donald Trump », a déclaré James Singer, porte-parole de la campagne de Harris. « La vice-présidente Harris pense que les Américains veulent une présidente qui unit notre pays au lieu de le diviser, qui utilise le pouvoir de la présidence pour aider les familles au lieu de leur faire du mal, et a une vision pour notre avenir, au lieu de nous faire reculer ».
D’autre part, et pour mieux la décrédibiliser aux yeux de l’électorat juif et afin de semer les divisions au sein du Parti démocrate sur la question délicate de la guerre entre Israël et le Hamas, Donald Trump a affirmé mardi que la vice-présidente Kamala Harris, qui est pourtant mariée à un juif, « n’aime pas les juifs ».
«Premièrement: elle n’aime pas Israël. Deuxièmement: elle n’aime pas les juifs. Vous le savez, je le sais et tout le monde le sait et personne ne veut le dire », a-t-il soutenu à la radio WABC.
À noter également que la semaine dernière, Trump avait déjà eu des mots particulièrement durs à l’égard de la vice-présidente lors d’un événement en Caroline du Nord. Il a avait ouvertement accusé sa rivale démocrate d’être en faveur de l’« exécution de bébés », rien que cela. Et ce, en raison de ses positions pro-avortement.
L’arroseur arrosé !
Au final, s’agit-il d’un dérapage contrôlé du magnat de l’immobilier ? À moins de quatre mois de la date fatidique du scrutin présidentiel en novembre prochain, sa campagne perturbée par le retrait surprise de l’actuel locataire de la Maison Blanche, alors quels arguments opposer à sa nouvelle rivale, une femme noire de 18 ans sa cadette ?
Par un tour de magie dont l’histoire a le secret, à 78 ans, Donald Trump, lui qui traitait Joe Biden de « zombie en état de mort cérébrale », est à son tour ringardisé par son âge. Justice est faite.