Ils ont suivi et accompagné l’évolution de l’Economiste Maghrébin. Il s’agit de Ahmed Karam, Férid Ben Brahim, Habib Karaouli qui rendent hommage à l’Economiste Maghrébin et à son fondateur M. Hédi Mechri.
Ahmed Karam
Au départ, l’Economiste Maghrébin était un rêve
Pour tous ces moments cruciaux de l’évolution économique du pays, j’ai eu la chance et le privilège, grâce à l’Economiste Maghrébin, de faire valoir mes idées en la matière et d’engager égale- ment des discussions profondes avec beaucoup de collègues qui, forcément, pouvaient parfois ne pas avoir les mêmes idées. C’est ça, d’ailleurs, le propre débat intellectuel : cette divergence, cette division, cet enrichissement mutuel des approches. L’Economiste Maghrébin a toujours été un cadre ouvert à tout le monde, et j’apprécie cela. Il n’y avait pas d’exclusion. D’ailleurs, aujourd’hui encore, je lis L’Economiste Maghrébin avec beaucoup de plaisir, parce que je sais que je vais trouver un débat contradictoire, profond et sérieux.
Je veux d’abord m’adresser à ceux qui font l’Economiste. Je leur souhaite prospérité, Qu’ils continuent avec la même fougue, parce que créer et éditer chaque 15 jours une revue, ce n’est pas une chose facile. Surtout dans un pays en développement comme le nôtre, où il faut énormément compter sur soi et sur quelques amis fidèles pour que naisse, chaque fois, une sorte de réflexion qui viendrait, effectivement, meubler un peu le temps de ceux qui s’intéressent à la vie économique en Tunisie, et même dans le monde.
Pour les lecteurs de l’Economiste, dont beaucoup d’entre eux sont des amis, je leur dis de continuer à soutenir le magazine. Il est très utile pour leur culture, mais aussi pour la conduite de leur mission dans l’administration, les banques, les entreprises, et très utile également pour leur formation.
Je pense que ce sont des lecteurs fidèles, qui montrent toujours et continueront à montrer beaucoup d’intérêt pour tout ce qui est publié par l’Economiste Maghrébin
Férid Ben Brahim, analyste financier, membre de la SFAF et président de l’ATAF
D’Aragon à la mémoire de l’Economiste Maghrébin
Tout comme Aragon conserve des fragments d’histoire, le journal conserve et perpétue cette volonté d’indépendance de points de vue, de liberté économique, sociale et politique.
En somme, le lien entre « le roman inachevé » d’Aragon et l’anniversaire d’une revue réside dans leur rôle respectif dans la société : tous deux sont des instruments de mémoire, de réflexion et d’engagement, chacun à sa manière. La Tunisie des trente dernières années est pour moi comme Elsa Triolet. Beau- coup d’amour, de déceptions, mais aussi d’espoir. A l’aube d’une période nouvelle pour le pays et pour l’Economiste Maghrébin avec neuf cents numéros, je ne peux que souhaiter pour la Tunisie un avenir radieux, dans ce nouveau monde, où l’énergie, l’eau et bien d’autres ressources seront de plus en plus rares. Les sujets de débat sont toujours présents. Il faudra rapidement identifier quelles sont les industries, les filières technologiques où nous pourrons nous insérer en tant que Tunisiens. La décarbonation, l’économie verte et les énergies renouvelables constituent un enjeu struct urant de notre avenir. L’avenir sera également à l’intelligence artificielle. Or, nous avons des qualifications dans ces domaines : des startups ont été créées, financées, des compétences ont été acquises. Il faudra mettre en place un vaste plan d’investissement, de financement et d’accompagnement de ces startups pour que nous soyons, à notre mesure, un acteur de ce nouveau monde.
Habib Karaouli
Un magazine témoin de son temps
Un 900ème numéro, ce n’est pas peu. Il est permis d’en être fier et de le fêter. Quel bonheur que de fêter un évènement pareil ! Quelle délectation que de se remémorer les conditions de sa création, de sa vie tumultueuse, voire, le plus souvent s’agissant d’un média, de sa survie et finalement de sa consécration ! Dans un monde de l’instant, du clic, de l’éphémère, de l’obsolescence programmée, il devient de plus en plus difficile de trouver de la permanence, de la constance et surtout des points de repère. Le secret ? S’adapter. L’histoire de l’humanité n’est-elle pas celle de l’adaptation ? L’Economiste Maghrébin a su le faire en se renouvelant, en densifiant le contenu sans craindre la longueur ni l’expression d’opinions contraires, en résistant aux sirènes du monolithisme, du prêt-à-penser et des idées à la mode et en évitant, surtout – ce qui n’est pas rien pour un périodique – l’écueil de la redondance. Le lancement du site de l’Economiste est la meilleure illustration pour répondre au défi de la disparition programmée des versions papier. En peu de temps, le site a trouvé sa place et tient la durée de séjour des internautes la plus élevée, ce qui dénote la qualité du contenu et le niveau du lectorat.
Un passionné de journalisme
Cette histoire de succès est avant tout celle d’un homme, Hédi Mechri. Economiste chevronné de son état, il a gardé de son métier de base de professeur d’économie un sens didactique certain qui lui permet de rendre intelligibles des notions parfois abstraites. Il est le porte-drapeau de cette aventure et l’âme tutélaire de cette entreprise devenue institution. Au-delà de son talent de manager qui a su maintenir à flot l’entreprise et la faire évoluer, c’est un des meilleurs anaystes économiques de la place. Ses éditos sont un pur régal. Sa marque de fabrique ? Un seul mot pour les illustrer. Ses incipits, dont il a le secret, donnent le la de chaque numéro. Sacrée performance que celle d’assurer régulièrement, avec constance, rigueur et parfois longueur, il faut le dire, une tribune sur des sujets aussi divers et variés sans tomber dans le narratif ennuyeux !
Qui plus est, Hédi Mechri, tout au long de ces années, a su séduire et attirer des plumes originales de haut niveau, dont les articles et autres chroniques ont permis au magazine de se régénérer et d’élargir l’éventail des sujets abordés qui ne sont pas forcément exclusivement économiques. Car, comme le disait Von Hayek : « Est un bien mauvais économiste celui qui n’est qu’économiste».
Seul bémol, la dimension maghrébine inscrite dans le titre qui se réduit comme une peau de chagrin. Peu d’articles sur l’espace maghrébin et les autres pays du Grand Maghreb, pourtant indispensables à la compréhension de nos propres enjeux, au partage d’expériences de première main, à la comparabilité de performance à travers des regards croisés d’analystes issus de ces différents pays. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire ! On sera fixé d’ici le 1000ème numéro !
Autre originalité de cette aventure et non des moindres, celle du Forum annuel de l’Économiste Maghrébin, qui est devenu incontournable. Moment fort de l’année, où plus de 400 personnes sont réunies pour échanger, nourrir leurs réflexions sur des sujets déterminants pour la vie et surtout le futur d’un pays. Pour l’histoire, le Forum a été précurseur sur une multitude de sujets. Il fut le premier à aborder les thèmes de la mondialisation, de la digitalisation, des transitions de toutes sortes et j’en passe. Toujours dans un souci de nourrir l’intelligence collective, de sensibiliser et de contribuer à la formulation de recommandations susceptibles d’être mises en pratique par nos décideurs. Puisse cette aventure continuer à se renouveler et à explorer de nouveaux horizons. On en a tellement besoin par les temps qui courent.
Ces hommages sont disponibles dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 900 du 31 juillet au 28 août 2024